Callisto#1

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 Dans quelques heures enfin, j'allais être dans le plus bel hôtel des Îles Canaries pour célébrer le lancement de la nouvelle gamme de produits de beauté créée par mon père. Mais dans quelques heures aussi, j'allais à nouveau devoir faire face à la monstruosité qui hantait mes cauchemars et que je rêvais d'étrangler à mains nues.

James Huntington III. Le pire salaud de l'univers.

James Huntington III n'était pas une monstruosité à proprement parler, au contraire, j'étais largement tombée amoureuse de son visage d'ange. Mais James Huntington III m'avait brisé le cœur. Pour être plus exacte, il l'avait balancé du haut de l'empire state building quand il m'annonça là-haut qu'il m'avait trompée. Il aurait pu me tromper avec une seule fille. Mais non. Mon cher ex a participé à une orgie avec les plus belles pornstars de la planète. Donc, après avoir mentionné cela, il m'a annoncé de but en blanc que je ne l'intéressais plus et qu'il était temps que notre histoire se finisse. Il était comme ça James Huntington III, c'était tout ou rien, et moi, j'étais rien pour lui. En y repensant plus tard, je me suis dit que j'aurais du avoir le courage de le pousser par dessus la balustrade, histoire qu'il rejoigne mon cœur écrabouillé en bas. Bref, James Huntington III ne méritait pas qu'on le mentionne. Ni maintenant, ni jamais.

Donc aujourd'hui, j'avais repris ma vie en main. J'étais devenue l'emblème de la marque de cosmétiques de mes parents. Ma tête était affichée sur la plupart des panneaux publicitaires et j'étais invitée à toutes sortes de gala en présence des plus grandes figures du cinéma et de la mode. Il fallait bien avouer que mes parents avaient réussi à construire un empire de produits de beauté dont j'allais être la seule à hériter. La marque Greysky était rapidement devenue populaire grâce à son respect de l'environnement, mais surtout grâce à son choix de clientèle.

« Mesdames, nous vous offrons du luxe ».

C'était la phrase préférée de mon père. Mais c'était certainement la plus vraie : nos rouges à lèvres étaient contenus dans du verre, gravés par des artistes venant du monde entier. Chaque pièce avait un côté unique et, comme dans la mode, les collections changeaient.

Tout ça pour dire, que je menais une vie de luxe, parfaite et sans bavures. Enfin presque parfaite. Il y avait un problème qui commençait à me taper sur les nerfs. Cela faisait la cinquième fois que ma limousine roulait autour du même rond-point.

- Henri, bon sang ! Il ne me reste plus que quelques heures pour arriver au Saphir Palace ! Pourquoi est ce qu'on est encore en train de tourner autour de ce stupide rond-point ?

Henri finit par prendre la première sortie, nous engageant sur un espèce d'autoroute plate et morne. Henri était mon chauffeur depuis que François mon conducteur attitré avait pris sa retraite. Et Henri ne savait pas lire une carte puisque nous étions perdus en pleine cambrousse à des kilomètres de là où je devais être. Si j'arrivais à l'hôtel en retard, je virerais cet abruti.

Mon téléphone se mit à vibrer. C'était ma mère qui m'envoyait un message depuis Paris. Elle avait décidé de ne pas assister à la présentation de la nouvelle gamme parce que sa semaine de shopping avec ses copines était tombée exactement en même temps. Je devais donc être plus présente que jamais à cette semaine de présentation. Mais ça ne risquait pas d'arriver puisque nous venions d'arriver une sixième fois sur le même rond-point. La statue de dromadaire posée au milieu des cactus semblait se moquer de moi.

- Bordel Henri !

Le conducteur se raidit sur son siège et la voiture entama un septième tour de rond-point.

- Trouvez la station service la plus proche il faut que je fasse une pause.

Henri remonta la vitre sans teint nous séparant.   

Saphir PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant