Callisto#5

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 J'allais tout bonnement le massacrer. Je m'avançais vers lui, prête à utiliser mes poings. Il avait un très joli sourire. Ses yeux verts ressortaient dans la pénombre. Il me fixait intensément. Je lançais mon poing vers son nez, mettant ma menace à exécution. Il attrapa mon poing en riant.

- T'es peut être douée niveau abribus mais pour frapper quelqu'un c'est pas encore ça !

Je rageais intérieurement. Je savais qu'il me provoquait et cela me mettait encore plus en colère. Je me jetais sur lui, prête à le mordre si il le fallait. Il m'entoura de ses bras pour me bloquer. L'une de ses mains était posée à plat dans mon dos. Un frisson remonta le long de ma colonne vertébrale alors qu'un autre plus persistant courait le long de mes cuisses. Nos visages n'étaient qu'à quelques centimètres l'un de l'autre. Je me débattis encore un peu avant d'abandonner. Il était trop fort pour moi. Azarias me relâcha, sentant que ma crise de nerfs était passée. Je repoussais le transat pour me relever. Il ne m'en empêcha pas, même si une partie de moi aurait bien voulu rester collée au torse du joli pompiste. Il se leva à son tour du transat, lissant les manches de sa veste. Je commençais à me sentir fatiguée, il était temps d'aller dormir.

- Je pense qu'il faudrait qu'on remonte dans la chambre.

Azarias hocha la tête. Il jeta un coup d'œil à la piscine, comme pour s'imprégner une dernière fois de l'atmosphère. Il prit ma main et se laissa guider jusqu'aux escaliers ouverts qui menaient aux chambres. Arrivés au bout du couloir, je passais ma carte dans le boîtier électronique et on entra dans la chambre. J'enlevais mes chaussures, Azarias fit de même. Je me rendis dans la chambre et dépliais le canapé lit pour mon compagnon. Je sortis une couverture du placard et tendis un de mes oreillers à Azarias. Il le posa sur le canapé. On s'échangea un regard.

- Je vais me brosser les dents.

- D'accord.

Je partis me brosser les dents à la salle de bain. Je me déshabillais et me démaquillais quand je me rendis compte que mes affaires étaient toutes dans l'armoire de la chambre. Je m'enroulais alors dans un peignoir, brossais mes dents puis sortis de la pièce. Azarias était allongé sur le canapé, torse nu. Il regardait dehors à travers la vitre. Les rideaux n'étaient pas encore tirés. J'ouvris le placard et pris mon pyjama. C'était un ensemble débardeur/short en soie que ma mère m'avait acheté pendant ses dernières vacances à Los Angeles.

- Change toi ici, je vais à la salle de bain.

Azarias passa à côté de moi sans m'accorder un regard et il s'enferma dans la salle de bain. Je laissais alors le peignoir tomber au sol dans un bruit mat. J'enfilais mon pyjama puis je me glissais sous la couette. Quelques minutes plus tard, Azarias s'allongea à son tour sur le canapé. J'éteignis la lumière, laissant seulement la lumière de la lune filtrer à travers la baie vitrée. Ma voix s'éleva dans la pénombre.

- J'aime bien quand tu m'appelles Cal.

Il ne me répondit pas. Peut être qu'il s'était endormi ? Je continuais à parler, parce que pour la première fois de ma vie, j'avais l'impression de ne pas être seule. Dans les meetings, avec mes parents et même avec James Huntington III je ne me sentais pas entourée. Mais ce soir, j'avais eu l'impression d'avoir un ami.

- En tout cas, je voulais te remercier pour ce soir. J'ai passé une très bonne soirée.

J'aurais bien aimé qu'il reste demain. Mais il n'allait pas rester. Parce que je n'avais gagné que cette nuit avec lui.

- J'ai aussi passé une bonne soirée. Merci de m'avoir invité.

Sa voix grave résonnait encore dans ma cage thoracique alors que le silence avait reconquis la pièce. Le canapé lit bruissa.

Saphir PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant