Azarias #17

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Maria arrêta la voiture en plein milieu de la route piétonne qui longeait le bord de mer. Elle prit le panier sur ses genoux pour sortir un masque taillé dans une plaque de voiture. Elle le déposa sur mon visage.

- Je sais que tu aurais préféré un autre masque, mais j'ai fait avec les moyens du bord. Dit surtout pas à Gégé que j'ai piqué la plaque du pick-up.

Les larmes me montèrent aux yeux. Le masque était magnifique et ce que venait de faire Maria comptait beaucoup à mes yeux. Je la serrais dans mes bras.

- Merci, t'es la meilleure.

Elle me repoussa.

- Aller, dépêche toi d'aller la retrouver avant que quelqu'un d'autre ne prenne ta place !

Je sortis de la voiture, me regardant un instant dans la vitre. La plaque cachait parfaitement ma plaie, le costume était à ravir. Maria baissa la vitre.

- Passe par le petit portillon, il ne devrait pas avoir de sécurité.

Je la remerciai encore une fois. Elle recula, poussant la pédale d'accélération à fond. Je longeais le muret en pierre qui surplombait la mer juste en dessous. Le portillon était fermé et je n'avais pas la carte magnétique pour rentrer. J'escaladais le portail en espérant que personne ne me voit. L'hôtel avait l'air désert. Les piscines donnaient un air irréel au paysage. Il me fit penser à ma première nuit avec Cal. Je remontais vers l'hôtel, entrant par le rez-de-chaussée où se situaient les restaurants. On pouvait entendre la musique jouée par un orchestre dans la salle de bal. Un groupe de femmes se dirigea vers les toilettes. L'une d'entre elle s'arrêta devant moi. Son masque violet s'accordait à la teinte claire de ses lèvres.

- Azarias ?

- Darcy ?

Elle enleva brièvement son masque pour me confirmer son identité. Un sourire illumina son visage.

- Tu vas participer au concours de costume ?

- Non, je pense pas. Et toi ?

Elle secoua la tête.

- Non, je préfère largement danser !

Ses amies l'attendaient sur le seuil des toilettes. Elle se pencha vers moi.

- Si on se recroise, réserve moi une danse !

Elle me fit un petit signe de la main avant de franchir l'entrée des toilettes. Je continuais mon chemin, remontant les grands escaliers en marbre pour aller dans la salle de bal. Mon cœur se mit à battre à toute allure. Gordon allait-il être là de nouveau ? L'orchestre entama un nouveau morceau. Je me faufilais à travers la foule, espérant ne pas me faire repérer. Comme l'avait si bien dit Maria, ces gens ne voulaient pas de moi dans leur monde. Mais je n'étais pas ici pour eux. Seulement pour Callisto. La piste de danse était remplie par les couples. Les serveurs passaient sans cesse avec leurs plateaux, menaçant de se faire bousculer à chaque seconde. Les petites marches en marbres descendaient vers la piste de danse. Je me plaçais sur la plus haute, espérant apercevoir Cal. Un projecteur m'éblouit, réveillant en moi une sorte de peur panique, comme une biche à la vue des phares d'une voiture. Je dévalais les escaliers, me plongeant dans la masse noire de monde. Les gens portaient des costumes extravagants, ils exhibaient leurs richesses. Je fouillais la pièce du regard, espérant voir celle pour qui j'étais venu. Il y avait trop de nuances de couleurs, trop d'informations à traiter. Une masse de cheveux blonds passa devant moi en me bousculant. Sa robe dos nu envoya mon cœur se balader dans les étoiles. C'était elle. Je poussais les gens autour de moi avant de l'attraper par la taille. Ses cheveux fouettèrent mon visage quand elle se retourna pour me gifler. Je fis un pas en arrière surpris. Je sentais ma plaie sur mon arcade se rouvrir lentement et suinter. Les yeux de Cal envoyaient des éclairs. Elle ne m'avait pas reconnu. Je fis un nouveau pas en arrière. Son regard balaya mon torse nu à peine dissimulé sous ma veste, mon pantalon troué puis il revint sur mon masque. Ses sourcils se froncèrent, ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit en un O de surprise. Elle s'approcha tout doucement de moi, comme si elle voulait apprivoiser un animal sauvage. Sa main se posa sur ma peau, juste au niveau de mon cœur.

Saphir PalaceOù les histoires vivent. Découvrez maintenant