chapitre un

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6 août 2019 - Monte-Carlo, Monaco

La fumée grise s'évaporant de mes lèvres, j'inspirais longuement l'air toxique qui se libérait au dessus de moi.

Libre.

Qu'est que j'aimerai m'échapper de ce monde comme cette fumée, mais non. J'étais seule, sur cet petit balcon, de ce petit appartement dans cette ville de riche où personne ne connaissait mon existence.

Cela faisait 2 ans que j'habitais dans la principauté de Monaco, ou peut être 3 ans je ne sais plus. A vrai dire je ne me souciais plus tellement du temps qui passait, en bref je ne me souciais plus de rien.

Je sais ce qu'on raconte sur moi dans mon entourage, Aurora la dépressive, Aurora la solitaire, Aurora la suicidaire.

Pas de ma faute d'être solitaire dans ce monde d'abruti

Je regardais ma montre couvrant mon poignet de ces cicatrices, 20h16, cela sonnait le début d'une soirée d'ennui. J'allais sans doute sauter l'étape du repas pour me morfondre au fond de mon lit devant une bonne série.

Ma sonnerie de téléphone résonna depuis mon salon, j'écrasa ma clope encore fumante avant de refermer la porte du balcon. Je pris mon téléphone et le porta a mon oreille afin d'entendre la voix stridente de mon ami. Enfin ami, vous emballez pas, c'était le seul qui prenait de mes nouvelles dans ce supposé groupe de pote.

« Roro vient ça va être super !! Profite de tes soirées d'été » me dit le jeune garçon au bout fil.

J'avais rencontré Léo quand j'étais arrivé ici, c'est lui qui m'avait présenter à tout ces amis malheureusement je ne m'étais jamais réellement intégré. Si la plupart des personnes que j'avais rencontré m'avait dégoûté de l'espèce humaine, Léo était si bienveillant que j'avais été obligé de craquer face à ses bouclettes rousses et son rire si communicative. Il se disait responsable de ma vie sociale ici et s'était mit en tête de me faire sortir, découvrir des gens, profiter de mes années de jeunesse. Et même si je n'en avais pas l'envie je ne pouvais m'empêcher d'essayer de vivre grâce à lui.

Comme chaque vendredi soir ou je ne travaillais pas,  Léo insista pour que je vienne à une de ces soirées populaires de la principauté. En effet les soirées au Jimmy's regorgeaient de personnalités connus, ce genre de fête ou l'alcool semblait de l'eau de vie et où les débordements étaient nombreux.

Comme chaque soir de repos je refusais la proposition de mon meilleur ami

Comme chaque refus de ma part il insistait de longues minutes au téléphone

Et comme chaque soir je finissais par accepter...

Au fond je savais qu'il voulais me faire sortir et prendre l'air car il savait ma vie compliqué, mais ces soirées de plus en plus fréquentes m'angoissait au plus au point. Être coller avec des centaines de personnes tous plus riches les uns que les autres en esquivant les mains baladeuses de certains hommes, ce n'était pas tellement ce que j'appelais un soir de repos.

Après tout si je n'y allais pas, j'allais rester au fond de mon lit en fumant une clope, je n'allais pas pouvoir rester seule dans mon appart toute ma vie

_________

Bon, effectivement il était 4h16 et je n'étais pas seule dans mon appart, j'étais seule dans une boîte de nuit pourtant remplit d'une centaine de personne

Et c'est peut être ça le pire, se sentir seule avec que tu es entourée

En attendant j'avais perdu de vue mon meilleur ami et c'est pas comme si les conversations de mes autres potes m'intéressaient grandement. J'étais adosser contre un mur avec un énième verre dans la main, certains venaient me parler mais repartaient très vite devant ma froideur. Ce n'était pas de ma faute, je n'aimais pas les gens, pourquoi leur parler, pourquoi leur sourire, j'ai juste pas envie.

C'était cet attitude qui m'avait causé une réputation de dépressive, je ne l'étais pourtant pas, et encore moins suicidaire, jamais je n'aurai le courage de mettre fin à mes jours. Non j'étais assez conne et peureuse pour juste me faire du mal en espérant que la vie se charge de s'arrêter toute seule.

Encore plonger dans mes pensée les plus noires, je ne remarquais même plus les verres qui s'enchaînaient dans ma main. Je le savais, je gérais difficilement l'alcool mais pour faire taire mes pensées j'étais prête à tout.

5h16, cela sonnait pour moi la fin de la soirée, impossible de remettre la main sur Léo, je pris donc le chemin de la sortie tout en évitant de tomber. Je vous avoue que l'alcool commençait à prendre le dessus et je luttais pour ne pas m'éclater par terre tellement mon esprit était déconnecté.

Il l'était tellement que la seule idée encore présente dans mon cerveau était : pourquoi pas prendre un dernier verre ?

Je me rapprocha du bar pour mettre la main sur mon cher et tendre verre de vodka, j'approche mes lèvres du ver mais au lieu de sentir le liquide me brûler la trachée, je sentis plutôt une main se poser sur MON verre avant de me le prendre.

Alors je veux bien être gentille mais me prendre MON verre de vodka, il sait combien ça coute un verre en boîte cet inconnu ?

En parlant d'inconnu je releva la tête vers lui qui tenait avec un air espiègle mon verre, il me fixait de ces yeux verts avant d'enfin m'adresser la parole

- Je ne voulais pas vous finissiez comme la dernière fois  l'inconnu dit en me fixant de ses yeux verts

- Pardon, comment ça, on ne se connaît pas je bafouilla cette phrase malgré la quantité d'alcool anormalement élevée dans mon corps

- Hmm vous peut être pas, mais moi je vous ai bien remarquer quand vous avez finit ivre morte dans cette même boite de nuit le week-end de nuit 

Olala cela m'apprendra à sortir tout les weekend, c'est vrai que ces derniers temps mes soirées se finissaient toujours par vomir en plein milieu de la boite et en bousculant de nombreuses personnes tellement je ne tenais plus debout. Cet inconnu devait être victime de mes conneries

- Oh heu je vois, mais... c'était mon dernier verre je ne compte pas finir comme les autres fois

- Je voulais simplement m'en assurer » dit il en souriant et toujours en me fixant de ces yeux verts « Vous devriez sortir de cet endroit avant que ces mecs derrière vous sautent dessus »

Je me retournais et en effet 4 mecs complètement en chien me fixait avec un air malsain, à croire qu'ils n'avaient jamais vu une fille en jupe de leur vie, les humains ne cesseront jamais de me dégoûter.

- Ils ont commencer à se rapprocher de vous, je voulais me garantir que vous étiez en sécurité. Loin d'eux » dit l'inconnu toujours en me fixant, à vrai dire je comprenais pas tellement son intervention, pourquoi ce souciait-il d'une jeune fille bourré comme moi ? Les autres hommes auraient plutôt vu une opportunité d'abuser de mon état 

Je resta perplexe devant lui pendant quelques secondes avant de le remercier et d'enfin me diriger vers la sortie.

Comme chaque soir je retrouvais mon appartement au sixième étage de cet immeuble en bord de mer

Comme chaque soir je m'endormais avec cette même solitude en moi

Et comme chaque matin j'allais me réveiller pour vivre les mêmes journées sans saveur

Putain, qu'est que c'était long d'attendre sa propre mort.

🦢

The Swans     ][ CHARLES LECLERC ][Où les histoires vivent. Découvrez maintenant