Felicia
Lieu inconnu525 600 minutes, 8 760 heures, 365 jours...
Cela fait un an jour pour jour que je suis enfermé.
Un an depuis la dernière fois où j'ai senti les rayons du soleil caresser mon visage.
Un an que je n'ai pas senti ne serait-ce qu'une seule goutte de pluie.
Un an que je suis séquestré dans ce lieu sombre et humide, immaculé de mon propre sang.
Un an que je passe mes nuits sur ce matelas miteux à même le sol.
Un an qu'on me nourrit seulement du strict minimum.
Un an qu'il vient me retrouver et qu'il me fait regretter ma venue au monde.
Un an que j'entends retentir ce son qui m'avertit de sa venue.
Un an qu'il se réjouit de me faire vivre les pires moments de ma vie.
Un an que je lutte contre moi-même afin de garder la raison.
Un an que je frôle la folie.
Un an depuis que je sombre dans l'oubli.
Un an que je supporte cette vie, si l'on peut appeler ça une vie.
Un an depuis que je ne vis plus.
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Je viens tout juste d'ajouter ma trois cent soixante-cinquièmes barres qui cloue cette année de pure souffrance sur un de ces murs en béton qui me privent de ma liberté. Voilà, une année que j'attends qu'on vienne me délivrer de cette souffrance. Une année que je perds petit à petit espoir.
Après avoir fixé pendant une dizaine de minutes ce mur, je décide finalement de m'allonger sur ce vieux matelas en face de cette porte qui me nargue depuis maintenant une année.
D'ici quelques instants, un de ses hommes de main viendra m'apporter de quoi me nourrir pour la journée car oui, en plus de me donner des portions plus petites les unes que les autres, je n'ai droit qu'à un seul plateau repas et littéralement 50 cl d'eau pour toute une journée. Au début, ça a été compliqué à gérer, ça l'est toujours mais depuis j'ai pris l'habitude et appris à me restreindre au maximum dans l'espoir de ne pas sombrer définitivement.
Comme je m'en doutais, un de ses hommes m'apporta, en plus de sa mauvaise humeur ma nourriture.
-Pas de remerciements me lança-t-il faussement peiné avoir m'avoir balancé ce qui me maintien en vie à mes pieds.
-Va te faire foutre connard rétorquais-je en remettant de l'ordre sur le plateau aussi vide que l'estime que je lui porte.
-Fais attention à ce qui sort de ta bouche de salope, si tu ne veux mourir sous mes coups me menaça-t-il
-Mais vas-y, je t'en prie le provoquais-je en lui offrant mon plus beau sourire.
Ne vous inquiétez je ne suis pas suicidaire, je me le permets seulement parce que l'ensemble de ses hommes ont reçu l'ordre de ne pas m'approcher et encore moins me toucher pour je ne sais quelle raison. Ce connard prétentieux doit sûrement jouir du fait qu'il soit le seul à m'infliger cette souffrance.
Il a finalement décidé de sortir en grognant sans prendre le risque de me toucher, comme tous les autres qui l'on précédé. Et je me retrouve de nouveau seule pour le reste de la journée.
Seule.
C'est assez marrant de les voir s'exciter pour rien tout en sachant qui ne pourront pas me faire le moindre mal. Ils ont tous une réaction différente face à mes provocations. Certains se contentent de sortir sans lâcher un mot, d'autres me foudroient du regard et la meilleurs des réactions : le point contre le mur. Ma préférée personnellement, c'est la plus fréquente étant donné le léger affaissement présent sur le mur. Il a bien fallu que je trouve une occupation qui me divertisse un minimum. De toute façon, ce n'est pas comme si j'avais d'autre chose à faire.
On s'éloigne. Revenons à nos moutons !
Ce n'est jamais lui qui se charge de m'apporter mes repas, sans doute parce qu'il préfère s'adonner à d'autre pratique en ma compagnie. Cependant, il prend soin de faire en sorte que ce soit toujours une personne différente qui me les apportent afin que je ne puisse créer aucun lien avec et ainsi réduire à zéro mes chances de m'enfuir.
Je divise rapidement en trois partie ma nourriture. Une pour tout de suite, une pour ce midi et une dernière avant que l'heure ne sonne.
Après avoir terminé de manger, je décide de dormir comme à mon habitude. Je ne fais que ça de mes journées. Ces siestes me permettent de me remettre de la veille, même si ce n'est jamais suffisant.
Tic ! Tac !
Tic ! Tac !
Tic ! Tac !
Tic ! Tac !
Tic ! Tac !
Tic ! Tac !
Je me réveille en sursaut, tout en serrant de toutes mes forces le collier de mes parents. Ce son, que j'ai entendu des centaines de fois, insupportable, qui m'informe de sa venue. Une fois ces tintements finis, le calme reprend sa place. Mais jamais pour très longtemps.
Je l'entends faire glisser sur les murs du couloir menant à cette pièce, l'outil qu'il aura choisi pour ce soir. Il ricane... Ça l'amuse. Il se sent puissant. Il se nourrit de ma peur. Car oui j'ai peur, tout le monde aurait peur.
Clic !
Il vient de déverrouiller la porte.
C'est l'heure.
Bon anniversaire Felicia.
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Il Maestro
ActionDeux âmes sombres, brisées par la vie et déchirées par des secrets inavouables, se sont trouvées l'une l'autre dans l'obscurité. Ils se sont attirés comme des aimants, attirés par la douleur et la souffrance qui les habitaient. Elle était une femme...