Dragon eye

La mort

Comme un paradis, ma vie peut être la plus enviée de toutes. Une telle mélodie de harpe me fait frissonner, toute ma peau vibre, à chaque touché de corde mon corps ressens un sentiment en plus, mon souffle devient plus court, mes yeux se ferment et je me laisse porter avec cette douce berceuses.

- Mademoiselle Agate ?

Une voix familière m'interpelle.

- Votre mère me demande si vous comptez vous assoir à table bientôt. Ils vous attendent.

- J'arrive, merci Amélie.

Amélie, depuis dix-sept années elle est dans ma vie, en réalité c'est elle ma mère, elle a toujours pris soin de me mettre bien, même avec la vie de princesse.

J'arrive à table, je vois père et mère assis, l'un devant l'autre, ce qui est très anormal. Père est plus souvent à un bout de table et mère a l'autre bout. Moi, je dois m'assoir entre eux.

- Agate, nous t'attendions.

Dès que je franchis le pas de la porte, père m'adresse la parole.

- Votre fille et sa ponctualité m'étonneront toujours.

Et puis ma mère, avec son air méprisant, encore.

- Bonjour mère. Lui dis-je en m'adressant à elle.

Excusez-moi père pour le retard.

- Agate assis toi ici je te pris.

- Mais père c'est votre place.

- Ne rétorque pas et fais ce que je vous dis.

La seule chose à ce moment que je puisse faire est de baisser la tête et de m'exécuter. Je m'assoie donc à l'emplacement prévu par mes parents et le repas est servi. Le silence perdure, mes parents ne se regardant même pas. J'essaie de les regarder afin qu'un mot sorte enfin de leur bouche. Mère remarque mon regard pesant sur elle et lâche sa fourchette.

- Miguel, vous devez lui dire.

Mon père lâche à son tour sa fourchette et essuie sa barbe avec le tissu. Son regard balance entre ma mère et moi.

- Agate, les médecins m'ont dit que je n'avais plus très longtemps à vivre.

Je ne sais plus quoi dire, père marque un instant de pause.

- C'est à toi de prendre ma place, ton couronnement est ce dimanche là , après la messe de neuf heures. J'ai demandé a Carvalho de faire l'annonce au village ce début d'après midi.

Ma mère toujours rajoute alors.

- De plus, Agate vous allez devoir prendre ce rôle au sérieux. Vous serez à présent reine et non plus une princesse, cela intègre une ponctualité et un savoir faire, particulièrement de savoir bien se tenir.

A ce moment je sais qu'elle sous-entend mes coudes qui sont posées sur la table. Je ne les retirent pas. Mon père insiste donc avec son regard.

- Excusez-moi.

Je me lève et sors de table. Alors que mes pas résonnent je vois mes parents retourner à leurs assiettes. En sortant de la salle à manger, mes pas s'intensifient. J'arrive sur le patio, et me met contre le mur. Et je respire plus fort. J'étouffe. Les mots de mon père tourne en boucle dans ma tête. Devrais-je être inquiétée par mon père qui ne tarde pas à quitter ce monde ? Ou bien car j'aurais tout le poids de la couronne sur mes épaules ? C'est une inquiétude idiote car depuis mon plus jeune âge j'ai été préparée à être reine.

Je déboutonne mon chemisier alors que j'entends ma respiration s'apaiser. Je me décide donc à retourner à table.

Je me rassois sur ma chaise et me remets à manger.

- Pardonnez-moi.

- Comme cela. Cela doit cesser Agate, vous devez arrêter vos petites crises et de tout renier. Dit ma mère. Votre père et moi allons vous trouver des promis le plus vite possible.

- Je devrais me marier ?

- Bien sur ma chère, il faudra quelqu'un pour vous épauler. Après tout, c'est la premier fois qu'il y aura une femme à notre hiérarchie. N'est ce pas Miguel?

- Votre mère a raison. Vous devez l'écouter. A partir de maintenant ce sera elle que vous allez devoir suivre. Vous êtes également sensée savoir que durant la messe de dimanche nous signerons le traité de paix avec Hasmina. Cela fera soixante ans que le traité a été signé pour la première fois. A l'occasion, le roi et sa femme viendrons, nous devrons leur léguer l'œil de dragon, le symbole de paix. Ça sera à vous de signer ce traité, cela sera votre premier papier administratif.