Chapitre Cinq

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J'avais toujours eu beaucoup de mal avec les maths. J'étais d'ailleurs en train de me creuser la tête sur un exercice que je devais rendre la semaine suivante alors que j'aurais pu passer mon dimanche matin dehors, à prendre de l'air frais. Je m'apprêtai à rayer d'un coup de crayon à papier rageur mes faibles tentatives pour résoudre le problème quand mon iPhone se mit à vibrer sur mon bureau. Ravie de cette distraction, je ne pris pas longtemps pour répondre. Je reconnus directement la voix rauque de mon frère à l'autre bout du fil.  

-Allô ? Zoë ? Fit-il.  

-C'est moi, acquiesçai-je. Tu rentres bientôt ? 

-Ah, mais parle pas si fort !! Cria-t-il tout à coup.  

Je n'avais pourtant pas élevé la voix.  

-Hein ? Mais je... 

-La ferme Zoë! J'ai la tête en compote, se plaignit-il.  

Le voilà avec la gueule de bois ! C'était génial... 

-Ok, chuchotai-je. C'est mieux ?  

-Beaucoup mieux ! Approuva Connor.  

-Bon, pourquoi tu m'appelles alors ? M'impatientai-je.  

-Je suis pas en état pour rentrer tout seul. Au point où j'en suis, je ne reconnaîtrais même pas le chemin qui mène à la maison. Tu pourrais pas venir me chercher ?  

Je fronçai les sourcils, perplexe. Franchement, j'avais vraiment la flemme, là. Qu'est-ce qu'il pouvait m'énerver parfois... Ne se rendait-il pas compte que j'avais moi aussi une vie à mener et que faire des maths était actuellement mon principal problème de la journée?  

-Stephan et Andrew ne peuvent pas te ramener ? M'enquis-je.  

-Je sais même pas où ils sont ! S'exclama mon frère. La maison est rempli de personne déchirée qui décuve. Je ne les ai pas trouvés.  

Oh, les cons... Pourquoi est-ce que ça n'étonnait que moi? J'eus soudain envie de hurler sur Connor, sur son innocence et sur sa bêtise. Ils se foutaient de lui et cet idiot n'y voyait que du feu. Des fois, j'avais juste envie de lui foutre des baffes. On ne savait jamais... Peut-être que ça rebrancherait les neurones à son cerveau.  

-Très bien, Connor, soupirai-je. J'appelle quelqu'un et j'arrive bientôt. Tu ne bouges pas de là, ok ? D'ailleurs, t'es où en fait ?  

-Sur le canapé, en sous-sol. Je t'attends, mais fais vite ! Je sens que la mort est proche...  

Il plaisantait même quand il n'était pas en état de rien faire. C'était bien Connor ça.  

 -C'est pas la connerie qui va te tuer en tout cas ! Maugréai-je.  

Et je raccrochai avant qu'il n'ait pu me fermer le clapet comme il savait si bien le faire. Je soupirai d'exaspération. J'étais devant une impasse. Contrairement à Connor, je n'avais pas encore mon permis, je ne pouvais donc pas le ramener toute seule. D'autant plus qu'il était hors de question que je trimbale mon frère dans les transports en commun. Vous imaginez les regards que nous lanceraient les passants. On aurait vraiment l'air de deux clodos défoncés dans un bus si j'y vais en short et en tee-shirt troué. J'espérai qu'il n'y aurait pas de problème, que je ne dérangerai pas et composai le numéro de Liam.  

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