Chapitre Huit

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Louis


Ma rencontre avec Niall et Liam fut sûrement la meilleure chose qui ne m'était arrivé depuis des années. Ils étaient en quelque sorte mes "sauveurs", ceux qui ne me laissaient jamais seul. Ils avaient emménagé une semaine plus tard au manoir et même si au tout début, nos relations pouvaient souvent partir en vrille, surtout entre Liam et moi, nous nous rendîmes compte que vivre ensemble n'était pas si horrible que ça et qu'en réalité, nous avions des tas de points communs. Ils ne me jugèrent pas quand je leur racontais mes envies et ma nouvelle passion pour la vampirisme parce que c'était important pour moi et qu'ils souhaitaient aussi m'aider à faire ce que j'aimais. Et franchement, plus le temps passait et plus je me disais que sans eux mon quotidien aurait été bien morne et ennuyeux. Désormais, je ne pouvais plus me passer d'eux.

Nous nous créâmes alors de petits rituels. Puisque la semaine on ne pouvait pas sortir parce qu'ils avaient cours le lendemain, nous prîmes l'habitude de nous rendre chaque samedi soir au Toutankhamon, communément appelé le Tankh un petit bar sympa perdu en plein centre-ville où nous passions de longues heures à boire et à parler avec des gens qu'on ne connaissait pas le moins du monde. Et j'adorais ces moments parce que je pouvais m'intégrer dans un groupe sans avoir peur qu'on me juge.

Un soir, j'avais décidé de rentrer un peu plus tôt que les garçons parce que le lendemain, je devais me rendre à une réunion familiale chez mes parents et qu'arriver totalement ivre n'était pas tout à fait enviable. Surtout quand il y avait ma mère et ma grand-mère dans les parages. Parce qu'elles pouvaient me foutre la honte devant toute la famille sans aucun scrupule et que tu n'as alors plus qu'une envie : t'enfoncer sous terre et ne plus jamais revoir la lumière du jour au risque de les recroiser. D'ailleurs, je me demandais souvent comment ma mère avait fait pour me laisser devenir le connard que j'étais au collège. Parce qu'avoir un fils brutalisant les autres gamins, c'était pas tout à fait l'idéal qu'elle imaginait pour ses gosses...

Ainsi, je me retrouvai donc à me diriger vers l'arrêt d'autobus du coin (nous n'avions pas encore notre permis à l'époque) pour rentrer au manoir. Sous l'habitacle de verre se trouvait un gars aux allures de voyous de banlieue. Beau, métis et super classe. Il semblait n'en avoir rien à faire de moi et de tout ce qu'il y avait autour. Il fumait sa cigarette comme si de rien n'était et son iPhone était négligemment posé sur sa cuisse. Un numéro entrant s'affichait toutes les minutes sur ce dernier mais là aussi, il ne semblait pas vouloir répondre. Il ignorait complètement un certain "Jamel". Et sincèrement, au bout d'un moment, j'en ai eu marre d'entendre son satané portable vibrer en le laissant de marbre.

-Tu veux bien répondre s'il-te-plaît? Je pense que c'est vraiment urgent-là, intervins-je alors.

Surpris, il tourna la tête vers moi et sembla enfin me remarquer.

-T'es qui toi? Fit-il alors.

Il n'y avait aucune menace dans sa voix, seulement de l'étonnement. Puis il avait une voix douce et un calme olympien et je me sentis con sur le coup. Après tout, je ne le connaissais pas et je ne voyais pas pourquoi je devais intervenir dans ses affaires, c'était sa vie, non? Et à peine avais-je pensé ça que je le regrettai amèrement. Parce que si tout le monde pensait comme moi, on en viendrait à ne plus jamais faire de rencontre et on s'ennuierait comme un rat mort dans notre coin à attendre que quelque chose nous arrive un jour.

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