Chapitre 7

421 16 0
                                    

Flashback : Clara Meyer, 16 ans

Je revois son visage, je revis cette douleur. Je veux m'arracher le cœur.
Je sens au creux de mon ventre une douleur se former, une peine naître . Tordant mes entrailles, torturant mes entailles.
Je le déteste. Je le déteste. Je le déteste tellement... Mon corps est secoué de spasmes, je remonte mes genoux contre ma poitrine, allongée sur mon lit, je serre fort Lapinou, mon doudou, dans mes bras en me retenant de hurler la rage, la déception, la tristesse, la honte et toutes ses autres émotions qui m'enveniment. Pourquoi on ne m'avait pas prévenu que ça faisait aussi mal ? Mon téléphone ne fait que de vibrer à côté de moi, je n'ai même pas la force de regarder les messages, j'ai peur... Je suis vraiment trop conne... J'aurais du m'en douter mais l'amour rend aveugle n'est ce pas ? Est-ce que c'est normal d'avoir aussi mal ? De vouloir disparaître pour quelqu'un ? Ou plutôt à cause... Un énieme message apparaît sur mon cellulaire, la main tremblante je le saisis avant de lire le début du message.

« Pauvre meuf, t'as vraiment crue qu'il -»

La notification s'arrête là, mais il ne m'en faut pas plus pour sentir un poignard s'enfoncer dans mon cœur. Aïe.
Des messages, encore et encore, des messages... D'une haine qui ne m'avait jamais animée, je balance mon téléphone à travers la pièce. Il s'éclate contre mon armoire et je réalise soudain ce que je viens de faire. Je sors en vitesse de mon lit et m'accroupis pour saisir mon IPhone.

— Putain, non, non... pas ça... pas ça...

J'appuie plusieurs fois sur l'écran puis le bouton latéral mais rien. L'écran noir est fissuré de partout et je ne sens même pas la douleur lorsqu'un bout de verre tranche ma chair. Je viens de casser mon téléphone. Mes parents vont me tuer. Comme si je n'avais pas assez de problèmes. Je me prends la tête dans les mains et fond une nouvelle fois en larme. Épuisé. Je me traîne avec difficulté jusqu'à mon lit dans lequel je m'allonge, je ferme doucement les yeux en priant pour que la douleur s'atténue, mais rien. J'ai toujours aussi mal. Alors je me laisse sombrer dans les bras de Morphée en espérant, je dois l'avouer y rester, pour l'éternité.

(...)

— Je suis désolé... je... je marchais et il est tombé de ma poche... dis je en tendant le cadavre de mon téléphone .

Ma mère me fusille du regard je sens toute sa haine, mais ce qu'elle ne sait pas, c'est que la mienne est bien plus forte.

— Bordel, mais tu pouvais pas faire attention ! On t'achète des smartphones qui coutes une blinde et c'est comme ça que tu nous remercies. Si tu continues comme ça je ne vais plus rien t'acheter du tout et je vais dire à ton père de faire de même. Tu sais quoi, tu auras le vieux téléphone à clapper que j'avais quand j'étais jeune ! Parce que moi, tu vois, je prends soin de mes affaires et il est en très bonne état ! Tu mérites rien de mieux de toute façon, tu ne fais attention à rien.

Ses mots se heurtent violemment en moi. Elle a raison, je ne fais attention à rien, même pas à qui je confie mon cœur.

— Maman s'il te plaît... je commence mais elle me coupe immédiatement.

— Ah non, je veux pas t'entendre. Tu n'avais qu'à faire plus attention.

Le. Monde. S'acharne. Sur. Moi.

Je ferme les yeux retenant toutes les insultes qui fusent par ma tête. Je lui lance un dernier regard noir avant d'attraper un manteau et de me diriger vers la porte.

— Tu comptes aller où ?

— Chez Alina.

— Tu reviens ici, Clara. Tu es mineure et tu vies sous mon toit alors tu te dois de respecter mes règles. Quand tu seras plus grande tu feras tout ce que tu veux mais en attendant tu vas dans ta-

Mes poings se serrent de rage et je crois bien que je craque.

— Ah mais crois moi que dès que je suis majeure je me casse de cette maison de merde, maman. Je ne rêve que de ça. De partir. En attendant j'ai besoin de voir Alina, alors j'y vais. Je crash avant de claquer la porte. Je n'oublie pas de remonter ma capuche sur ma tête au cas où quelqu'un de mon lycée traînerai ici.

Je marche quelques minutes avant de toquer à la maison de ma meilleure amie. C'est sa mère qui m'ouvre.

— Clara ? Qu'est ce que tu as ma puce ? Me demande t-elle en remarquant mon visage inonder de larmes.

— Je- désolé d'arriver comme ça mais.. je... je peux parler à Alina ?

Elle hoche la tête puis se décale pour me laisser entrer. J'enlève mes chaussures avant de monter à l'étage où se trouve la chambre de ma copine.

— Clara ! S'écrit elle en me voyant en pleure.

Elle m'ouvre ses bras et je m'y précipite. Ses doigts se glissent dans mes cheveux, son parfum réconfortant pénètre mes narines mais rien n'arrive à me faire oublier tout ça.

— J'ai mal Alina... je suis conne... je suis trop conne...

— Et je t'interdis de dire ça, ma belle. C'est lui le gros con et je t'assure que je me retiens d'aller le dégommer ce fils de chien parce que j'ai trop envie de lui planter un-

Elle s'arrête, prends une grande inspiration pour se calmer puis attrape aveuglément le paquet de M&ms crispy à ses côtés, pour me le donner.

— Je savais que tu allais venir, m'explique t-elle. Je t'ai envoyé des messages mais tu ne m'as pas répondu.

— Ouais... je... j'ai... j'ai cassé mon téléphone et je me suis embrouillée avec ma mère. Je souffle entre deux sanglots.

— Eh... ça va aller Clara, je te le promets, je ne te lâche pas. Voilà ce que je te propose, tu vas envoyé un message à ta mère pour lui dire que tu dors ici, je demande à la mienne de préparer des coquillettes jambons. Je vais te faire couler un bon bain chaud et tu vas tout me raconter d'accord ?

Je renfile pour seule réponse et elle me tend son téléphone. Heureusement qu'elle est là.

Quelques heures plus tard, je suis allongée à ses côtés, mes yeux se ferment tous seuls mais je tente de rester éveillé.

— Tu peux dormir, ma belle, demain est un autre jour.

— Je crois que j'en peux plus, Alina... J'ai l'impression que je ne tiendrais pas...

— Bien sûr que si tu vas y arriver Clara, parce que tu es forte et parce que tu ne vas pas abandonner pour une histoire insignifiante dans quelques années. Tu as le nez dedans donc tu n'as pas assez de recul pour réaliser que ça ira. Peut être pas maintenant, mais un jour. Dans deux ans on est majeur et on se tire d'ici. Tu vas surmonter tout ça. Je te le promets. Et je serais là pour t'accompagner et t'aider.

Son discours me berce. Je fais un dernier effort pour murmurer :

— Ça fait trop mal d'aimer. Je ne veux plus jamais retomber amoureuse. Plus jamais.

___________________

Bon, pas de Jamal dans ce chapitre mais un petit flashback qui vous aidera un peu mieux à comprendre la réaction de Clara lors du chapitre précédent.
Prenez soin de vous
<3

Except youOù les histoires vivent. Découvrez maintenant