« Parfois, la volonté de vivre est plus puissante que la peur.
L'épidémie a frappé au pire moment. Personne ne s'y attendait. Personne ne l'a vu venir. Mais tout le monde s'est accordé sur un point: c'était une guerre perdue d'avance face à un enne...
Disclaimer: ce chapitre contient des articles que j'ai moi-même élaboré pour plus de réalisme. J'ai suivi les conseils des lecteurs sur tiktok qui ont conseillé de les mettre sous forme d'images insérées dans le texte; si vous constatez que c'est trop gênant visuellement, faites-le moi savoir et je mettrai des liens à la place. De plus, comme le chapitre 1 faisait 30 pages, je l'ai coupé en deux pour éviter que ça soit trop long; ce qui décalera un peu la table des matières. Bonne lecture!
Denver, Colorado, USA
22:58
Il était difficile pour Ally de concevoir le monde autrement qu'elle l'avait toujours connu; comme ce jour incolore, accompagné d'une pluie démentielle qui venait s'écraser contre les vitres. Un long chemin tortueux et fade. Une existence passée à attendre que l'orage se calme. La lumière grise n'était d'aucun réconfort dans ce décor sombre: la chambre de l'internat, ainsi que tout le dortoir, était plongée dans une obscurité entrecoupée d'éclairs. Ils éclataient dehors comme autant de feux d'artifices et les portes laissaient entrer une brise qui soulevait paresseusement la poussière. En tendant bien l'oreille, on aurait pu croire que le Jugement Dernier frappait au carreau.
Ally détestait les orages. Elle les fuyait comme la peste.
Mais elle ne les voyait jamais arriver, faute de s'intéresser aux émissions météorologiques. Il fallait dire que l'internat ne mettait pas de télévisions à disposition des élèves, les coupant ainsi des bulletins d'informations et autres JT quotidiens. Les banalités comme la météo ou l'actualité politique lui échappaient sans qu'elle ne s'en plaigne ; les réseaux sociaux étaient une passerelle suffisante sur le monde extérieur. Pourtant, depuis deux jours, elle ne s'en servait que pour envoyer des messages : toutes les plateformes étaient inondées de théories du complot et de débats autour de plusieurs vidéos sanglantes relayées en masse. Selon les internautes et les conspirationnistes, le gouvernement cachait quelque chose et la montée des violences policières un peu partout n'aidait pas à redorer le blason des autorités. Ally avait vu ces vidéos comme tout le monde, et s'était même attardée sur des articles partagés sur Twitter par des amis pour essayer de comprendre le phénomène -sans pour autant se sentir concernée. L'aspect politique du premier incident avait suffi à éteindre le peu d'intérêt qu'elle éprouvait pour l'actualité.
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Tout ce qu'elle en avait tiré, c'était qu'internet pouvait se transformer en gigantesque poubelle humaine s'il y avait des images sanglantes à exploiter. Elle avait renoncé à s'infliger toute cette polémique écœurante ; en partie parce qu'elle devait remonter ses notes de science et que ça l'occupait suffisamment comme ça. En partie, aussi, parce que ces vidéos lui donnaient la gerbe.
Alors, elle attendait de trouver le sommeil, le visage tourné vers le déluge au-delà de la fenêtre, la main gauche pianotant distraitement sur le rebord. Difficile de faire abstraction du son, beaucoup trop fort, provenant des écouteurs de la jeune fille avec qui elle partageait sa chambre. Elena avait un an de plus, et ne daignait partager avec elle que son espace vital –ce qui paraissait déjà être un énorme sacrifice. Comme à son habitude, elle était allongée sur son lit, les yeux paisiblement fermés, et avait lancé une de ses playlists insipides pour finir la journée. Si ce n'était pour le bruit de sa respiration, on aurait pu la croire morte.
