— Il fait encore plus beau qu'hier.
— Tu crois qu'on va mourir de chaud avant la fin des vacances ?
Sofia hausse les épaules et plonge dans l'eau sans rien dire, le sourire aux lèvres. La piscine des Naer accueille souvent les amis de la rousse pendant l'été. Avec sa longue chevelure pétante qui la suit, elle ressemble à une sirène dans son royaume. Avyi reste sur le côté, lascive à observer le corps ondulant de sa meilleure amie. Sofia, c'est un canon de beauté. Elle a les courbes fines, mais juste assez pour ne pas être considérée comme un haricot vert. La brune, toujours assise au bord de la piscine, ne compte pas plonger avec Sofia. Au lieu de ça, elle lui lance une gerbe d'eau à sa sortie.
— Connasse. Viens te baigner, non ?
— Faut que j'y aille. Je vais pas me mouiller pour si peu.
— Tu reviendras après ?
— Peut-être !
En riant, Avyi se relève et éclabousse Sofia qui remet la tête sous l'eau en se pinçant le nez. La jeune fille remet promptement sa jupe vichy et sa chemise bleue, qu'elle noue au milieu. Elle a vu ça dans un magazine, et l'idée lui a plu. Le noeud azur qu'elle forme devant fait ressortir sa peau caramel.
Avyi enfile ses claquettes motif fraise et s'éloigne en lançant un dernier au revoir à Sofia, qui ne l'a même pas entendu. En entrant dans la maison pour ressortir par le petit porche de l'entrée, elle entend Félicia qui tapote son ordinateur portable avec acharnement.
— Ben, ça va, m'dame Naer ?
— Oui, bien sûr. Les dossiers médicaux sont une plaie à remplir, c'est tout.
— C'est clair que ça doit être galère. J'y vais, mais maman vous fera des torrija, ça aidera votre mal de tête !
Félicia sourit à la brune qui disparaît par la porte d'entrée, guillerette. Si elle est partie aussi vite, c'est parce que le proprio du manoir qui longe le chemin de Los Dios est mort, donc l'endroit n'est plus gardé. Et puisqu'elle a la journée de libre, Avyi s'est dit qu'elle irait découvrir ce que l'on y garde depuis toutes ces années.
Elle sort l'appareil photo de son sac en bandoulière, et remet les réglages à zéro en marchant vers le chemin. Il est éloigné de la périphérie de Ramoneda, donc personne n'y est jamais allé. L'ancien propriétaire était sans histoire, il gardait sa maison et on le laissait tranquille. Il y a bien une fois où Avyi est partie lui rendre visite, c'était à l'aube de ses douze ans. Esteban de los Dios, comme on l'appelait, avait urgemment besoin de pain frais. Grace s'en était donc occupé, emmenant avec elle sa fille et le nourrisson qui venait de naître.
Vieux rabougri pas si haineux que ça, Esteban avait accepté la chose, et en remerciement, avait autorisé la petite famille à chiper quelques fleurs. En tenant le bébé dans ses bras, Avyi avait laissé sa mère couper les magnolias et les hibiscus. Comme enivrée par l'odeur naturelle de la roseraie du quadragénaire, elle avait éclaté de rire, et bébé Tyfa l'avait suivi. Esteban, assis sur son fauteuil devant la fenêtre, avait sourit devant ce rire communicatif et la vie qui s'installait, quoique pour quelques minutes, dans son manoir vide depuis des années.
Maintenant qu'il est mort, ces souvenirs remontent un peu chez Avyi. Il n'était peut-être pas très bavard, mais il n'était pas méchant. Le chemin se mouvoit à l'horizon, et Avyi trottine pour le rejoindre. C'est plutôt joli, les arbres ne laissent passer que quelques rayons de soleil et le zéphyr chaud du sud fait doucement trembler les feuilles. Sous l'arche que forment les chênes, Avyi est parfaitement à l'ombre. Elle prend quelques photos pour les montrer à Eléanor, qui raffole de ce genre d'endroits. Malheureusement, l'université l'a eu, et elle est repartie hier pour Madrid.
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𝙍𝙚𝙞𝙣𝙚 - 𝙈.𝘽𝙖𝙘𝙝𝙞𝙧𝙖
Fanfiction✯ ❠ Les fantômes. Ça fait peur, c'est inquiétant, parce que l'inconnu terrifie et que le passé effraie. Mais Avyi les voit, les entend, et par ses yeux, elle revoit avec clarté la couleur diamant de ceux qui sont morts. Quand une vision lui vient, l...