les anges fleurissent sur ton visage.

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Meguru a toujours eu les yeux d’un doré éclatant, qui faisait sa beauté pour certains, qui le rendait monstrueux pour d’autres

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Meguru a toujours eu les yeux d’un doré éclatant, qui faisait sa beauté pour certains, qui le rendait monstrueux pour d’autres.

Assis sur son lit, perdu dans le vague incertain de ses propres songes, il écoute les battements de son cœur. Depuis tout petit, il est attentif à son propre corps. C’est ce qu’on lui a conseillé, pour éviter tout problème.

Yoichi est assis par terre, la manette de la PS4 entre les mains. Obnubilé par l’écran qui affiche une route semée de lumières, il ne fait pas attention au silence anormalement lourd de Meguru. Un bout de langue est coincé entre ses dents, comme à chaque fois que sa concentration dépasse l’entendement.

Yoichi, en somme, oublie le monde quand le sien prend le pas sur la réalité.

Meguru repense aux mots qu’Avyi lui a crié quand il est parti du terrain vague parce que sa mère s’inquiétait de son état. Dans sa chemise rose pâle, bourgeon pétillant coincé dans les rayons du soleil, elle a agité les bras pour attirer son attention une dernière fois. Il s’était retourné pour écouter la connerie probable qu’elle allait lui sortir.

Il avait eu tort. Dans le plus grand des calmes, Avyi avait éclaté de rire avant de mettre ses mains en porte-voix et de hurler, sans s’inquiéter des passants qui allaient la dévisager :
“J’adore tes yeux, Megu !”

Il avait ri. Pas assez loin pour être aveugle des rougeurs qui commençaient à payer le loyer sur les joues d’Avyi, il avait crié à son tour.

“Et moi tes cheveux, Reine !”

Et son rire avait résonné jusque dans la voûte du ciel, avant que Meguru ne disparaisse à tout jamais entre les immeubles et les devantures à néons.

Et voilà où il en est rendu, maintenant. A ouïr ses pensées qui trébuchent sur le sourire d’Avyi. Il a envie de pleurer, fort, et de crier dans son oreiller. Mais Yoichi est là, le cliquetis des boutons aussi, et Meguru ne peut pas se laisser tomber dans ses draps en oubliant les rudes journées que lui font passer son cerveau. Il n’a pas envie de rejoindre son ami dans sa partie, il n’a pas envie de descendre quémander des conseils à sa mère non plus.

Il veut dormir. Se réveiller quand il sera prêt, avoir le courage d’affronter ce que son cœur veut faire crever à l’intérieur de lui-même.

“Elle a dit qu’elle aimait mes yeux.”

Il attrape le ballon au pied de son lit pour chasser le brouillard qui s’immisce dans sa tête. Le médecin le lui avait conseillé, quand il avait appris que Meguru n’avait jamais quitté la balle depuis qu’il avait découvert le foot. Maintenant, au lieu de se mordre la peau des doigts ou de s’arracher le dessus des lèvres, il gratte le cuir de l’objet pendant des heures ou le fait tourner sur ses genoux sans une once d’intérêt pour ce qui l’entoure ; malheureusement, ses ongles sont toujours rapiécés, ils agrippent la laine et se cassent encore plus. Fut un temps où il saignait constamment, les oreilles coupées et les joues en sang. Il a toujours détesté cette anxiété maladive qui détruisait et qui détruit encore son corps aujourd’hui, parce que son cerveau refuse de garder ses peurs pour lui.

𝙍𝙚𝙞𝙣𝙚 - 𝙈.𝘽𝙖𝙘𝙝𝙞𝙧𝙖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant