le corbeau et l'été.

202 23 89
                                    

Ramoneda est désert

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.

Ramoneda est désert. Sous les débris, on entend des plaintes faibles, des cris susurrer à la terre qui les accueillera bientôt. La seule personne qui trône au milieu du chaos, c'est Avyi.

Reine d'un pays mort et enseveli, Avyi tient la chevalière au saphir entre ses mains, en regardant autour d'elle. Même les chats ont disparu. Il ne reste plus personne, plus aucune vie qui ne mérite d'être saluée. Perdue dans un endroit qu'elle ne reconnaît plus, son cœur bat au rythme des supplications naissantes qui s'échappent des décombres gris. A travers la poussière, Avyi s'approche d'un monceau de grosses pierres, qui viennent probablement des immeubles et des pavillons.

— Eléanor..? Vous êtes là ?

Elle n'est pas bête. Elle sait qu'aucune voix ne lui parviendra, que seul le silence sera son compagnon ici. Un bras dépasse des débris, immobile. Avyi n'a pas la force de soulever le morceau de mur qui entrave ce qu'elle suppose être un cadavre, alors, le cœur au bord des lèvres, elle passe son chemin en trottinant de plus en plus rapidement. Elle a peur, elle est seule, mais putain où sont passé ses amis et sa famille ?

Elle sent les larmes perler au bout de ses cils. Le vent est le seul corps à la toucher ici.

Puis, au fur et à mesure qu'elle avance dans la désolation que représente l'endroit, Avyi le voit. Il est là, au milieu des ruines, à regarder le sol, presque en admiration.

— Meguru, qu'est-ce que tu fais là ?

— Regarde, viens !

Il tend la main, bouge ses doigts pour la faire venir. Sans penser à autre chose, elle l'attrape pour avoir sa chaleur, sa douceur. Meguru l'attire vers lui en souriant, ramène son corps tremblant contre le sien. Elle pose sa tête sur son épaule, comme s'il était un vieil ami retrouvé après des années, ou un couple âgé qui attendait le repos en regardant le ciel. Elle baisse le regard vers la chose qui attire l'attention de Meguru.

Sur le sol, écrit en lettres capitales, il y a une phrase qui fait blêmir Avyi.

"La vision ne s'efface jamais. Le futur ne se change pas."

Elle regarde Meguru, la main sur la bouche, et s'éloigne un peu. Lui voit ses yeux pleins de larmes, se demande ce qu'il ne va pas. Il pose la main sur sa joue, alors que des sanglots s'échappent de la gorge d'Avyi.

— Pourquoi tu pleures ? Ça va aller, je te le promets, murmure-t-il en la serrant dans ses bras.

Sauf que ses bras sont en train de se faner, de disparaître. Meguru se transforme en souvenir, morne et oublié. Mais il sourit. Il est beau quand il sourit.

— T'es en train de partir, Meguru.

Sa main traverse le torse du jeune homme. Il part vraiment.

— T'inquiètes pas va, on se retrouvera. Je sais que t'es capable d'avancer, comme une reine. A tout jamais, Avyi.

𝙍𝙚𝙞𝙣𝙚 - 𝙈.𝘽𝙖𝙘𝙝𝙞𝙧𝙖Où les histoires vivent. Découvrez maintenant