11. Arteaga.

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"Chacun de nous a trois existences. Une existence de chose : nous sommes un corps. Une existence d'esprit : nous sommes une conscience. Et une existence de discours : nous sommes ce dont les autres parlent." Éric Emmanuel Schmitt - Lorsque j'étais une œuvre d'art.




Pov Roma : 

Cette lettre.

Cette lettre est la cause de cette décision.

Une décision aussi soudaine et me voilà partie.

L'Espagne se doit de m'ouvrir grand ses bras. En aucun cas, je n'aurais parcouru neuf mille vingt kilomètres pour un rien.

Quelqu'un aurait pu imaginer qu'une distance pareille séparée le Mexique de l'Espagne ?

M'enfin.

Je n'ai plus de temps à perdre. À l'évidence, j'en ai déjà trop perdu. 

S'il faut changer de pays, cela sera fait.

S'il faut changer de continent. Devinez quoi ? Je le ferai également.

Aucun obstacle ne se dressera sur mon passage, et si par malheur, il y en aurait, je m'en occuperais.

Chaque question se verra nourrie par sa réponse.

Ce n'est qu'une question de temps à présent.

Ce voyage n'est pas le point définitif, j'ai seulement besoin de rencontrer ce quelqu'un.

Et pour ça, j'ai seulement besoin de deux personnes. 

Les honorés qui m'accompagneront pour ce court voyage. Les deux auxquels je placerais ma confiance aveuglément.

Eduardo et Angel.

Un voyage aussi imprévu que risqué avec uniquement deux hommes en ayant pleinement conscience de chaque danger possible qu'il pourrait nous arriver.

Aucun plan, aucune stratégie, aucune tactique.

En outre, rien du tout.

C'est l'une des première fois au cours de mon existence que je fonce tête baissée. Habituellement, étant réfléchis, ayant un plan ficelé et solide du début jusqu'à la fin. J'ai cette tendance à ne rien laisser au hasard, mais, cette fois-ci, tout est différent. 

Il est différent.

Tout est maintenant dans l'improvisation la plus totale.

Je plaide coupable, c'est un domaine dans lequel je ne suis pas très doué.

Carrément nul en fait.

Malheureusement, il ne me reste plus aucune option, c'est un dernier choix que j'ai choisi.

Quelques jours se sont écoulés depuis cette fameuse lettre, depuis plus rien.

Cette situation se répercute sur moi, ma peau d'un blanchâtre extrême naturel fait ressortir les cernes noirs qui ornent mes yeux.

Un contraste assez effrayant.

Je me dois de nourrir mon cerveau avec des réponses. Et j'ai cette nette impression qu'elles se trouvent auprès de ce mystérieux mafieux. 

- Roma ?

Perdue dans mes pensées, une voix s'interpose dans celle-ci.

- Roma ?

- Hm ?

- Tu dors ? souffle Eduardo, installé face à moi.

Nous venions à peine de quitter le sol mexicain qu'il ne pouvait pas s'empêcher d'ouvrir sa bouche.

- Je te donne l'impression de dormir ?

- Tu dors peut-être les yeux ouvert ?

Voyant que je ne poursuis pas la conversation, il reprend :

- Tu penses que Sergio ressemble à quoi ?

- Je ne sais pas et je n'y ai pas pensé.

- T'imagines si c'est un vieux de soixante ans !

- Ça m'égale.

- Tu penses qu'elles sont comment les femmes en Espagne ?

- T'aura ta réponse dans quelques heures, dis-je, en reposant ma tête sur le bort du hublot.

- J'espère qu'il y aura beaucoup de brune quand même.

- Ed dort maintenant.

- ..ou rousse, ça me vas aussi ! continue t-il.

- Ed !

- Mais je n'ai pas sommeil ! 

- Ce n'est pas mon problème, tu fermes ta bouche ou tu dors. C'est à toi de voir.

- Je ferme ma bouche, promis.

- Bien.

Après quelques ridicules minutes de silence, Eduardo reprend la parole :

- Tu penses qu'elles sont..

- Eduardo ! m'écriais-je.

- Je te signale que tu ne m'a pas précisé combien de temps je devais fermer ma bouche sœurette ! se défend-il.

C'est vrai. Quelle idiote.

J'avais oublié que c'est encore un gamin coincé dans un corps d'adulte. 


Espagne, 10 heures plus tard ;

- Rom..

- Roma..

- Roma !

- ROMA !!

Me réveillant dans un sursaut, je me cogne contre une tête possédant une masse de cheveux blond polaire.

Autrement dit, la tête d'Angel.

- Putain, dis-je en me massant celui-ci.

- Roma bordel, tu ne pouvais pas faire doucement ! gronde Angel en faisait de même.

- C'est toi qui me scrutais, je te signale.

- Je ne te scrutais pas, tu ne voulais pas te réveiller !

- Il se passe quelque chose ?

- On a atterri.

Ah, oui. 

Regardant par le hublot, je remarque que, effectivement, le jet n'est plus en mouvement.

- Je t'ai secoué au moins vingt fois, continue Angel.

Mes heures manquantes de sommeil ont eu raison de moi.

- T'as l'air épuisé beauté, prononce-t-il en détaillant mon visage.

- Ça va, merci de m'avoir réveillé.

Nous voilà enfin réunies, Arteaga.


_____

Prenez soin de vous.

L.

RDMOù les histoires vivent. Découvrez maintenant