Hyppolite
Je ne voulais pas partir. Mais je l'ai fait. Je le regrette mais c'était ce qu'il voulait. Peut-être aurais-je dû insister ? Peut-être qu'il ne pouvait plus bouger et qu'il attendait que j'insiste. Voulait-il que je le laisse tranquille le plus rapidement possible ? Je n'ai de réponse à rien. La seule chose que je sais, c'est que j'ai fait n'importe quoi. Sans réfléchir.
Je n'ai jamais fait ça. Je ne suis pas comme ça, je n'ai honte de personne, chacun est différent mais personne ne mérite d'être mis de côté.
En me mettant à sa place j'ai compris. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça. C'était débile. Pendant notre discussion la nuit dernière, j'ai appris beaucoup de choses, et je vous mentirais en vous disant que j'ai retenu toutes les informations qu'il m'a donné sur lui. Mais je me souviens lui avoir demandé pourquoi il était toujours à la bibliothèque et que je ne le voyais jamais au lycée.
J'avais été surpris de voir qu'il s'était confié à moi pour m'avouer qu'il avait de très gros problèmes d'angoisse.
Il m'a même parlé de ses crises d'angoisses, et j'étais empathique, malgré le fait que je n'en ai jamais eu l'expérience. C'était donc pour cette triste raison que son remède le plus efficace était les livres. Il préférait grandir dans de belles histoires que dans la sienne. Je ne peux pas comprendre, je n'ai jamais eu cette sensation. Évidemment cela m'a beaucoup inquiété sur le coup, et je me suis promis qu'il n'aurait pas à y faire face seul, pas tant qu'il m'accepterait à ses côtés.
J'aurai fait ça pour tout le monde, mais quand je le faisais pour lui, je savais déjà qu'il y avait quelque chose de plus.
C'est toutes ces pensées qui m'ont accompagné jusqu'à la fin des cours. Je marchais vers la bibliothèque. prendre mon temps de marcher et écouter de la musique en même temps, je ne voulais pas de musique, je ne voulais qu'une chose. Le voir. Il fallait que je vois Ellior, ce garçon, auquel j'ai apporté beaucoup d'importance en si peu de temps.
Cela ne faisait que trois pauvres jours que je l'avais rencontré. Mais je sentais déjà que j'allais l'aimer.
C'est en arrivant à la bibliothèque que cette affirmation se confirmait, en le voyant, déjà dans son livre. Mais cette fois-ci, à la différence de toutes les autres fois, il avait un casque et ne semblait pas dénué de l'enlever. C'était une autre personne qui était devant moi ce jour-là.
Je me suis assis devant ce garçon, qui avait l'air différent de celui que je commençais à connaître. Je l'ai observé pendant quelques minutes, ses mains, accrochées au livre comme un enfant tiendrait son jouet le plus précieux, ses cheveux, lui tombant dans les yeux à force de baisser la tête pour lire. Je voulais retenir le plus de détails le concernant. Chaque trait qui dessinait son visage, chaque courbe qui donnait de la forme à son physique, ses épaules, ses bras, son cou. J'avais tout vu.
Cela faisait peut-être 20 minutes que j'étais assis là, sans même me lasser de la vue que j'admirais, mais sans un regard de sa part. M'avait-il même vu ? Avait-il senti ma présence ? Ou peut-être avais-je raté ce moment ?
C'est en me disant que je ne trouverais pas de réponse en continuant de le regarder que je retournai le regard jusqu'à mon sac. Je l'ouvris et pris mon livre pour me changer les idées.
Malgré ma motivation à garder mon esprit concentré sur le livre, les phrases que je lisais n'avaient pas de sens. Il n'y avait que lui dans mon esprit, les images de ses doigts qui glissaient, passant à la page suivante, restaient incontestablement coincées dans mes yeux. Je fermais les yeux, je devais me reprendre et laisser mon désir de côté. Au moins pour aujourd'hui.
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Tu ne devrais pas tant m'aimer
Romans-Allez dis moi... Elle est comment ? Dit-il en s'approchant de mon oreille pour que je sois le seul à entendre cette merveilleuse réflexion. C'est clairement son genre, je suis habitué. Mais vous savez ce qui est le plus amusant ? C'est qu'il pense...