Les agents de police au commissariat n'ont fait que me confirmer ce que le guide avait dit. La tempête est bien trop dangereuse pour envoyer une équipe de secours. On m'a gentiment conseillée de prendre une chambre à l'hôtel et de m'y reposer en attendant que la météo se calme.
Ce qu'il ne faut pas entendre !
Tout ce que ces policiers ont réussi à faire, c'est de me convaincre que je ne pourrai jamais être mieux servie que par moi-même.
Après avoir quitté le poste de police en promettant de rester sagement à l'hôtel, j'ai trouvé une boutique d'alpinisme. J'ai demandé au vendeur de me conseiller tous les équipements nécessaires pour grimper le Mont-Blanc et ai dû taper dans mes économies pour payer le tout.
Le vendeur était sceptique lorsque je lui ai expliqué mon intention d'escalader la montagne. Il m'a observée de haut en bas en grimaçant, mais n'a rien dit et s'est contenté d'encaisser tout le bazar.
Je suis ressortie du magasin chargée comme un âne. Mais j'étais néanmoins heureuse de porter des vêtements bien plus chauds que ce que je portais à mon arrivée. Je n'étais absolument pas préparée à un tel froid en partant pour le sud.
J'ai enfilé les vêtements, couche après couche, en me remémorant tristement la dernière fois où j'ai vu Théo. Il était attifé de la même façon que moi aujourd'hui, et je me suis ouvertement moquée. S'il me voyait maintenant, il ne perdrait pour rien au monde l'occasion de me renvoyer la pareille.
J'ai balayé ces pensées d'un geste de la main et je me suis engagée sur le sentier pédestre où débute l'ascension. Seulement, alors que j'avance tranquillement, peinant à prendre de l'allure à cause des fortes bourrasques, j'aperçois un obstacle sur le chemin. En plissant les yeux, je comprends que des policiers font barrage, certainement afin d'éviter ce qui s'est déjà produit : qu'un abruti n'aille s'aventurer plus loin sur le Mont-Blanc en pleine tempête.
En levant la tête, je peine à comprendre les raisons qui ont poussé Théo à escalader cette fichue montagne. Quatre mille mètres d'altitude, c'est vraiment haut, et monter tout ça doit être épuisant. Moi qui ne suis pas du tout sportive, je vais galérer à grimper jusqu'en haut.
J'observe les policiers qui bloquent le chemin. Ils discutent entre eux et ne semblent pas m'avoir remarquée.
Très bien.
Je profite de cet avantage et quitte le sentier. Les agents peuvent bloquer les sentiers, mais ils ne peuvent pas encercler toute la montagne. Je m'engage alors dans la forêt, râlant mentalement après l'épaisse couche de neige sous mes bottes. Je regrette très vite le sentier pédestre qui était nettement plus praticable.
J'avance dans cette forêt et, au fur et à mesure que je parcoure les mètres, je commence à trouver des avantages à cette petite balade.
Primo, cette ascension va me permettre de me remettre en forme physiquement. Cela fait longtemps que je n'ai pas pratiqué d'activité sportive. Deuzio, la vue est magnifique, si l'on oublie que les sapins sont violemment secoués par le vent. Et tertio, Théo a raison, escalader une montagne, c'est pratique pour les gens qui n'ont aucun sens de l'orientation. Il suffit de viser le sommet du Mont-Blanc pour savoir où aller.
Alors que je progresse lentement sur la montagne, je commence à hurler le nom de mon meilleur ami. J'ai dû attendre de m'être suffisamment éloignée avant de commencer à ne faire du bruit, de peur que les policiers ne viennent me chercher et ne me ramènent de force au village.
Je hurle très fort, mais ma voix est camouflée par le vent. Et plus j'avance, plus cela empire.
Je passe des heures à marcher, de la neige jusqu'aux genoux. Je m'arrête de temps en temps pour grignoter quelque chose. Au bout d'un moment, je ne supporte plus le vent glacé qui souffle sur mon visage, et j'enfile mes lunettes de ski.
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Maudit Smilodon !
ParanormalLilo n'a pas bronché lorsque Théo, son meilleur ami, est venu la voir en lui annonçant qu'il allait escalader le Mont Blanc. Elle n'a pas protesté quand il a insisté pour le faire seul, sans guide à ses côtés. Mais alors qu'elle aperçoit une étrange...