Chapitre 8

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Je sursaute brusquement lorsqu'un coup de klaxon aussi agressif que mon coup de frein se fait entendre. J'ai failli griller un feu rouge et ce, à force d'avoir trop plongé dans la remembrance amer des derniers moments avec Kate.

Kiara n'a de toute évidence pas la moindre idée du lien qui m'unissait à sa défunte sœur. Elle s'était forgée une image de moi, selon ses souvenirs et les quelques miettes de conversations interminables que Kate et moi avions l'habitude d'avoir au téléphone, pendant que cette dernière était rentrée au Wisconsin.

Pourtant, je ne suis pas sûr que ces appels téléphoniques étaient assez compromettants pour tirer une telle conclusion.

J'ai donc laissé Kiara avec sa cheville enflée et ses milles et une interrogations. J'étais aussi déconcerté qu'elle, je dois l'admettre. Prendre la fuite a été la première chose qui m'est passé par l'esprit.

Incapable de faire marcher ma matière grise avec mon cerveau encore embrumé, je renonce aux piles de dossiers qui m'attendent au bureau et décide de rentrer chez moi. Une bonne douche s'impose ! Autant pour méditer que pour me purger de ce poids lourd qui commence à encombrer ma tête et mes épaules.

Je suis soulagé de découvrir mon appart aussi désert que le Sahara. Betty a dû terminer plus tôt que prévu, et c'est tant mieux. Je n'ai pas envie qu'elle me voit dans cet état.

L'eau chaude détend mes muscles dès que je me glisse sous le jet. Je ferme les yeux, et essaye de faire le vide dans ma tête. Chose qui m'est difficile à faire, puisque ma conscience ne cesse de s'égarer dans le passé. Là où mes maux se réfugient pour mieux me fouetter dès que l'occasion se présente.

Des frissons me parcourent. J'ai le cœur aussi lourd qu'un bloc de granite. Mes yeux commencent à me piquer. Mais je refuse de craquer.

Non. Pas cette fois.

Le peu de courage qui me restait m'aide à avoir la force de couper l'eau et de sortir de la cabine. Je noue ma serviette autour de mes reins, avant de quitter la salle de bain comme si j'avais le diable aux fesses.

Mon téléphone me donne l'occasion de passer à autre chose, en signalant par une sonnerie bien trop reconnaissable l'entrée d'un appel. Je décroche sans trop réfléchir, et mon cœur bondit presque dans ma cage thoracique lorsque j'entends la voix d'Alicia au bout du fil.

- Hey ! On m'a dit que tu viens de passer chez moi tout à l'heure. Tu me cherchais ?

Son enthousiasme me surprend puisqu'on a à peine repris contact après notre seule et unique nuit ensemble. Je pensais - espérais - qu'elle soit passée à autre chose. J'ai passé mon temps à me convaincre que l'avoir eu une fois dans mon lit m'a suffi. J'y suis arrivé, d'ailleurs. Mais maintenant qu'elle m'appelle, mon corps me signale que cela fait deux semaines que je n'ai pas pris mon pied.

- Salut, beauté. Les nouvelles passent vite, on dirait. En réalité, je venais juste pour rapporter des affaires que j'ai empruntées... Tu sais, la nuit où nous nous sommes rencontrés.

Je l'entends pouffer discrètement de rire. Je me surprends même à imaginer son visage en train de sourire dans le vide. On dirait que je commence à vraiment apprécier la légèreté qu'elle m'apporte.

- Bon sang ! Cette fameuse nuit ne cessera jamais de me foutre la honte jusqu'à la fin de mes jours, je crois.

Je me retiens de dire qu'elle a raison. Elle en est suffisamment consciente. Pour ma part, j'ai déjà calqué une image beaucoup plus agréable à la place de cet épisode. Je risque de repasser sous la douche si mes méninges continuent sur cette lancée.

Heart Hunter || EN COURSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant