Chapitre 9

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Jake manque de s'étrangler avec son café encore brûlant quand il m'aperçoit dans le hall de l'hôtel Evermore. Il vient sûrement pour son rendez-vous quotidien avec le gérant, et je ne vois pas du tout pourquoi il me regarde avec stupeur, à mesure que mes pas me guident vers lui.

- Je vois, je vois. Alors, pour que ce soit bien clair, mon cher frère, le fait que tu sèches les réunions passe toujours. Mais si en plus t'as une tête d'enterrement après une nuit que j'ose supposer avoir été torride, alors là, tu me dois des explications parce que je ne comprends plus rien.

C'est à ce moment-là qu'Alicia sort à son tour de l'ascenseur. Elle ne nous adresse qu'un petit signe de la main, avant de se fondre précipitamment dans les rues du Midtown.

- Tu crois que c'est trop tôt pour prendre un verre? Tenté-je en feignant une grimace.

- Évidemment, qu'est-ce que tu espères ? On a un déménagement à préparer, et des projets à reprendre en main. Ce qu'il te faut, c'est une bonne dose de caféine.

Sur ce, il me laisse son breuvage à peine entamé, puis disparaît dans les couloirs qui mènent vers le back-office. Je reste pantois pendant un court instant, considérant le gobelet comme si le contenu était du poison.

D'une certaine manière, j'ai raison de le penser. Car c'est le premier signe qui me prévient que j'aurai une discussion sérieuse avec Jake, tôt ou tard. Il va me cuisiner à toutes les sauces. Et sachant son goût récent pour les épices à forts caractères, je risque dangereusement d'y laisser ma peau.

Car il faut savoir une chose concernant Jake: jamais au grand jamais il ne renonce à son café noir du matin, sauf si l'heure est grave.

Je bois tout de même son café, en me dirigeant vers la sortie. Stan m'y attend, appuyé contre ma voiture. Il sait combien je déteste conduire quand j'ai la gueule de bois.

Après un rapide détour à mon appartement, je me réfugie tout de suite au milieu des paperasses, enfermé à double tour dans mon bureau. J'ai bien fait comprendre à mon assistante que je ne veux voir personne, du moins pas dans la matinée.

Je travaille comme un fou pour rattraper mon absence d'hier. Seule la faim arrive à m'arrêter, me rappelant que je n'ai presque rien avalé depuis ce matin. Je fais donc une pause, et appelle mon assistante pour lui demander de me commander à manger.

En l'attendant, je me lève pour me dégourdir les jambes, rejoignant ma grande baie vitrée qui donne une vue sur quelques gratte-ciel qui s'élèvent dans le voisinage. Je soupire en me rendant compte de l'immensité de cette ville. Le Big Apple et ses train-train du quotidien, sans jamais s'arrêter. Comme si cette ville avait une ressource illimitée où elle puise son énergie.

En m'appuyant sur mon bureau, ma paume bute sur un petit tas de papiers que je devine être des journaux. Je les consulte en regagnant mon fauteuil, espérant pouvoir tuer le temps en attendant mon repas arriver.

Page après page, j'arrive de moins en moins à me concentrer. Les lettres défilent et dansent devant mes yeux sans que je n'arrive à me plonger dedans. Je ne peux contenir mon soulagement lorsque Lorena arrive avec un sac en papier kraft, tout sourire. Elle veut sûrement obtenir ma bonne grâce.

Elle est super jolie. Et assez efficace au niveau professionnel. Mais son penchant pour les commérages m'encourage à garder mes sales pattes bien rangées.

- Tenez, monsieur. Votre déjeuner.

-Merci Lorena...

Sa chemise d'un blanc immaculé m'offre une vue agréable sur son décolleté. Elle a sans doute ouvert deux autres boutons avant de venir me voir. Ses longues jambes sont sublimées par une jupe crayon qui moule parfaitement ses fesses galbées, ainsi que des escarpins hors de prix qui ont dû lui coûter un mois de salaire. En résumé, elle est assez bandante...

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⏰ Dernière mise à jour : May 06, 2023 ⏰

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