Déclin - 𝔅𝔩𝔞𝔠𝔨 𝔖𝔢𝔯𝔦𝔢𝔰 III

X. 31 décembre 1957 - lucesco

La robe de Walburga avait fait sensation. Ses plumes de jais gonflés en un jupon vaste et son corset d'obsidiennes la mettaient en valeur et dévoilaient la beauté qui se cachait derrière les robes sombres et droites qu'elle portait régulièrement. Ses cheveux, coiffés en un chignon bas, dégageaient sa nuque et ses épaules blanches. Elle avait appliqué un rouge à lèvre brillant qui faisait ressortir la pâleur de son visage. Orion la trouvait magnifique. Quand il était allée la chercher à son Manoir, Irma avait failli exploser de fureur en la voyant descendre des escaliers. Walburga avait eu du mal à réprimer son sourire. Il la voyait heureuse pour la première fois. Pourvu que ça dure.

À leur arrivée à la réception, il avait été fier de lui offrir son bras. Il n'y avait pas plus grande représentation de la famille Black qu'elle, enfant d'une lignée pure et revêtant les plumes de son blason. Lorsqu'il devina l'allusion au corbeau, il eut une pensée pour sa sœur. Elle aurait adoré contempler Walburga ce soir. Mais elle se trouvait il ne savait où, quelque part où l'avenir n'existait pas.

Il l'invita à danser la première valse. Elle accepta avec entrain, ravie de remarquer tous ces regards divergeant dans sa direction. Alors qu'ils étaient en place, attendant le début de la musique, il aperçut Cygnus à l'autre bout de la salle, son bras enroulé autour de la taille de sa femme. Il le vit lui aussi et lui adressa un hochement de tête entendu. Walburga ne remarqua pas leur échange discret.

La première danse fut courte et elle insista pour une seconde. Un cercle s'était créé autour des partenaires pour analyser leurs mouvements. Dorea se trouvait au centre des vipères, toutes observant avec attention les couples pour élaborer leurs hypothèses stupides. C'était en partie à cause d'elles que Lucretia avait refusé de venir. Il s'efforça de les ignorer et attrapa la main de Walburga pour la faire tourner.

Ils s'offrirent un verre de champagne après cela. Sa cousine avait les joues rouges d'effort. Avec son teint blanc, on aurait dit une poupée.

— C'est la première fois que j'apprécie autant un bal, avoua-t-elle avec un regard perdu dans la foule d'invités.

Et la première fois que Irma ne s'y rendait pas, remarqua-t-il. Mais il garda la réflexion pour lui.

— Merci, lâcha-t-elle avec une sincérité pure en tournant la tête dans sa direction.

Mais son sourire s'évanouit aussitôt quand ses yeux dévièrent sur une présence à l'arrière. Il se retourna, curieux. Alice Malefoy, avec ses longs cheveux blonds tressés, battaient innocemment des paupières dans sa direction. Il poussa un long soupir avant de se détourner.

— Je crois qu'elle veut être avec toi, devina Walburga.

Elle alla pour se lever, mais il attrapa son bras pour la retenir.

— Non, reste. Je ne souhaite pas sa compagnie.

— Pourquoi ?

— Les Malefoy sont en disgrâce. Elle ne veut que mon nom pour redonner du prestige à sa famille.

Elle resta donc assise, jetant un coup d'œil triste vers Alice.

— Tous ceux qui se trouvent dans cette salle cherchent un nom. Avec assez de charme, on peut séduire ceux qui se trouvent en haut de l'échelle, et si on manque de talent, on se retrouve en bas.

— As-tu quelqu'un en tête ?

— Moi ? fit-elle avec un rire presque moqueur. Non, je ne peux pas me permettre de choisir. Et même si je le pouvais, on me refuserait ce droit.

Il ne répliqua rien. En la contemplant, son nez en pointe, ses lèvres pulpeuses, ses yeux sombres et noirs, il eut envie d'aller voir son père et de lui déclarer "j'ai trouvé ma future femme". Mais c'était impossible. Elle était sa cousine de second degré, ces choses là ne se faisaient plus depuis longtemps. Pourquoi était-elle la seule à correspondre avec ses critères, d'ailleurs ? Il y avait des tas de jeunes filles sang-pur qui attendaient d'être mariées.