38.

252 10 0
                                    

Le dîner passé, ce fut l'heure d'aller se doucher : Aidan s'y dirigea en premier, pendant que Rhys préparait son propre pyjama. Mais on sonna à la porte de leur maison, et Aurore se chargea d'ouvrir, découvrant alors Bucky sur le pas de la porte. Il fut convié à rentrer.

Curieuse de savoir qui était ce, Rhys sortit de sa chambre sa tête, et croisa le regard de Bucky. Elle dévala les escaliers et le regarda. Entre la veille et ce jour ci, il avait coupé ses cheveux, et cela surprenait la femme. Elle n'osa pas détourner le regard pendant qu'elle approchait.

"Tu as mangé ?" s'interrogea t elle, la voix basse, le souffle presque coupé.
"Oui" répondit il, le regard posé sur elle, brillant comme s'il la découvrait une nouvelle fois.
"Parfait."

À cet instant, Aidan sortit de la salle de bain, en s'écriant que celle ci était libre, et Rhys se tourna vers Bucky.

"Je te laisse y aller", annonça la femme, en le fixant toujours, et il hocha la tête, la laissant alors dans une transe adoratrice. Mais elle se releva, examinant le canapé sur lequel il allait probablement dormir.

"On a un matelas en plus ?" s'interrogea t elle, avec le projet de le faire dormir dans sa chambre.
"Oui, tu veux de l'aide ?"
"S'il te plaît."

Alors, les deux femmes sortirent le matelas une place d'en dessous du lit d'Aurore et portèrent jusqu'à la chambre de Rhys, afin de le poser juste à côté du lit une place de la femme. Une fois chose faite, Rhys plaça des draps et une couette, avec un oreiller également, décidant que ce serait là qu'elle dormirait, et que Bucky s'installerait sur son propre lit.

Il sortit de la salle de bain et descendit les étages, commençant à parler avec Aurore, pendant que Rhys allait se doucher. Elle chercha le gel douche qui sentait le plus bon selon elle, c'était à dire celui aux agrumes, et s'en tartina le corps, puis se rinça, avant de recommencer ces actes trois fois. Rhys craignait de ne pas sentir bon, à tel point qu'en sortant même de la douche, lorsqu'elle enfila son pyjama -un short noir avec un tee shirt large avec un dessin de chat imprimé dessus-, elle se parfuma également. Sortant ensuite de la salle de bain, elle laissa sa place à Aurore, et descendit rejoindre Bucky, qui s'étendait sur le canapé, se couvrant également d'une couverture.

"Tu fais quoi ?" demanda t elle, avec une douce curiosité
"Je me couche" rétorqua t il
"Tu dors là ?"
"Oui"

Elle secoua la tête et attrapa sa main pour le mener jusqu'à sa propre chambre.

"Non, tu dors ici"

Rhys s'assit sur son matelas, au sol, et lui montra du bras le lit. Il secoua la tête et lui proposa d'échanger de place, mais elle refusa, alors il n'insista pas, par peur de la vexer. Il s'installa alors sur le lit, tourné vers Rhys, qui le regardait avec de grands yeux ébahis.

"Quand est ce que tu as coupé tes cheveux ?"
"Avant mon rendez vous, je voulais avoir l'air de moi, et plus du soldat de l'hiver."
"Je vois. Ça te va bien."
"J'ai vu ça."

Elle détourna les yeux, réalisant que son regard ne mentait pas, et soupira, avant de s'affaler sur son matelas, en lançant un regard à Bucky.

"Je vais lire", déclara t elle, en attrapant un exemplaire au hasard dans sa pile à lire.
"Alors viens à côté de moi, il y a un minimum de place. J'ai envie de lire aussi."

Elle leva les yeux au ciel, et se redressa afin de le rejoindre : il attrapa ses hanches et la fit s'asseoir entre ses jambes. Tentant d'ignorer que l'homme enlaçait sa taille, elle continuait de lire son livre, dévorant malgré tout les mots.  Mais, rapidement, les lèvres de Bucky se déposèrent dans son cou, jouant avec la femme, qui, à chaque baiser, avait l'impression de perdre pied. Elle soupira et se releva, décidée : Rhys souhaitait connaître la fin de son livre, et elle l'abandonnerait pas. Elle s'installa sur son lit de fortune et poursuivit sa lecture.

"Non, reviens" souffla t il, l'examinant au passage, avec son air déterminé qui la rendait si belle.
"Je lis, Barnes."

Il soupira, s'éloigna d'elle et regarda le plafond durant de longues minutes. Le temps passa, et les pages défilaient devant les yeux de Rhys. Bientôt, il ne lui resta que deux ou trois chapitres avant la fin, alors elle le posa, et se tourna vers Bucky. Elle l'appela tout bas, soucieuse de savoir s'il dormait ou non. Ce dernier se tourna aussitôt, avec un air ravi.

"Ça y est tu as fini de lire ?"

Rhys hocha la tête, et le dévisagea. Elle savait qu'elle voulait l'embrasser, mais voilà, elle ne l'avait jamais fait, et le faire elle même lui faisait peur.

"Comment vous vous êtes rencontrés avec Eddy ?" s'interrogea t il, coupant le fil de ses songeries
"En deux mille quatorze je pense, à Londres. On voyageait avec Aidan et on les a rencontré."
"Vous avez tout de suite eu une relation ?"
"Non, pas du tout."
"Hm, hm"

Elle l'observa, sa tête appuyée sur son bras, et son regard croisa celui de l'homme.

"J'aime pas", grommela Rhys
"De quoi ?"
"Être comme ça"

C'est en la voyant se relever et s'asseoir à ses côtés qu'il comprit. Elle parlait du fait qu'elle lui était inférieure ainsi. Il l'accueillit dans son lit, lui offrant un sourire, et il attrapa sa main toujours gantée, y déposant un baiser galant, avant qu'elle recule celle ci.

"Eh", s'agaça t elle faussement, le faisant rire.

Mais elle ne comptait le laisser profiter de ce ricanement joyeux, Rhys était trop agitée pour cela. S'approchant de lui, brisant l'espace paisible qui régnait autrefois, leurs lèvres se rencontrèrent, sans trop savoir qui avait commit le dernier rapprochement, peut être même que tout deux l'avaient fait. Rhys ne savait pas réellement si cette sensation était celle dont elle avait rêvé depuis si longtemps, mais il était là, enfin, ce baiser dont elle attendait l'existence depuis si longtemps. Elle ne pourrait dire au bout de combien de temps il avait cessé, mais, timidement, elle leva les yeux vers Bucky, espérant que cet acte n'avait rien brisé. Malgré son âge, Rhys n'avait aucune idée du lien qui venait de se créer entre eux, et elle se trouvait bien enfantine de rougir ainsi.

Pour autant, elle comprit qu'aucune erreur n'avait été commise ce jour là lorsqu'il replongea dans ses lèvres, recherchant sûrement paix, mais n'y trouvant que désir. La plénitude n'arrivant alors pas, ils se séparèrent et il la regarda, d'une manière qui trancha le cœur de Rhys. À cet instant précis, les mots ne servaient pas, les corps n'avaient aucune utilité, à part à retenir leurs âmes qui cherchaient à s'enlacer pour l'éternité. Aucune mélodie, aucun vers ne pouvait décrire l'amour qui régnait ici, même eux ne savaient pas ce qui se déroulait.

La tendresse qui malmenait leur cœur n'était pas apte à correspondre aux mots «je t'aime», ceux ci étaient trop faibles. Rhys ne pensait qu'à deux seules choses : l'entièreté qu'elle éprouvait auprès de lui et cette crainte. Elle ne comprenait en effet pas comment autant de sentiments pouvaient tenir dans son cœur.

POISON [Bucky Barnes]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant