☽ 𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟷 ☾

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MARIA RUIZ

Dix-huit ans
Italie, Sicile
Vingt-trois heures

Essayant d'échapper à ma famille, je ne remarque par la racine épaisse qui me fait trébucher. Merde, c'est pas du tout le moment de se ralentir putain. Je me relève difficilement et ignore la douleur lancinante provenant de mon genoux. C'est qu'une éraflure, ça va passer. Je cours jusqu'à m'en brûler les poumons, et comprends que mes efforts parviendront enfin à avoir une récompense.

— Come posso aiutarla, signorina ? (Je peux vous aider mademoiselle ?) m'interpelle un homme dans sa voiture.

— Mio Dio, puoi portarmi da qualche parte ? (Mon Dieu, oui, vous pourriez me conduire quelque part ?) réponds-je sans respirer.

— Salga, (Montez) il m'ordonne presque.

J'obéis et mets ma ceinture. Généralement, je ne monte jamais dans la voiture d'un inconnu, mais aujourd'hui, j'en ai vraiment besoin. Sinon je ne m'en irais jamais de ce pays.

— E dove sta andando ? (Et vous allez où ?) je demande pour alléger l'atmosphère.

— In California, e lei ? (En californie, et vous ?)

Je pouffe légèrement de rire, ce qui attire son œil vers moi.

— In auto ? (en voiture ?)

Il ricane à son tour, me trouvant sûrement débile, et répond.

— Ho un imbarco tra sei ore. (J'ai un embarquement dans six heures.)

Je comprends mieux.

Californie... Un état très intéressant, surtout en cette saison d'été... La distance parfaite pour qu'on ne me trouve pas d'ici là.

— Normalmente avrei dovuto andarci con mia sorella, ma lei ha avuto un contrattempo, quindi ho un biglietto inutile. (Normalement je devais y aller avec ma soeur, mais elle à eu un contretemps, j'ai donc un billet inutile. ) annonce-t-il.

— Cosa intende con questo ? (Que sous-entendez vous par là ?)

Même si j'ai très bien compris ce qu'il voulait dire, je veux voir s'il est capable d'aller jusqu'à cette proposition.

— Lei lo sa benissimo. (Vous le savez très bien.)

Effectivement, c'est bien pour cela que j'accepte par la suite. J'ai une occasion de fuir avec facilité, je ne vais pas me faire prier. Heureusement que j'ai pris un sac avec quelques snacks, quelques habits, et quelques billets. Oui, je les ai volé à mon père, mais puisque nous sommes de la même famille, je ne compte pas réellement ce geste tel qu'un vole. C'est plutôt... Un cadeau que je me suis faite moi-même.

Un nouveau départ pour une nouvelle vie. C'est ici que mon ancienne vie s'achève. Adieu, chère famille. J'aurais aimé que ça se passe autrement, mais malheureusement ce n'est pas le cas. Vous auriez dû faire quelque chose pour elle, mais vous avez préféré ignorer.

***

Vingt-cinq ans
USA, California

Assise sur une chaise devant le comptoir du bar, mon amie attendait désespérément que mon service se termine. Cela devait faire au moins une bonne trentaine de minutes qu'elle restait devant moi, et l'ennui dominait son visage. Elle m'avait déjà raconté sa journée en à peine dix minutes, et n'avait donc plus rien d'intéressant à partager.

— Ça ne se fait pas, pourquoi dois-tu travailler aussi tard ? marmonna-t-elle.

— C'est le principe d'un club, Angie, répondis-je.

Elle souffla une fois de plus, et me demanda un énième verre de "Williams Tonic". Cette fille se comportait comme une enfant, et malgré que c'était ce qui faisait son charme, quelques fois, ça devenait exaspérant.

— Mia ! m'appela mon supérieur.

Je lui fis signe que je l'écoutais et il m'annonça que je pouvais enfin avoir ma soirée. Ou du moins, le reste.

— Super ! On va enfin pouvoir s'amuser ! s'extasia Angie.

— Tu es épuisée, Angelina. On rentre.

Elle prit un air furieux, même si elle savait que ça ne fonctionnait pas sur moi, et me répondit fort.

— Je ne t'ai pas attendu pendant douze ans pour rien, ma cocotte, donc va m'enfiler cette petite robe et revient auprès de moi quand tu seras prête, elle me dit tout en me lançant un tissu au visage.

Je l'attrapais de justesse et la dépliais. Je rêve, elle a pris ça de mon armoire ?

— Angie, je te jure que si-

— Allez, allez, allez, va t'habiller, me poussa-t-elle vers les vestiaires.

Je minaudais quelques plans pour me venger, tout en mettant la robe que mon amie m'avait forcé de mettre. Je la trouvais plutôt pas mal sur moi, elle mettait bien en valeur mon teint matte, de sa couleur verte émeraude. J'aimai beaucoup cette couleur, je trouvai qu'elle avait quelque chose de féerique. Je n'irais pas jusqu'à dire que c'est ma favorite, mais quand même.

Lorsque je ressortis, Angie se tourna vers moi, et devint completement folle.

— Aaaaah !!! Mia, t'es magnifique, putain ! Je ne comprends vraiment pas pourquoi tu ne l'as jamais mise !

— Justement pour éviter ce genre de réaction, soufflai-je.

Elle ignora ma réplique et m'emmèna sur la piste en me prenant par le bras. Je me retirais de sa poigne et la suivis sans qu'elle ne me touche. Il faut dire qu'elle avait l'habitude de ce genre de comportement venant de ma part. J'aimai bien les contacts physiques, mais seulement avec ma famille. J'aimai aussi ceux d'Angelina, mais sans savoir pourquoi, je la repoussai sans cesse.

— Attends, j'ai besoin d'un verre, avant, j'annonçai en me retirant de la piste.

Elle me fit signe qu'elle comprenait, et continua tout de même de danser. On ne voyait presque qu'elle danser, ce fut de voir impressionnant comme son corps en mouvement était hypnotisant...

Je me retrouvai donc une fois de plus derrière le bar, mais cette fois-là, dans un but purement personnel. Il ne restait plus qu'assez pour un verre de Mojito. Je retrouvais ensuite mon amie, et dansais avec elle. Nous nous mouvions au rythme de la musique, sans pour autant s'arrêter à cause de la fatigue qui dominait notre corps. Malheureusement, l'essoufflement me stoppa, imposant à mon amie de me rejoindre au bar pour me reposer.

— Tu as arrêté de les prendre, c'est ça ?

— Que je le fasse ou non, le résultat reste le même, j'aurai toujours du mal à respirer, autant ne pas les gaspiller.

— N'importe quoi, Mia, ton docteur te l'a dit, il a vu des progrès.

— Ca n'a augmenté que de trois pourcent, Angie

Elle me fusilla du regard, et reprit.

— Trois pourcent reste trois pourcent, c'est déjà super !

Je levai les yeux au ciel, et finissais mon verre d'une traite. Une personne vint par la suite s'assoir à une chaise de moi, et commanda la boisson que je venais de finir.

— T'es pas sérieuse, Mia ? me reprocha Dan, mon collègue.

— J'ai rien fait, je ne sais pas de quoi tu parles.

Il me lança un regard furtif, et je me retournai vers le client pour mieux l'examiner.

𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐀𝐅𝐈𝐀 𝐂𝐋𝐄𝐀𝐍 #1 [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant