☽ 𝙲𝙷𝙰𝙿𝙸𝚃𝚁𝙴 𝟸 ☾

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MARIA RUIZ

Deux jours plus tard,
Mercredi 23 novembre,
Appartement.

M'habillant d'un ensemble blazer noir et de chaussures rouges bordeaux, ainsi que d'un sac assorti, je m'apprete à sortir boir un verre avec Marcus qui m'attendais déjà en bas, dans sa voiture. Marcus était effectivement l'homme qui m'a fait découvrir un nouveau monde, mon billet pour l'Amérique. Il faut dire qu'après avoir atterri sur le sol californien, je n'avais nul part où aller, j'avais dû m'héberger chez lui le temps de trouver un travail et un appartement. Par la suite, j'ai été à la recherche d'une colocataire, et c'est comme ça qu'Angie et moi sommes devenues de meilleures amies. Non seulement nous avions un lieu de travail en commun, mais en plus nous venions du même pays.

— Ton prince charmant t'attend depuis dix minutes, m'informa mon amie.

— Je sais, mais je préfère le faire patienter, répondis-je, un sourire aux lèvres.

— Sorcière, m'insulta-t-elle.

Je fais une mine choquée, puis la rejoins dans son fou rire. Estiment que c'en était assez, je saluais Angelina, et rejoignais Marcus. Celui-ci n'avait l'air en rien agacé. A vrai dire, il avait l'habitude avec moi, je prenais toujours mon temps lorsque je devais sortir en sa compagnie. Non pas parce que je ne l'aime pas, mais parce que son expression m'amusait. Chaque fois que je faisais cela, il reproduisait la même grimace.

— Tu ne me complimente pas ? le taquinais-je.

— Rentre dans la voiture, soupire-t-il.

Je ricanais et obéissais. Lui et moi avons une relation très spéciale, je devais l'avouer, mais elle nous était spéciale. J'attendis qu'il démarre le contact, et nous voilà en route pour un restaurant dont je n'ai pas la moindre information. C'est censé être une surprise pour notre anniversaire de rencontre.

— Merde, pestait-il.

— Quelque chose cloche ? lui demandai-je.

— Non non, tout va bien, mentit-il.

J'essayai de comprendre ce qui le mettait dans cet état, et m'affolai lorsque je le fis. Depuis cinq minutes, son regard était rivé sur les rétroviseurs, comme s'il fuyait quelque chose, j'ai donc assimilé son stresse et ses actes précipités au fait qu'on nous suivait. La voiture derrière nous n'était pas celle qui nous poursuivait, c'était plutôt celle à deux voitures de loin. Ingénieux...

On voit que ce n'est pas la première fois qu'il fait ça.

— Arrête d'agir de manière si affolée, tu vas te faire cramer. Fait comme si tu ne l'avais pas vu, soufflai-je.

Il me dévisagea longuement avant de s'exécuter.

— Tourne à droite, ordonnai-je.

— Mais ce n'est pas...

— Tu penses encore au resto alors qu'on est sûrement en danger, là ? le coupai-je.

Il se tût, et opina du chef. La range rover noire suivit le mouvement, nous indiquant qu'elle nous suivait belle et bien.

— On fait quoi maintenant ?

— Va quelque part où il n'y a aucune voiture.

Il ne comprit pas de suite, mais le fit quand même. J'ouvris la boîte à gant et en sortais mon Glock 31. Marcus me regarda, paniqué d'avantage lorsque j'ouvris la fenêtre et en sortit la moitié de mon corps.

— Tu vas appuyer à fond sur l'accélérateur, et tu vas te concentrer sur la route. Ne fais surtout pas attention à moi, compris ?

Je n'attendais pas qu'il acquiesce pour tirer sur le pare-brise du conducteur. Une vitre blindée... Merde, la seule solution c'est de crever ses pneux, mais ça fait si longtemps que je n'ai pas manier mon armes que je tire à côté...

Je vis une vitre s'abaisser à leur tour, et un homme blond en sortir. Une Lupara en mains, il essaya de me viser.

— Zigzag ! criais-je à mon compagnon.

Ces hommes viennent de Sicile, et je suis sûr et certaine qu'ils sont envoyés par mon père. Mais quel malade, putain, je fais tout pour les éloigner de ma vvie, et eux ils essayent de me reprendre... J'ai l'impression d'être dans un film.

— Non toccarla ! Il capo la vuole viva, idiota ! (Ne la touche pas ! Le patron la veut vivante, idiot.) entendis-je le conducteur s'exclamer.

Marcus est trop proche d'eux, ça ne va pas le faire, ils vont nous avoir. J'essayais tout de même de tirer sur la roue avant côté passager, et réussis à temps. A temps puisque par la suite, trois mercedes noires ont entouré la range rover, et l'ont criblé de balles. Putain de merde, c'est quoi ce bordel...

— Oh mon Dieu, Mia, rentre dans la voiture, me tira Marcus.

— Accélère, vite ! criai-je, folle de peur.

Qui sont ces hommes, et pourquoi nous ont-ils sauvé ? Ou peut-être était-ce simplement une coïncidence, et ils étaient venu les chercher pour régler des comptes ? Oui, ce doit être ça, sûrement. Autrement, il n'y pas d'explications rationnelles à cela...

— Hé, Mia ! Je te parle là !

La voix de mon petit ami m'extirpa de mes pensées, me faisant revenir à la réalité.

— On fait quoi maintenant ? demanda-t-il lorsqu'il comprit que je l'écoutais de nouveau.

J'ai entendu cette phrase deux fois en même pas cinq minutes, et j'ai déjà envie de me tirer une balle dans la tête.

— Arrête-toi dans une ruelle vide et sombre, on va rester là-bas quelques minutes le temps d'être sûr de ne pas être re-suivi.

C'est définitif; c'est le pire anniversaire de rencontre que l'on ai pu passer... Nous nous arrêtâmes à un endroit totalement inconnu à mes yeux.

— Pablo, ¿vas para allá? (Pablo, tu vas où là ?) entendis-je d'une voix rauque.

— Voy a buscar a la otra perra antes de que se escape, idiota. (Je vais chercher l'autre pétasse avant qu'elle s'enfuit, ducon.) répondit le fameux Pablo.

Mes poils se hérissèrent quand je compris qu'il s'agissait de moi. Des Italiens pour mon père, et cette fois, des Espagnols... Pour qui travaillent-ils ? Putain, on s'est mis dans une énorme merde, ça le fait pas du tout.

— Éteint tout et abaisse-toi, chuchotais-je.

— El jefe nos ordenó que los dejáramos a safe, ¿qué parte de eso no entiendes, cabron ? (Le patron nous a ordonné de les laisser safe, tu comprends pas quoi dans ça, connard ?) répliqua l'autre homme, pendant que nous changions de positions.

Il ne sont donc pas là pour nous tuer... C'est bon à savoir, mais pas lorsqu'on se doute bien qu'ils nous veulent quelque chose. Enfin, me veulent. Un des deux souffla lourdement, m'indiquant que c'était Pablo, au vu de son agacement.

— Joder, (bon sang) elle le tient par les couilles, c'est pas possible autrement.

Ils savent donc parler anglais... Alors pourquoi n'avoir dit que des phrases en espagnol ?

J'entendis des bruit de pas courant vers l'opposé de notre emplacement, et nous entendîmes un bon moment avant de repartir en route.

— J'ai pas réservé pour rien, moi, s'énerva Marcus. Et je voudrais bien des explications, d'ailleurs, reprit-il.

— Tu veux sérieusement faire comme si tout ça ne s'était pas passé ?

Il répondit que oui, ce qui me valut un soupir, mais il n'y fit pas attention. Honnêtement, si j'avais dit que ça ne me dérangeait pas de continuer notre soirée comme si de rien n'était, c'était un beau mensonge. La fatigue prenait, malgré moi, le dessus de mon corps. Une immense incapacité à avancer droit m'empêchait de rentrer dans ce restaurant où tout avait commencé.

— Qu'est-ce qui te prends, redresse-toi. C'est pas le moment de faire la bourré, là.

— Marc... Je ne me sens pas bien... Je crois que...

Et avant même que je n'ai pû terminer ma phrase, mon cerveau s'arrêta de fonctionner. Le noir prenait place aux couleurs qui étaient devant moi, autrefois. J'entendis de vagues cris ressemblant à mon nom, mais tout ce que je percevais dans cette profondeur, c'était le noir.

𝐓𝐇𝐄 𝐌𝐀𝐅𝐈𝐀 𝐂𝐋𝐄𝐀𝐍 #1 [EN RÉÉCRITURE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant