Chapitre 6:Amour Impossible

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Le lendemain matin, malgré le poids qui écrasait mon cœur, je décidai de retourner en cours. Je ne pouvais pas rester chez moi indéfiniment, fuyant la réalité, même si chaque fibre de mon être me hurlait de ne pas affronter Lady Lesso à nouveau. Je ne pouvais plus me cacher derrière une fausse maladie. La vérité, c'est que j'avais besoin de réponses, de clarté, de comprendre pourquoi la veille m'avait fait autant de mal.

En arrivant au lycée, mon meilleur ami m'attendait déjà. Toujours là pour moi, son sourire habituel était apaisant, mais il semblait curieux, un brin inquiet.

"Salut t/p ! Comment ça va ? Tu n'es plus malade ?"

Ah, c'est vrai. J'avais oublié que j'avais feint la maladie la veille pour éviter les cours, éviter **elle**. Je feignis un sourire, tentant de balayer d'un revers de main mes pensées douloureuses.

"Oui, oui, ça va mieux. Rien de grave..." J'évitai son regard, craignant qu'il puisse lire à travers moi. "Tu viens, on va en cours ?"

Il me fixa un instant, visiblement sceptique, mais hocha la tête sans insister. "Oui, allons-y."

Nous marchâmes en silence jusqu'à la salle de cours. La tension montait en moi, mon estomac se nouait à mesure que nous approchions. Devant la salle, il y avait déjà un petit groupe d'élèves qui attendait la sonnerie. J'avais encore quelques minutes. Mon regard se tourna inconsciemment vers la porte ouverte. Lady Lesso était déjà là, assise à son bureau, feuilletant distraitement des papiers. Elle semblait concentrée, mais je connaissais assez bien ses expressions pour voir que quelque chose n'allait pas.

Je pris une grande inspiration. Peut-être que je pouvais juste entrer et dire bonjour. Après tout, ce n'était pas interdit d'être courtoise, n'est-ce pas ? Peut-être qu'il était encore possible de maintenir une relation professionnelle, même après ce qu'il s'était passé.

Je m'avançai timidement vers la porte, ignorant le regard curieux de mon meilleur ami.

"Bonjour, Madame," murmurai-je en franchissant le seuil.

Sans lever les yeux de ses papiers, elle répondit d'une voix glaciale. "Ça n'a pas encore sonné."

Je restai figée un instant, comme si ses mots avaient été une gifle. La distance dans sa voix était palpable, tranchante. Je sentais une boule se former dans ma gorge.

"Merci pour la réponse..." lâchai-je en reculant lentement, le cœur lourd.

Je retournai dehors, mon esprit en ébullition. Qu'avais-je fait de mal ? Pourquoi me traiter ainsi ? Était-elle vraiment en colère contre moi ? Toute cette froideur, cette distance... c'était insupportable. J'avais espéré, naïvement peut-être, que tout pourrait redevenir normal, ou du moins acceptable, après cette nuit où je lui avais ouvert mon cœur. Mais à ce moment-là, devant sa salle de classe, je compris que tout avait changé.

Les cours continuèrent comme d'habitude, mais pour moi, rien ne l'était. Chaque fois que j'osais lever les yeux vers elle, je remarquais comment elle faisait tout pour m'éviter. Ses regards, autrefois brûlants d'une sorte de connexion étrange et mystérieuse, étaient maintenant absents. Elle ne me voyait plus. Ou du moins, elle faisait comme si je n'existais pas.

Le poids de cette indifférence m'écrasait. Je n'avais jamais ressenti une telle douleur auparavant. C'était comme si tout ce que nous avions partagé, toutes ces émotions, tout ce flirt qui avait semé le trouble en moi, n'avaient jamais existé. Comme si j'avais imaginé chaque moment.

À la fin des cours, je n'en pouvais plus. J'avais passé toute la journée à retenir mes larmes, à essayer de garder la tête haute, mais au fond, je m'effondrais. Il me fallait quelqu'un à qui parler, quelqu'un pour m'écouter. Pourtant, à cet instant, je ne pouvais rien dire à personne. Comment pourrais-je expliquer à mon meilleur ami que j'étais tombée amoureuse de ma professeure ? Comment pourrais-je lui parler de ce lien interdit, de ces sentiments qui me dévoraient vivante ?

Je rentrai chez moi, le cœur en miettes. Dès que la porte de ma chambre se referma derrière moi, je m'effondrai sur mon lit, laissant enfin les larmes couler. Je pleurai, silencieusement d'abord, puis en sanglots désespérés. Tout ce que j'avais refoulé toute la journée, toute cette douleur, cette confusion, ressortait avec violence.

Je me sentais si seule, si perdue. Pourquoi avait-elle agi de cette façon ? Avait-elle vraiment des sentiments pour moi, ou avais-je mal interprété chaque geste, chaque sourire, chaque regard qu'elle m'avait lancé ? Et si je n'étais rien de plus qu'une distraction pour elle, un jeu dangereux auquel elle avait décidé de mettre fin avant qu'il ne devienne trop sérieux ?

Je m'allongeai sur le dos, les yeux fixés sur le plafond de ma chambre. Mon esprit repassait encore et encore la scène de ce matin. Son regard froid, sa voix distante... tout cela me hantait. Je sentais mon cœur se serrer à chaque nouvelle pensée.

Je voulais la détester, mais c'était impossible. Comment pouvais-je haïr quelqu'un pour qui j'avais tant de sentiments ? Ce qui me déchirait, c'était cette ambivalence : je la désirais autant que je voulais l'oublier. C'était un combat intérieur, un tourbillon d'émotions contradictoires.

Les heures passaient lentement. Je finis par me calmer, mes larmes s'étant taries, mais le vide restait. Une partie de moi espérait encore un signe, une réconciliation, un geste qui me prouverait que ce n'était pas fini, que je ne m'étais pas trompée sur elle.

Mais une autre partie, plus réaliste, savait que c'était impossible. Je n'étais qu'une élève, et elle, une professeure temporaire. Peut-être qu'elle essayait simplement de protéger sa carrière, sa réputation. Peut-être que, pour elle, tout cela n'avait jamais été aussi sérieux que je le pensais.

Je fermai les yeux, épuisée par toutes ces pensées, et murmurai à voix basse, comme pour me convaincre : "Demain... demain, tout ira mieux."

Entre deux mondesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant