Entre deux mondes

Chapitre 3: Ce premier cours...

La salle de classe était pleine d'élèves attentifs, bien qu'un certain nombre semblaient à moitié endormis. Lady Lesso se tenait devant eux, droite, impassible, observant ce nouvel environnement qu'elle jugeait déjà bien trop normal à son goût.

"Bonjour à tous. Je serai votre professeur pendant deux mois," commença-t-elle d'un ton calme mais ferme. "Je vous préviens, dans l'école où j'enseigne habituellement, nous pratiquons un tout autre type de magie. Je ne suis donc pas vraiment adaptée à la vôtre, mais je compte faire de mon mieux pour vous enseigner."

Un élève leva la main, brisant l'atmosphère quelque peu formelle. "Quelle sorte de magie ?"

Elle resta silencieuse un moment, avant de lever simplement un doigt. Le cahier de la jeune fille assise au premier rang – celle qu'elle avait croisée plus tôt dans le bureau du proviseur – se mit à flotter dans l'air, dans une parfaite légèreté, sous les regards ébahis de la classe.

"Waw, c'est incroyable," murmura la jeune fille en question, les yeux écarquillés d'émerveillement. "Vous étiez dans quelle école ?"

Le regard intense de cette élève, et sa voix pleine de curiosité, fit vaciller Lady Lesso. Une sensation étrange monta en elle, une confusion inhabituelle. Elle, habituellement maîtresse d'elle-même, se sentait déstabilisée par ce regard inquisiteur.

"Ça suffit," répliqua-t-elle brusquement, reprenant son contrôle. "Si tu veux en savoir plus, viens me poser des questions à la fin du cours."

Pourquoi avait-elle dit ça ? D'ordinaire, elle n'aurait jamais permis une telle proximité. Quelque chose clochait.

La jeune fille acquiesça doucement. "D'accord..."

La sonnerie retentit, signalant la fin du cours. Les élèves se levèrent en hâte, rassemblant leurs affaires avant de quitter la salle. Pourtant, une présence restait derrière, silencieuse. La jeune fille aux yeux perçants était toujours là, hésitante près du bureau.

"Madame ?"

"Appelle-moi Lesso."

"D'accord... Lesso," dit-elle doucement, semblant peser chaque mot. "J'aimerais savoir... vous venez de quelle école exactement ?"

"Je viens de l'École du Bien et du Mal. J'enseigne du côté du Mal, mais ça, tu as sûrement dû t'en rendre compte rien qu'en me regardant."

La jeune fille esquissa un léger sourire. "Il n'y a pas que du mal en vous, vous savez."

Lesso baissa les yeux, déconcertée par cette remarque. "Peut-être," murmura-t-elle. "Mais je n'en suis pas certaine. Enfin bref, as-tu d'autres questions à poser ?"

La jeune fille hocha la tête. "Oui, j'en ai une dernière... Pouvez-vous m'enseigner votre magie ? Je pense avoir les capacités de la pratiquer."

Lesso soupira. "Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Je n'ai pas envie de m'attirer des ennuis."

"Allez, s'il vous plaît. Je me ferai discrète."

Une idée traversa l'esprit de Lesso, une idée insensée, qu'elle s'entendit dire malgré elle. "Que dirais-tu de venir chez moi après les cours ? Je pourrais t'enseigner ma magie en privé. Cela me permettrait de me changer les idées, car je n'apprécie pas particulièrement d'enseigner la vôtre."

La jeune fille sembla réfléchir un instant. "Vous n'aimez pas enseigner notre magie, alors pourquoi le faites-vous ?"

"Je n'ai pas vraiment le choix. C'était ça ou perdre mon poste après avoir, disons, blessé involontairement un élève."

Un silence lourd s'installa. La jeune fille semblait peser cette proposition inhabituelle, mais elle n'avait pas l'air effrayée. Au contraire, une lueur d'excitation brillait dans ses yeux.

"J'accepte," déclara-t-elle enfin. "Je viendrai chez vous pour apprendre. On commence quand ?"

"Et bien... pourquoi pas ce soir ?"

La jeune fille hésita une seconde. "Euh... d'accord, mais je dois prévenir ma mère. Le chemin est assez long pour rentrer chez moi. Est-ce que je pourrais... dormir chez vous si ça ne vous dérange pas ?"

Lesso la fixa, surprise par la demande, mais acquiesça d'un simple hochement de tête. "Bien sûr. À ce soir."

"À ce soir."

Alors que la jeune fille sortait, Lady Lesso resta un moment immobile, plongée dans ses pensées. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Pourquoi avait-elle fait cette proposition ? Rien de tout cela ne faisait sens.