ꜱᴏᴜᴄɪ

7°

Tout recommence, le sol froid, la pièce vide, Kaveh, et des questions.
Alhaitham se retrouve toujours ici, dans ce même cadre, comme bloqué dans une boucle temporel, qui lui fait constamment revivre cet instant.

"- Que veux-tu dire ?"

Le corps de Kaveh se rapproche davantage, comme la dernière fois.
Ces doigts se retrouvent une nouvelle fois sur la peau pâle de son pair.
Comme la dernière fois.

"- Tu as des mots au bord des lèvres."

Le sourire de Kaveh est doux, l'invite à en dire plus, sur les mots qui se logent dans le fond de son cœur.
Mais Alhaitham n'a plus de mots, le vide l'accable.
Une partie de lui semble s'être égaré dans les étoiles cette nuit.
Une part de cette trop grande curiosité, de ses ambitions déformées, de cette intérêt pour cette quête insensée.

Kaveh lui a échappé il y a longtemps.

Sa gorge le sert, son cœur se tord sous le sentiment singulier de la déception.
Son premier échec le regarde de ses yeux carmins, avec ce même sourire, avec ce mystère au fond de l'âme.
Son premier échec, le calcul trop complexe, l'énigme trop subtile.

Kaveh le regarde toujours, mais Alhaitham ne le voit déjà plus,  les questions et les mystères qui l'entourent lui collent à la peau, encore, toujours plus.
Ils se multiplient, viennent  cacher son sourire, sa peau, et enfin ses yeux disparaissent, noyés par ces interrogations.

L'air commence à lui manquer et la main froide de Kaveh est toujours sur sa joue.

"- Je veux que tu t'en ailles..."

Le sourire de Kaveh disparaît, et Alhaitham réalise à ce moment là qu'il ne l'avait jamais quitté.

Le silence lui répond, les lèvres du blond reste entrouverte, comme si il des mots voulait s'y échapper, se répandre sur le sol, envahir la pièce, couvrir ceux de Alhaitham, les étouffer.
Mais rien, le silence.

À cet instant Alhaitham a l'impression que le cœur de Kaveh est un miroir, dans lequel il aurai tapé de toute ses forces.
Que les débris s'étalent bruyamment sur le sol, un fracas d'émotions et de mots intenables.
Et l'image se fige, du sang sur les mains, du verre sur le sol.

Le regard de Kaveh se décompose, il tente une nouvelle fois d'articuler des mots mais il demeure muet.
Ses mains tremblent et ses yeux semblent se remplirent de larmes.
Mais Alhaitham ne le regarde déjà plus, fixant le plafond blanc.
Les dès étaient déjà jeté, il aurai dû comprendre plus tôt que tout ceci ne le mènerai à rien.

Et qu'un cœur était si facile à briser.

Puis finalement le silence disparaît avec les pas de Kaveh.
La vague passe enfin, et Alhaitham a l'impression de remonter enfin à la surface après une longue apnée, et de laisser à nouveau l'air froid envahir ses poumons.
Ses yeux se ferment, le sol gelé lui transperce le dos, et il laisse échapper un soupir, celui d'un soulagement étrange.

Alhaitham restera le chercheur sans réponse.
Et en un dernier regard il voit l'image de cet éternel inconnu lui échapper, passer la porte, pour toujours.