Si on repartait à zéro

Chapitre 12

14/12/1998 :

Drago s'extirpa de son lit, épuisé par la nuit qu'il venait de passer. Comme d'habitude, son sommeil était empreint de cauchemars. Il revoyait le sourire maléfique de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, il l'entendait lui rire au nez, se moquer de ses larmes. N'avait-il pas droit à une vie de repos ? Il semblait que non. 

Drago tourna le regard de l'autre côté du lit. Narcissa n'était plus là. Quand ils avaient emménagé dans cette ville, elle dormait souvent plus tard que lui, mais plus les jours défilaient moins elle dormait.

« Mère ? » l'appela-t-il en arrivant dans le salon. 

Narcissa s'était assoupie sur le canapé, emmitouflée dans une couverture, sa peau plus pâle que jamais et ses cernes encore plus épaisses et profondes que la veille. Elle respirait faiblement dans son sommeil agité, gémissant de douleur et de peur, sans doute. 

Drago se pencha pour déposer un baiser sur son front avant de filer sous la douche. Lorsque l'eau gelée se déversa sur lui, ses épaules se tendirent et ses muscles se contractèrent. Seulement, peut-être pour se punir d'une certaine manière, il se refusait à augmenter la température. C'était bête, car cela ne changerait rien à tout ce qu'il avait fait, mais il avait ainsi l'impression de ne pas s'offrir une vie confortable qu'il ne méritait pas.

Dès qu'il fut habillé, il laissa un papier sur la table basse du salon pour prévenir sa mère de son départ puis déambula dans les rues afin de trouver le café où il avait rendez-vous avec Théodore et Blaise. Drago n'avait pas vu Théo depuis quelques jours, et encore plus pour Blaise. Il était content d'enfin pouvoir passer du temps avec eux.

Assis sur une banquette à l'intérieur du bistrot, un chocolat chaud devant lui et un roman dans les mains, Théo ne remarqua la présence de Drago que lorsque celui-ci s'assit en face de lui. Levant la tête, il le gratifia d'un sourire et rangea soigneusement son livre dans un petit sac qu'il avait avec lui.

« Depuis quand tu te balades avec un sac, toi ? » s'étonna le blond. 

Théo dégagea nerveusement ses boucles brunes de son visage et se mordit la lèvre d'un air coupable.

« Mm... depuis que Daphné m'en a offert un ? 

- Daphné t'a offert un sac ? »

Drago fronça les sourcils, pas trop sûr de comprendre. Puis, voyant une lueur de joie briller dans les yeux de son ami, il comprit.

« Vous êtes ensemble ? »

Théo hocha la tête, à la fois fier et mal à l'aise.

« Je vais chez les Greengrass pour Noël, d'ailleurs. »

Drago grimaça intérieurement. Cela signifiait que Théodore n'allait pas tarder à apprendre ce qu'il s'était passé entre Astoria et lui. 

« Tu pars quand ? 

- Le vingt-deux. Tu voudras qu'on se revoie avant ? Si tu veux, je suis libre le dix-sept. On pourrait se faire un truc, avec Blaise. D'ailleurs, lui part le dix-neuf. »

Drago hocha la tête et commanda un café à la serveuse qui s'était approchée d'eux. 

« Blaise arrive ?

- Ouais, il est en retard. Il a fait la fête toute la nuit, alors il vient de se réveiller. Il ne devrait plus tarder. »

En effet, quelques minutes plus tard, Blaise déboulait dans le café, l'air encore endormi et la démarche nonchalente, et vint s'asseoir avec ses amis. La matinée passa ainsi, ils discutèrent de tout et de rien et Drago put s'amuser sans arrière-pensée, profitant simplement de ses amis et de l'ambiance chaleureuse qu'ils lui offraient.