Recueil

Une rencontre

Lors de ma promenade matinale au jardin des plantes, une jeune fille attira mon attention. Elle était élégante et gracieuse, ses manières étaient distinguées. Ses cheveux d'or étaient relevés en chignon qui laissaient apparaître une nuque délicieuse. Sa robe sophistiquée lui donnait le charme d'une princesse. Elle marchait en compagnie d'une autre dame, légèrement plus âgée. Je n'avais jamais vu pareille beauté et mon souffle en fut coupé pour quelques secondes. Je m'étais inconsciemment figé et la fixais, ne pouvant détacher mon regard d'elle. Elle finit par tourner la tête et me vit. Après quelques secondes un sourire timide s'afficha sur son minois. Sa beauté en fut décuplée, elle était magnifique à en faire pâlir Aphrodite. Je venais de voir une déesse, mon cœur en rata un battement et je me sentis rougir violemment. Son sourire illumina ma journée comme tout son être illumina ma vie. Le temps s'était arrêté et je ne savais plus très bien où je me trouvais, si ce n'est en face de cette resplendissante créature. Je venais de trouver ma Laure, je voulais être son Pétrarque. J'aurais voulu lui écrire mille et un sonnets sur-le-champ, les lui réciter en y mettant toute l'ardeur de mes sentiments, de mes émotions qui allaient et venaient me giflant et m'assommant sous leur force. Cependant, lorsque je revins à moi, la douce chose s'était volatilisée. Son visage était toujours encré et gravé en moi mais celle-ci avait belle et bien disparue. Mon désespoir fut tel, j'en rentrais chez moi tout bouleversé. Toutes mes pensées tournaient autour d'elle, sa peau pâle et lisse, son nez retroussé, ses pommettes saillantes, ses lèvres couleur carmin et ses grands yeux noisette m'avaient envoûté. Je prenais une feuille de papier et griffonnais quelques vers que m'inspirait cette douceur. Ma plume gratta le papier avec force, l'inspiration ne se tarissait pas, j'étais fou d'elle. Fou d'une inconnue que je ne reverrai sûrement jamais et rien que cette pensée laissait un trou béant à l'emplacement de ma poitrine. Le lendemain, je retournai au jardin dans l'espoir de la croiser, mais il n'en fut rien. Ni le surlendemain et encore moins le suivant. Cet ange avait ouvert mon cœur, et chaque soir je déposais mes émotions encore brûlantes d'amour sur le papier. Je le savais, un recueil de poèmes entier serait écrit grâce à elle. Je n'avais jamais mis autant d'ardeurs et de désir à ma passion depuis qu'elle était alimentée par cette belle inconnue.