Une maladie addictive.

8.Eric

Manon dort a point fermé, je devrais faire la même chose mais une partie de mon corps m'en empêche...

Maddison ne m'a toujours pas répondu et je commence à sentir ma frustration monter. Elle m'a dit de lui écrire qu'en cas d'extrême urgence, seulement là s'en est une. Si nous nous voyons pas très rapidement, je ne sais pas comment nous allons gérer ce foutu weekend. Est-elle déjà au courant ? Non, bien sûr que non vu que le patron de son copain, c'est moi !

Je me retourne pour la énième fois dans ce foutu grand lit. Mon agacement est à son comble. Mon regard reste rivé au plafond, et mon esprit, lui, est à plus de trois kilomètres d'ici à attendre que wonder woman daigne répondre à mon message.

J'aimerai m'en foutre, prendre ma femme dans les bras et ne plus me préoccuper de ce que cette démone polaire me procure mais je ne peux pas.

Premièrement parce que Manon me tourne le dos, comme la plupart des nuits et deuxièmement, elle ne m'accorde pas autant d'attention que la copine a Jason.

Je dois avouer que j'ai pas mal repensé au début de la nuit que j'ai passé avec Maddison et pour être honnête cela faisait longtemps que je ne m'étais pas senti autant comblé. Je me demande comment elle dort avec Jason. Sont-ils comme Manon et moi, à dormir chacun de leur côté ou dorment-ils comme deux amoureux de la vie, collés serrés.

Mon téléphone émet une légère vibration sur ma table de chevet, sans perdre une minute, je me rue dessus. Maddison.

C'est bien elle. Elle m'a enfin répondu, après des heures à attendre. Polaire a enfin daigné me répondre !

Ok, elle m'a donné rendez-vous dans un bar à l'autre bout de la ville. Pourquoi faut-il qu'elle complique toujours les choses ? Elle ne pouvait pas choisir le skate parc du coin. Comment vais-je expliquer à Manon que j'ai quitté notre maison, et pris la voiture en pleine nuit ?!

Bien sûr, j'ai toujours eu un alibi en béton mais là, si elle se réveille et qu'elle entend la voiture quitter la cour de notre villa, je suis mort. Mais je n'ai pas le choix. On n'a pas le choix.

J'embrasse la tempe de ma femme puis lui écrit un petit mot que je pose sur mon cousin:

"Je suis parti dormir en bas. Trop d'insomnies. Repose toi, je t'aime . E."

Manon a l'habitude, je fais très souvent des cauchemars qui me poussent à l'insomnie. Bien évidemment elle n'est au courant d'aucuns d'entre eux et il est hors de question que Manon sache pour Olive et moi. Elle ne le comprendrait jamais.

Dès le début de notre emménagement, je lui ai dit que j'avais besoin d'intimité pour mes crises de sommeil. Au début, ça a été compliqué, elle a essayé à plusieurs reprises de fouiner dedans mais j'ai toujours réussi à l'en empêcher. Puis un jour, elle m'a vue faire une crise cauchemardesque, elle a eu tellement peur pour moi qu'elle m'a imposé de dormir dans ma chambre d'enfant une semaine complète pour être sûr que tout aille bien. Du Manon tout craché...

Le seul petit point qu'elle ne comprend toujours pas, et qu'elle ne comprendra jamais, c'est: pourquoi cette pièce-là. Pourquoi elle en particulier ? Mais je ne peux pas lui dire. Je pense que même moi, je n'ai pas la réponse.

Je suis peut-être masochiste... Dormir là où tous mes pires souvenirs se sont formés m'apaise... Comme pour être sûr que mon grand père ne m'y attend pas. Qu'il a bien quitté la maison... en même temps qu'elle.

Une fois changé et parfumé, je prends la voiture et entre l'adresse que ma maîtresse m'a indiqué dans le GPS. Sans plus attendre je m'engage sur la nationale.