Chapitre 3

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— Je trouve ce couloir un peu effrayant, pas toi ?
Après avoir été briefé par les préfets de Serdaigle de septième année, me voici en train de faire ma ronde de nuit avec Amit.
— Cette armure nous suit du regard !
— Bien sûr qu'elle nous suit du regard, on est à Poudlard, soupiré-je.
— Il manquerait plus que Peeves sorte de nulle part et...
Lumos !
Amit pousse un cri de surprise avant de se recroqueviller sur lui-même. Quelques portraits nous lancent des regards noirs.
— Dites donc, jeunes gens, il y a des personnes qui veulent dormir.
— Pardonnez-nous, c'est notre première nuit dans ce couloir en tant que préfets. On ne recommencera plus, promis, lui dis-je.
Le portrait qui représente un célèbre alchimiste du treizième siècle se renfrogne tout en parlant dans sa barbe.
Je m'accroupis devant mon acolyte de Serdaigle.
— Tu veux qu'on jette un coup d'œil à la tour d'astronomie avant de rentrer aux dortoirs ?
Il lève timidement la tête.
— O-oui. Je veux bien.
Je l'aide à se relever avant de continuer de longer le couloir.
C'est plutôt calme ce soir, par rapport à ma toute première ronde.
La nuit qui a suivi après l'annonce des trois champions, les élèves ne tenaient plus en place. Notamment les Serpentards, fiers d'avoir un représentant de leur maison comme champion. Combien de fois ai-je dû les sermonner pour qu'ils retournent fêter la nomination de leur champion dans leur dortoir ?
Nox !
Nous arrivons face au Grand Escalier de Poudlard. Une fois les marches matérialisées, nous montons un nombre incalculable de marches avant d'atteindre l'entrée de la tour d'astronomie. Cependant, notre moment de quiétude touche à sa fin.
— Tiens, tiens, tiens. Ne serait-ce pas notre Serdaigle, l'héroïne de Poudlard ?
Pourquoi fallait-il qu'elle fasse sa ronde aussi loin de sa salle commune ?

Légèrement agacée par le ton avec lequel Imelda Reyes me parle, je lui réponds :
— Bonsoir, Imelda. Moi aussi je suis ravie de te voir.
Elle remarque la présence d'Amit.
— Alors comme ça vous avez besoin d'être deux pour faire une ronde ? ricane-t-elle.
Je n'ai vraiment pas envie de me prendre la tête avec elle.
— Si tu n'as rien d'intéressant à signaler, on va te laisser.
Sans ajouter quoi que ce soit, je passe à côté d'elle. Amit me colle aux talons. Mais la Serpentard n'a pas dit son dernier mot.
— Finalement, tant mieux si tu n'as pas participé à la sélection du tournoi. En ce moment même, ce serait les Serdaigles qui fêteront les louanges de leur championne. Je suis sûre qu'ils sont hyper déçus que tu n'aies pas participé.
Je me contente d'écouter en silence, tout en serrant les poings. Amit me dévisage d'un air inquiet.
— Heureusement que nous avions le meilleur duelliste de Serpentard. Tout le monde oubliera bien vite que c'était toi la meilleure duelliste de l'école. Grâce à toi, Sebastian va regagner son titre... Eh ! Tu m'écoutes ?!
Je ne lui réponds pas. Je veux bien qu'elle crache son venin sur moi autant qu'elle le veut, mais il y a bien un sujet sur lequel je ne veux pas m'éterniser, c'est Sebastian.
Quand il est devenu champion de Poudlard, une question me taraude depuis : qu'est-ce qui lui a pris d'avoir participé ?
Quelle est la véritable raison qui le motive ? Sebastian, qu'essais-tu accomplir ? Cela m'inquiète.
Tandis que je continue mon chemin, j'entends Imelda fulminer dans mon dos.
— Tu ne penses pas qu'elle va se venger ? me demande anxieusement Amit.
— Qu'elle essaye ! Elle ne me fait pas peur.
Oh, non. Un inferius est beaucoup plus effrayant qu'Imelda. Rien que d'y repenser, j'ai le corps qui tremble. Ces cadavres ambulants sont les choses les plus terrifiantes que je n'ai jamais vues de ma vie ! Et le plus traumatisant, c'est que ces morts-vivants font partie d'un douloureux souvenir. Celui où je revois Sebastian, debout dans les catacombes de Feldcroft, entouré de ces cadavres qu'il contrôlait avec de la magie noire. J'aurais dû supplier Ominis de rester avec moi à ce moment-là. Si je l'avais fait, peut-être qu'à nous deux on aurait réussi à le convaincre d'arrêter. Si je l'avais fait, Sebastian n'aurait alors pas... En somme, je préfère me battre contre cent exemplaires d'Imelda Reyes au lieu d'un inferius.
Je jette un coup d'œil rapide à mon ami de Serdaigle. Vaut mieux pas lui en souffler un mot, sinon il serait capable de s'agripper à mon dos toute la nuit.
Le lendemain matin, lorsque je me réveille, je suis seule dans le dortoir. Les autres filles sont déjà parties en cours, ce qui me laisse la chambre rien que pour moi. Depuis mon lit, je tire le rideau de ma fenêtre pour pouvoir admirer le paysage de ce premier jour d'automne. J'aime bien me perdre quelques minutes en ne pensant à rien d'autre. Les feuilles des arbres commencent à aborder leur couleur orange, alors que la surface du Lac Noir ondule longuement au fil d'une brise de vent. C'est ce paysage calme et paisible que j'apprécie de bon matin.
Cependant, mon moment de plénitude touche rapidement à sa fin dès que j'aperçois le vaisseau de l'Institut de Durmstrang voguer sur le lac. Une boule d'angoisse se forme au niveau de mon ventre, la réalité me revient de plein fouet. Tous mes soucis me reviennent instantanément : mon nouveau rôle de préfète, le tournoi des Trois Sorciers et puis cette personne...
Je me lève à contrecœur tout en soupirant. Allez, il faut que je me prépare moi aussi pour cette nouvelle journée.
Poppy me rejoint dans la cour en face de la salle de Métamorphose, tout en m'apportant une part de gâteau qu'elle avait gardé de côté exprès pour moi. Je la remercie avant de prendre un morceau avec appétit.
— Je n'arrive pas à y croire ! Comment peut-on t'obliger à surveiller une partie du château jusqu'à l'aube ?!
— Notre très cher directeur, qui d'autre ? dis-je la bouche pleine.
Nous nous asseyons au bord de la fontaine. Poppy semble toujours mécontente de mes horaires nocturnes.
— Ta santé va y passer si c'est comme ça toute l'année !
— Poppy, sache que l'année dernière je me promenais souvent seule la nuit. Dans l'école et hors de l'école. La différence cette fois-ci, c'est que je suis obligée de rester entre ces murs.
Je lève les yeux au ciel et me revois survoler le paysage sur mon balai. C'est vrai que cette sensation de liberté était enivrante.
Des élèves en uniforme rouge nous survolent à toute vitesse sur des balais.
— Est-ce l'équipe de Quidditch de Gryffondor que l'on vient de voir passer ? demandai-je avec un sourire aux lèvres.
— Oui, c'était bien elle. Depuis que le professeur Black a annoncé le retour des matchs, les équipes s'entraînent sans cesse. Tu comprends, ils ont du retard à rattraper.
Je finis ma dernière bouchée de gâteau avant de reprendre sur un ton surexcité.
— Quand est-ce que les matchs commencent ?
— Je crois que c'est ce week-end. Natty pourra te le confirmer, car moi, ce n'est pas trop mon truc, le Quidditch.
Si c'est vraiment ce week-end que commence le tout premier match, je serai plus qu'enchantée d'y assister ! Cela me changera du mini stade de Quidditch qui se trouve dans le bureau du professeur Kogawa. Là, je vais tout voir en taille réelle !
Pendant que je frémis d'impatience, Poppy se baisse pour ramasser son sac de cours à ses pieds.
— C'est bientôt l'heure du cours de Métamorphose. Tu viens ?
Je reviens sur Terre pour me lever et la suivre. Vivement que je retrouve Natty pour qu'elle me confirme les dires de Poppy !

Hogwarts Legacy : Sixth YearOù les histoires vivent. Découvrez maintenant