XXVIII

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Lorsque je passe la porte des Mora après avoir salué Konan, je retrouve le même brouhaha que celui entendu au téléphone. Les garçons sont en train de faire exactement ce à quoi je pensais. Cela ne fait qu'une semaine que je suis ici et pourtant j'ai l'impression de les avoir toujours connu. Pacôme balance sa manette en laissant échapper un juron.

— On a parié combien ? 50€ ?

— Va te faire foutre, connard de blondinet.

— Tu as mon PayPal, non ?

— Ouais... ah zut, mon téléphone s'est éteint... !

Je retire mes chaussures et m'installe aux côtés de Layne. Comment vais-je aborder le sujet de la Croatie...? C'est une sonnerie de téléphone qui m'interrompt dans mes pensées.

— Éteint hein...

— Purée, c'est cette Channel.

— Elle va te harceler tous les jours ? rit Zanthéas.

— Elle va crier parce que je l'ai laissé en plan tout à l'heure.

— Haut-parleur.

— T'inquiète.

— Je suis contre, cette discussion ne nous...

— Allô ?

Adrian souffle et prend une gorgée de son thé. Les garçons sont bien trop curieux...

— Pacôme, où es-tu bon sang ?

Et en entendant sa voix, je suis mal à l'aise. Pas besoin d'être Einstein pour comprendre qu'elle retient un flot de larmes. Je ne comprends pas pourquoi il l'a laissé en plan. Elle n'a vraiment pas l'air méchante. Enfin, peu importe. Ce ne sont pas mes affaires et le haut-parleur n'est pas une excuse pour juger les gens. Que ce soit Channel ou Pacôme.

— Je dis pas.

— Pacôme, je dois te parler !

— On est au téléphone, nan ?

— Je... je ne peux pas !

— Et moi je ne peux pas venir. Alors je vais raccrocher et ne...

— Je suis enceinte !

Adrian s'étouffe avec son thé, Layne fait tomber sa manette et Zanthéas met la musique sur pause. Moi, je suis incapable de faire le moindre mouvement. Est-ce une plaisanterie ? Les paroles de Pacôme me reviennent en tête. « Pour une nuit pas pour une vie. » Non... Il brise le silence en émettant un rire léger.

— Félicitations. C'est tout ?

— Mais... c'est... c'est toi qui...

— Oh... Donc... je suis... le père ?

— Oui Pacôme ! C'est pour ça que je...

— Qu'est-ce qui est jeune et qui disparaît ?

— Hein ?

— Le père de ton fils. Bonne soirée.

Et Pacôme raccroche alors qu'on le fusille tous du regard. J'ai du mal à croire ce que je viens d'entendre. C'est vrai que dans le groupe, celui qui en est capable c'est Pacôme. Mais ce n'est pas une raison. Comment peut-il...

— Pacôme ? Tu te rends compte de ce que tu viens de faire ou pas ? questionne Layne.

— Qu'est-ce qu'il y a encore ? C'est qu'une blague, elle va s'en remettre.

— Ce n'est pas à propos de cette blague ! s'écrie Adrian. Elle est enceinte bordel, comment peux-tu lui parler ainsi ?

L'ambiance a changé et je ne me sens pas à ma place. Adrian crie sur Pacôme, lui qui est pourtant si calme, Zanthéas se fait muet et Layne semble se rejouer la scène dans sa tête. Ses yeux écarquillés témoignent d'un choc profond et je le comprends. Cela me rassure de voir que je ne suis pas la seule à être choquée. Je n'arrive pas à y croire. Comment Pacôme peut-il réagir de façon aussi malhonnête ? On parle d'un enfant quand même. C'est une vie. Et ce n'est pas n'importe quel enfant, c'est le sien.

Mystification - Mensonges pour un nouveau départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant