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Par quoi... difficile à dire. Mais je suis contente qu'il n'aborde pas la façon dont notre conversation s'est terminée hier. Je lui raconte rapidement mon rêve et il est étonnement très attentif. Il m'a laissé une mauvaise impression hier, c'est vrai, mais je ne peux pas nier le fait qu'il semble vraiment vouloir m'aider. Dis-moi si tu as besoin de quelque chose et je te l'apporterai ou on le cherchera ensemble. C'est très encourageant de savoir qu'il est à mes côtés. Même s'il n'a pour l'instant rien fait, je suis convaincue qu'il sera le soutien dont j'ai besoin.

— Il était si grand que ça ?

— Dans mes souvenirs en tout cas, il était immense.

— C'est un cliché que les croates sont grands, tu sais ?

— Un cliché ?

— Oui. Si ça se trouve, c'est grâce à lui que tu parles cette langue. Si c'est bien ton père.

— C'est lui, j'en suis certaine. Si tu l'avais vu !

— Voilà ma théorie. Il est croate, je le suppose par sa taille oui mais surtout car tu comprends bizarrement cette langue dont tu n'as aucun souvenir, et tu as appris à parler et lire cette langue en grandissant avec lui. Il le parlait peut-être à la maison. Au fait, tu es sûre que tu as rêvé en français ?

— Si j'ai rêvé... en français ?

— Oui. Tu m'as dit que tu avais déchiffré la recette sans difficulté et que tu l'a lisais comme tu lisais le français. Peut-être que dans ton rêve, il te parlait en croate. Tu ne l'as juste pas remarqué.

Si j'ai bien rêvé en français... Il se questionne beaucoup et il s'investit mais je me suis incapable de répondre à ses questions.

— Au pire, ce n'est pas le plus important. On fera le tour des paysages de Croatie, peut-être que tu as déjà visité.

Nous entrons en cours et je fais mon maximum pour écouter malgré mon envie d'en savoir plus sur ce rêve. Je n'ai aucun moyen de savoir en quelle langue est-ce qu'il me parlait. J'ai déjà du mal à me rappeler de nos échanges et je m'en veux de ne pas avoir pris le temps de tout noter dans mon carnet, pensant naïvement que je ne pouvais pas oublier le premier souvenir qui concerne mon père. Résultat : je compte sur la mémoire de Konan pour se rappeler de ce que je viens de lui dire et que je commence déjà à oublier. Quand le cours se termine, nous nous dirigeons vers la cantine. Nous commençons à faire la queue quand Zanthéas reçoit un appel.

— C'est Adrian. Ils ont fini il y a une heure et ils ont commandé. Ils sont devant le lycée.

Nous quittons la file sous le regard interrogateur des surveillants. À peine arrivée, Pacôme me tend son portable. Il m'explique quelque chose que je peine à comprendre.

— Ne parle pas la bouche pleine, soupire Adrian. Il te dit de passer commande.

Sur son application, je parcours le menu et finis par laisser Konan commander avant moi. Je mets trop de temps et nous n'avons qu'une heure pour manger. Quarante minutes, maintenant. Je double la quantité du menu de Zanthéas avant de valider le panier et de rendre le téléphone à Pacôme. Il vibre au même moment et il consulte le message.

— Layne aimerait qu'on assiste à son entraînement ce soir.

— 18 heures ? questionne Zanthéas.

— Ouais.

— C'est vrai que leur saison démarre...

— Khalil a reprit ?

— Dans un mois ou quelque chose comme ça.

— Cool.

Il nous reste moins d'une demi-heure de pause quand notre commande arrive et je dois me dépêcher de terminer les dernières frites avant que ça sonne. Si Pacôme et Konan ne m'en avait pas piqué, je n'aurai jamais pu finir à temps. Nous retournons dans le bâtiment des sciences à 13 heures pour notre dernière heure de physique. Les blouses sont nécessaires et nous devons nous mettre en groupe. Je suis avec Lihwak pour la première expérience.

Mystification - Mensonges pour un nouveau départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant