XXXIII

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Pour que la course soit organisée, notre professeur nous a séparés en deux groupes. Nous sommes les premiers à courir et le stress que je ressens est indescriptible. Une boule au ventre, un nœud dans mon estomac, une envie de disparaître. Si marcher dans le bois Noisette m'a mis K.O, qu'en sera-t-il de cette course ? Quelque chose au fond de moi me dit que je suis loin d'avoir les capacités pour cet exercice physique. Nous ne sommes qu'en place mais je me vois déjà être dernière et avoir du mal à terminer le troisième tour de 500 mètres. Je pense à simuler un malaise, une cheville foulée peut-être ? N'importe quoi qui me permettrait de mettre fin à cette torture. Quelqu'un prend mes mains dans les siennes et c'est à ce moment que je réalise que j'ai commencé à me ronger les ongles.

— Eh... doucement. Pourquoi tu paniques autant ?

C'est Zanthéas. Je prends une grande inspiration pour tenter de me calmer.

— Tu vas t'en sortir, j'en suis certain. T'es pas toute seule, tu sais ? Konan et moi, on est à côté.

— Moi aussi ! Je te porte si tu veux.

— Tais-toi un peu Lihwak.

— Bon, on va commencer ! Vous avez tous un partenaire qui vous chronomètre ?

Je me suis mise avec Ziska. Quand je lui ai dit que cet exercice ne me disait rien de bon elle m'a promis de démarrer le chronomètre une dizaine de secondes après mon départ. Je ne pense pas que ce sera utile, tout le monde verra bien que je suis dernière. Madame Sinoit place son sifflet, compte avec ses doigts et... go. C'est le départ. Et en cinq secondes, tout le monde est devant moi. Je ne sais pas pourquoi tout le monde est parti aussi vite, mais c'est ce qu'ils ont fait. Zanthéas et Konan se retournent au bout de 50 mètres, me font un sourire, et se remettent à courir encore plus rapidement. J'ai l'impression de vivre un cauchemar. Je suis vraiment toute seule. Je passe devant les gradins et j'entends Ziska m'encourager. Mais j'entends aussi Morgane rire. J'aurai bien aimé accélérer pour lui montrer que je peux aller vite mais c'est faux. La vérité, c'est que je suis à mon maximum. Et que mon maximum ne m'a même pas permis de faire la moitié du tour. Je cherche Zanthéas et Konan parmi les élèves qui courent et c'est à ce moment qu'ils me dépassent. Ils viennent de commencer leur deuxième tour, Konan a un ou deux mètres d'avance sur Zanthéas et visiblement 500 sur moi. Très bien. Je suis donc seule. Lihwak vient de me dépasser aussi. Il m'a tapé sur l'épaule avant de me faire un pouce en l'air. Je suis à la moitié de mon premier tour et cela me semble interminable. Est-ce qu'on va devoir faire ça à chaque séance ? Je vais devoir me donner à fond si je veux avoir la moyenne parce qu'en étant dernière et en finissant au bout de 5 ou 6 minutes je suis foutue. Voilà, je vais terminer mon premier tour. Zanthéas et Konan viennent de passer devant moi, je les vois se dépasser tour à tour mais c'est Konan qui garde de l'avance. Je passe à nouveau devant les gradins, cette fois, c'est Morgane qui m'encourage.

— Allez, continue ! Il fallait bien que quelqu'un soit dernier de toute façon. Aïe !

En effet, mais j'aurai préféré que ce soit quelqu'un d'autre que moi. Je commence à coller au tissu de mon débardeur et ça me dégoûte. Voilà, c'est le terme. Je suis tout simplement dégoûtée par cet effort forcé, assez puissant pour me permettre de transpirer mais pas assez pour me permettre d'être au moins avant dernière. Je continue quad même d'avancer, peut-être que madame Sinoit abordera le sujet de l'investissement et de la persévérance dans mon bulletin scolaire. Lorsque je m'apprête à terminer mon deuxième tour, Konan me dépasse pour terminer son troisième. Zanthéas l'imite une ou deux secondes plus tard. Ils restent sur la piste et marchent dans ma direction. Je hausse les sourcils.

— Il te reste combien de tours ?

— Je termine le deuxième. Vous n'allez pas dans les gradins ?

Mystification - Mensonges pour un nouveau départOù les histoires vivent. Découvrez maintenant