Chapitre 6 : Come-back maternel

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Toutes les heures de cours au monde ne vaudraient jamais ce spectacle :

San Francisco vue d'en haut.

Le vent me fouettait la figure, je volais, littéralement. D'où j'étais, je pouvais discerner les moindres frémissements de vie, les moindres ombres, réduites à des proportions de fourmilière. Ouais, c'était ça, une fourmilière.

Une fourmilière humaine. Je saisissais pourquoi maintenant, maman aimait tant construire : être de la fabrication de cette fourmilière, en être à l'origine, même, contribuer à sa prospérité... ce devait être grisant.

Je m'arrêtai à une quelconque supérette pour acheter des beignets à Blackjack, comme promis. Personne ne s'en prit à moi durant l'achat en question, ce qui s'avérait plutôt réconfortant. Une attaque par jour suffisait, merci. Je remontai en croupe, et nous prîmes la direction de la plage.

Malgré la chaleur accablante, les mortels, enfin, les gens normaux, en tout cas, ne s'ébattaient pas dans les vagues d'huile. Je criai de bonheur lorsque Blackjack effleura les flots du bout de ses sabots, m'envoyant en pleine face une lame d'eau salée, qui me trempa de la tête aux pieds - je n'avais pas hérité du talent waterproof de mon cher papa - mais je m'en fichais.

Ma monture ne me parla pas durant le vol, se contentant de me laisser savourer ma chance toute seule, comme une grande, avant de remonter en flèche vers le ciel, faisant naître des papillons au creux de mon estomac.

J'étais libre, j'étais bien, j'étais heureuse. La voix de mon frère semblait s'unir au vent pour me susurrer des paroles d'encouragement :

« Va, va. Savoure ta liberté. Savoure ta liberté, ma Shell. » avait-il l'air de me dire.

Je finis tout de même par remarquer combien le soleil avait baissé, regardai ma montre. C'est pas vrai ! Déjà seize heures trente ! Avec un grognement, je demandai à Blackjack de me déposer sur le sable, près des cabines de plage. Il obtempéra sans faire d'histoires, et je me retrouvai enfermée dans une cabine pour la troisième fois de la journée. Pour me changer, cette fois-ci. Pas idiote, j'avais prévu le coup, concernant les éclaboussures, et j'avais encore en ma possession mon sac de sport, qui contenait, comme son nom l'indique, des affaires de sport ! Loués en soient les dieux, (bien rare que je les louent, ceux-là !) mon cher professeur de mathématiques ne me l'avait pas découpé en menus morceaux ce matin, alors vive l'alibi en béton ! Et, soyons honnêtes, je risquais moins d'attirer l'attention de mes parents, et de les convaincre que j'étais bien allée en cours, en me pointant avec une tenue de sport qui ne sentait pas la sueur qu'avec des fringues complètement trempées ! Dans ma poche de jean, mon téléphone vibra. Je l'ignorai, et le transvasai ni vu, ni connu, à l'intérieur de ma poche de jogging, tandis que je me changeais. Je fourrai les habits compromettants dans mon sac à dos, et ressortis. Le pégase noir m'attendait, docile. Il m'apostropha mentalement :

« Hé baby ! T'es trop bien foutue, j'tenais à te le dire ! Une vraie déesse, Waouh ! »

Oh non ! Je rêve, ou...

- Attends... tu m'as matée, c'est ça ? Avoue ! lui assénai-je, énervée et horriblement gênée.

Voilà que j'avais affaire à un canasson ailé et voyeur, maintenant !

Je me maudis intérieurement. Bien sûr ! Les chevaux sont plus hauts que les humains, or, la porte de la cabine laissait voir un coin de ciel bleu. L'autre, il avait pu me contempler tout son soûl... sans que je m'en aperçoive !

En même temps, les pégases n'étaient pas franchement censés avoir des vues sur les humaines ! Je me composai une expression outrée de circonstance.

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⏰ Dernière mise à jour : May 30, 2015 ⏰

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Marquée : Biographie d'un quart de déesse nommée Jackson (Tome 1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant