« Lune ! hurla ma mère. Descends ! »
Je jetai un coup d'œil à ma montre. Elle indiquait sept heures trente. Catastrophe. Je savais que j'aurai dû me lever plus tôt pour finir ces fichus exercices de maths qui étaient tellement simples, mais tellement longs ! J'avais prévu de les terminer en étude, pendant l'heure de Mme Ferri, qui était absente, mais sa jambe cassée s'était réparée plus tôt que prévu. Evidemment, elle nous a prévenu qu'elle viendrait au cours, moi et ma classe, seulement hier soir à vingt-deux heures, et moi, j'étais en train d'aller me coucher. Je ne finirai jamais ces exercices à temps, sans compter que notre prof de maths n'était pas réputée pour sa magnanimité et sa générosité.
« Luuuune ! Viens immédiatement ! »
Comme prise d'une décharge électrique, je me relevai précipitamment et me dirigeai vers mon armoire. Je piochai quelques habits au hasard et les enfilai. Dans ma hâte, mon orteil percuta le pied de mon lit et je sautai à cloche-pied à travers ma chambre en grommelant quelques jurons pour lesquels ma mère m'aurait privée de nourriture pendant une semaine si elle m'avait entendue.
« LUUUNE ! JE VAIS TE TRAÎNER A TRAVERS TOUTE LA MAISON PAR LA PEAU DU COU SI TU NE VIENS PAS TOUT DE SUITE ! »
Je grimaçai. Ma mère serait tout à fait capable de mettre sa menace à exécution, aussi me dépêchai-je de sortir de ma chambre en claquant la porte. Je dévalai l'escalier quatre à quatre et me retrouvai dans la cuisine.
« Ce n'est pas trop tôt, Lune, me salua chaleureusement ma mère.
-Je vais bien, merci, et toi ? » ironisai-je.
Ma mère, pour toute réponse, se mit à couper du pain. Je pris quelques tranches, les beurrai et les mâchai, battant tous mes records de mâchage. Ensuite, je ne me brossai ni les cheveux ni les dents, faute de temps, et continuai mes exercices, maudissant Mme Ferri et sa jambe cassée. Quand je vis l'heure lorsque j'eus enfin fini ces fichus exercices, je manquai littéralement de m'évanouir. Sept heures cinquante-trois. Non, non, non, non, non !
Je mis précipitamment mes chaussures, mon manteau et mis mon sac sur mes épaules.
« Salut, » dis-je précipitamment à ma mère, qui me salua d'un vagues geste de la main.
J'ouvris la porte et sortis du jardin. Sept heures cinquante-cinq. Je sprintai pour arriver devant le collège, manquant de connaître une fin atroce, déchiquetée sous les roues d'une voiture, plusieurs fois. Je n'avais parcouru que la moitié du chemin quand ma montre indiqua huit heures. Et voilà. J'étais en retard. Absolument génial.
Après plusieurs pointes de vitesse, mais muscles crièrent grâce et je me mis à marcher rapidement, soufflant comme un buffle enragé. Les portes du collège se dessinaient dans l'obscurité, et j'accélérai. Les portes étaient fermées. J'hurlai intérieurement et me tournai vers un bouton rouge. Il avait été installé par les surveillants l'année dernière et appelait directement la Vie Scolaire. Quand on appuyait dessus, un surveillant nous répondait et ouvrait ou non le portail. Bien que ce bouton eût été installé ici pour les élèves dans ma situation, j'hésitai à appuyer dessus. Une bourrasque de froid glacial, faisant se figer mon sang dans mes veines, acheva de me convaincre et mon doigt enfonça l'interrupteur.
Je levai les yeux au ciel. L'astre solaire qui portait mon nom était haut dans le ciel étoilé. La lune était pleine et mon esprit fut assailli d'images de loups-garous monstrueux, au museau ensanglanté et aux griffes acérées, sautant sur moi et me déchiquetant et enfonçant leurs crocs dans mes bras, sortant mes yeux de leurs orbi... Mieux vaut éviter de décrire.
VOUS LISEZ
Les quatre éléments
ParanormalLune, Crystal, Braise, Saule. Quatre adolescents, les plus différents qu'on puisse imaginer. Un jour, un homme mystérieux les invite à le suivre dans les Cinq Cités, cinq peuples aux pouvoirs différents, et leur apprend qu'ils font partie d'une étr...