Les quatre éléments

Chapitre 4-Saule

Ce fut le bruit atroce de mon réveil qui me tira de mon lit. Ce son était tellement terrible qu'à chaque fois que j'entendais un bruit qui y ressemblais, je frémissais et tremblait. (Note de l'auteure : Ça m'arrive à moi, je suis justement en train de dénoncer les traumatismes liés aux réveils, qui devraient être interdits. Quand ce bruit atroce vous réveille, c'est insupportable. Bon, je m'égare là.). En plus, à l'orphelinat, il y avait un réveil pour toute notre chambre, d'une vingtaine de lits et EVIDEMMENT, Monsieur le Destin a décidé que je serais l'heureux élu dont la musique mélodieuse du réveil se trouverait à dix centimètres de mes oreilles, faisant quotidiennement souffrir mes tympans. Ah là là, c'est beau la vie, surtout quand vous commencez la journée de façon si agréable.

J'abatis mon poing sur le réveil –un peu trop fort, mais s'il est cassé, cela m'arrangerait- et ce son apte à réveiller les morts s'éteignit. Mes oreilles crièrent presque de soulagement.

Je frissonnai et passai la main sur mes cheveux bruns, pour m'assurer qu'on ne me les avait pas coupés pendant la nuit. C'est déjà arrivé à un garçon. La simple paillasse sur laquelle je dormais n'avait rien de chaud, et les murs laissaient passer le froid et les bruits. Alors les nuits d'hiver, je n'arrivais presque pas à fermer l'œil, surtout avec les haillons déchirés qu'on nous donnait en guise de pyjama.

Autour de moi, les orphelins s'éveillaient, bâillaient, s'étiraient. Il était quatre heures du matin. Mon éternel timidité m'empêcha de hurler aux autres de se réveiller, à moins qu'ils ne veuillent que La Sadique, comme on appelait une vieille mégère qui était censée s'occuper de nous, La Machiavélique, son bras droit, et l'Irascible, son bras gauche (ça ne se dit pas ? Bah tant pis !), ne nous fouettent. Heureusement, on s'en chargea à ma place.

« Les gars ! hurla un garçon blond affreusement autoritaire. L'vez-vous ! Habillez-vous ! »

Je vis un jeune garçon d'une dizaine d'années se recroqueviller sur lui-même. Il était arrivé à l'orphelinat il y a environ une semaine et avait vu ses parents périr dans un incendie dont il s'était lui-même sorti d'extrême justesse. Mes parents à moi étaient mort alors que j'étais très jeune. Mes souvenirs s'effaçaient et je peinais à me rappeler leur visage.

« Saule ! Habille-toi ! vociféra le garçon. C'est pas l'moment d'te perdre dans tes pensées !

-Oui... Oui, acquiesçai-je. »

Le garçon était âgé d'une quatorzaine d'années et possédait le profil parfait d'un futur tyran : mauvais, calculateur, machiavélique...

« Nan mais tu m'dis oui et tu fous rien ? Tu t'fiches d'moi ou quoi ? poursuivit-t-il, son visage crispé de colère. »

Je me dépêchai de saisir mes vêtements. Haillons, plutôt. Comme j'aurai aimé être capable de lui tenir tête ! Mais je n'étais pas assez audacieux (Note de l'auteure : au début j'ai écrit « Audacieux » avant de me rappeler qu'il ne fallait pas de majuscule et qu'on n'était pas dans Divergente XD), trop timide et, contrairement à lui, je ne volais pas la nourriture des autres enfants, plus par manque de courage que par autre chose. Quand on était apte à voler, on volait. Si on n'osait pas voler de la nourriture, on ne mangeait pas. Les enfants les moins maigres étaient les meilleurs voleurs... Ou les meilleurs au combat. Personne n'osait se plaindre à La Sadique, à la Machiavélique et à l'Irascible. Quand un enfant s'était plaint qu'on lui avait volé sa soupe... Eh bien... On ne l'avait pas vu pendant cinq jours et quand il était revenu, il était tellement maigre qu'il avait failli mourir.

« Saule... me prévint le garçon d'une voix menaçante. »

Je sursautai. J'avais le don de me perdre dans mes pensées aux pires moments. J'enfilai une chemise qui semblait si utilisée qu'elle était déchirée de partout et qui m'arrivait aux genoux et un jean bleu avec d'énormes trous au niveau de genoux également. Le garçon détourna le regard et hurla sur un autre garçon, âgé d'un an de moins :