Chapitre 5- Lune

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Mon cœur fit un bond dans ma poitrine. Le choc me coupa le souffle. Je restai figée, incapable de bouger. Ma mère devait se trouver à l'intérieur de la maison aujourd'hui. Elle avait eu un jour de congé.

Je repris mes esprits et entrai dans le jardin. Je voulus me précipiter vers la maison mais on m'attrapa par le bras. Je me retournai et voulut me dégager, mais c'était un pompier.

« Ma mère est à l'intérieur, » parvins-je à articuler.

Il acquiesça d'un air confiant, comme pour me rassurer, même si je voyais bien qu'il tentait de dissimuler sa panique. Il me désigna la rue, m'ordonnant d'y retourner et de rester en sécurité.

« Non ! protestai-je. Je veux venir ! Je...

-Jeune fille, répliqua-t-il calmement, évite de nous compliquer la tâche. Nous sommes ne train de perdre un temps précieux, et un bouchon nous a retardés. Ta mère est peut-être en train d'agoniser, alors je... »

Je n'écoutais pas la fin de sa phrase et courut vers la maison enflammée. Il me rattrapa quand j'allais poser ma main sur la poignée. De la fumée s'échappait de la maison. D'une poigne de fer, il me fit sortir du jardin, fit signe à ses collègues et, pendant que je me calmais, ils prirent des jets d'eau et aspergèrent ma maison. Mes paumes étaient moites et des larmes de peur me brouillaient la vue.

Finalement, après une attente qui me parut interminable, le feu cessa presque. Les pompiers éteignirent les dernières flammes. Ma maison était en bien piètre état.

Et ma mère n'apparaissait toujours pas. Les larmes dévalèrent mes joues par centaines. Les pompiers pénétrèrent dans la maison, mais je crains que leur rapidité ne soit vaine. Ma mère est peut-être... Morte.

L'image du corps enflammé de ma mère m'emplit l'esprit et je me remémorai tous les bons moments que nous avions passé ensemble. Je m'apprêtai à m'apitoyer sur mon sort quand ma mère, inconsciente et portée sur un brancard, sortit de la maison.

Mon cœur manqua plusieurs battements. Ma mère ne bougeait pas. Je me précipitai vers les pompiers. J'ouvris la bouche pour leur demander si elle était encore de ce monde mais ma question dut paraître si évidence que l'un d'entre eux m'annonça, non sans douceur :

« Nous ne le savons pas. »

J'aurai voulu leur hurler de vérifier si elle respirait ou de voir si son cœur battait, mais j'étais incapable d'articuler un mot. Un des pompiers vérifia si elle respirait et si son cœur battait et me répondit positivement. Je soufflai de soulagement tellement longtemps que je manquai d'air et que ma vision se brouilla.

***

Ma mère se remit très rapidement, plus rapidement que le diagnostic quand même optimiste du médecin. Le feu ne l'avait pas brûlée, mais si les pompiers seraient arrivés plus tard, elle serait morte carbonisée. Cette idée m'emplissait d'un sentiment d'impuissance et je me rendis compte que je n'avais pas remercié les pompiers. Sur le moment, je ne pensais qu'à la survie de ma mère.

Evidemment, ma mère et moi n'avons pas pu continuer à habiter dans notre maison carbonisée. La plupart de nos affaires avaient été brûlées. Même mes livres ! Je pensais à la Guerre des Clans, à Gardien des Cités Perdues, à Hunger Games, aux Gardiens de Ga'Hoole... Tant de livres morts ! Sans parler de ma peluche, un bébé tigre blanc tellement mignon que... Penser à lui me déchira le cœur. Et ma chambre ! Je l'aimais tellement ! Je ne la reverrai plus jamais...

Et les rares affaires non-brûlées étaient complètement inutiles.

Ma mère et moi avons déménagé dans une petite maison détestable. Ma chambre est détestable, les lits pas confortables, la télévision, en panne, et pour l'instant, il n'y a pas d'électricité, et ce, depuis deux jours. Je devrais changer de collège. Horrible.

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