Stellina

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Si je pensais avoir fait le tour de la ville, Adam me prouva qu'il me restait encore beaucoup à découvrir. Nous prenions le petit-déjeuner dans un café familial qui d'après le gérant avait vu le jour dans les années 1950.

Tout était très traditionnel, de la manière de faire le café, aux pâtisseries servies en passant par l'architecture. Nous étions loin des cafés de Toronto au rythme chronométré et aux compositions de boissons parfois farfelues. Même si, ici aussi c'était bruyant, ce n'était pas dû au stress, loin de là. Simplement des habitués qui se saluaient, qui discutaient et qui riaient.

— Celui-là est en train de se vanter de sa demande en mariage. Me raconta Adam en regardant discrètement un groupe de personnes.

Le jeune homme en question sortit son téléphone et joua une vidéo.

— Elle a pleuré. Traduit-il.

C'était beau à voir. Il semblait si fier et heureux que je ne pus m'empêcher de sourire à mon tour.

— Ehm... Comment ça s'est passé quand il a fait sa demande ?

— Il y a pas eu de demande.

Mes yeux restèrent un moment sur le groupe d'amis avant de me tourner vers Adam qui paraissait confus. Je soupirai en trempant la cuillère dans mon café probablement tiède.

— Il n'a pas fait de demande. Répétai-je. Sa famille et la mienne sont très proches donc on a en quelque sorte « grandi ensemble » et il a toujours été dit qu'il serait mon époux au moment venu. Il a toujours été quelqu'un de très froid, qui n'aime pas les futilités comme les demandes en mariage. Il m'a juste dit de choisir une bague, il me l'a acheté et fin.

Il hocha plusieurs fois la tête, ses lèvres formant une ligne droite. Il devait trouver ça pathétique et je n'allais pas le contredire là-dessus.

— Comment il s'appelle ?

— Est-ce qu'on peut changer de sujet ?

Mon ton sortit plus sec que ce que je voulais mais je n'aimais pas aborder ce sujet. Encore moins avec Adam. Ça me mettait tout simplement mal à l'aise et me rendait triste. Je n'aimais pas le fait que nos parents prennent cette décision pour nous. Mon père et ma mère avaient eu cette chance de se correspondre. Aujourd'hui, ils étaient tous les deux fous amoureux l'un de l'autre et c'était très beau. Cependant entre Nolann et moi ce ne sera jamais le cas. Nous ne nous entendions sur aucun point et je ne voulais rien avoir à faire avec un homme comme lui.

— Désolé, ma curiosité a pris le dessus.

Je secouai la tête, remuant mon café. Il ne dit rien pendant un bref instant puis reprit,

— Tu mérites bien mieux que lui, Ezra.

— C'est ta manière de me faire changer d'avis ?

J'arquai un sourcil vers lui et il m'offrit un sourire.

— Est-ce que ça marche ?

Je haussai les épaules sans donner de réponse claire, me perdant à nouveau dans mes multiples pensées.

La température devait avoisiner les trente degrés et le manque de vent commençait à être étouffant. Nous marchions sur les rebords des quais dans un silence inhabituel. S'il y avait bien une chose que j'avais remarquée chez Adam, c'était qu'il n'était jamais à cours de sujet de discussion. Il avait toujours quelque chose à dire, même la chose la plus improbable.

Il se trouvait un pas devant moi, ses mains essayant de trouver à tout prix de quoi s'occuper. Ses pas étaient légers et il regardait autour de lui.