Le courroux des Fantômes

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Le contact du gilet pare-balle contre sa peau était étrange, rugueux, irritant, serrait le bas de son ventre, frottait ses épaules et ses aisselles, la forçant à se gratter, marquant de rouge sa peau. Il sentait encore le sel de la mer, après tout ce temps ? Et autour de ses chevilles, sa circulation était coupée, les liens avaient été trop serrés, ses talons frappaient en rythme contre la caisse en bois. Elle en eut assez, fit craquer le tissu de ses bottes qui avait rétréci à force de ne pas être porté et défit un peu les lacets. Penchée en avant, son carnet sur les cuisses, la mercenaire remit ses cheveux en place avant de faire danser entre ses doigts le stylo et de le faire danser sur le papier.

Tout ce merdier est bientôt terminé. Tout est prêt, c'est bientôt fini pour Snake et Azna. Après ça, je rentre, j'espère que Simon m'suivra. Gérald finira par me trouver, mais j'l'aurai avant. La guerre, c'est fini pour moi.

Devant elle, passait les Vaqueros, occupés à charger d'autres caisses, d'autres fusils, à faire rouler entre la paume de leur main, une balle, un porte-bonheur. Le stylo marqua un arrêt sur le papier, l'encre s'épancha un peu, et ses yeux les observèrent, pas d'air inquiet, pas d'air apaisé. Non, ils étaient concentrés à cette tâche, travaillaient dans un murmure. Elle se remit à écrire avant qu'un raclement de gorge n'attire son attention, Price se tenait en face d'elle, les mains serrées autour de son propre gilet pare-balle, le chapeau enfoncé sur son crâne, le menton bas. Charlotte le salua d'un hochement de tête, il fit un pas vers elle, elle l'observa. A force d'avoir toujours ce couvre-chef vissé sur le crâne, il devait être tonsuré pensa-t-elle, ne pouvant réprimer un petit sourire qui disparut très vite.

- T'es prête, gamine ?

- Affirmatif, m'sieur.

- Où est Riley ?

- Sûr'ment dans sa chambre, m'sieur.

La dernière fois qu'elle l'avait laissé, il dormait sur le ventre, dans sa chambre à elle, les bras sous l'oreiller, et les pieds dépassant de la couverture. L'image avait été si belle et apaisant que la mercenaire avait bien eu du mal à s'extirper de la chaleur du lit. Alors, elle l'avait embrassé entre les épaules, son oreille. Il avait grogné, bougé, ses lèvres avaient pu embrasser les siennes. Sa réponse provoqua un ricanement de la part du Capitaine, il lui donna quelques tapes sur l'épaule, ça mentir, Charlotte le faisait mal. Les yeux de cette gamine était un livre ouvert pour lui et il était inquiet pour elle. Le capitaine avait pris place à côté d'elle en lui assénant quelques tapes sur le genou. Leurs cuisses maintenant se frôlaient, le sourire chaleureux sous cette épaisse moustache apaisait les yeux tristes de la mercenaire.

Ensemble, ils observèrent les soldats mexicains s'affairer. Price lui demanda une nouvelle fois si tout irait bien pour elle. Charlotte hocha la tête. Il ouvrit la bouche, non, il lui demanderait plus tard. Bientôt rejoint par toute le reste de l'équipe, ils se dirigèrent vers une table et l'entourèrent. Il leur fallait peaufiner, améliorer, retenir le plan, reprendre la base d'Alejandro et Valeria, les bâtiments, les équipements. Les Shadows et le visage Graves défilaient devant leurs yeux. Justement, ils venaient de repérer le bunker où était enfermée Valeria.

- Graves is digging his own grave.

Avait-elle marmonné en l'apercevant, son trait d'humour teinté de rancœur fit ricaner Soap. Tous hochèrent la tête en même temps, se reculèrent de plusieurs pas, Ghost la prit par le bras pour l'attirer près de lui, elle fit glisser sa main le long de son bras et entrelaça un instant leurs doigts. Le soldat et la mercenaire se regardèrent longtemps, il s'était penché sur elle, inquiet. Ghost ne voulait pas qu'elle participe à cette mission, Cailín insista, elle avait recouvré assez de forces pour les suivre.

Gloria Victis [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant