Un Beau Mirage

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Nunc scio quid sit amor

Note d'auteur : chanson pour ce chapitre : Where's My Love (Alternative Version) par SYML, Hope par Old Sea Brigade.

- Do you blame yourself ?

- What ?

- Well, that's quite common in this situation for a patient to feel a kind of guilt.

- What situation ? Murmura Ghost.

- The accident.

- YES SIR !

5 ans plus tard, Russie, Novembre, 3 heures du matin.

Sous un bâtiment mal chauffé, essentiellement construit en tôle, Ghost sursauta. Il s'était assoupi, appuyé contre le mur, et la tête basse. Pourtant, il avait l'impression de ne jamais avoir clos ses yeux, l'engourdissement qu'il ressentait tout le long de son corps semblait lui soupirait le contraire, comme réveillé d'un très long rêve. L'ancien lieutenant leva lentement les yeux et balaya du regard de la pièce. Devant lui, se présenta une myriade de jeunes hommes et femmes au regard confiant et fier, plus craintif pour d'autres. Debout comme assis, ils avaient hurlé ces simples mots d'une même inflexion, cela avait été comme toujours à celui qui aurait hurlé le plus fort. A côté de lui, Price et Soap, le premier était penché au-dessus d'une table en bois bancale, écrasait un de ses éternels cigares qu'il tirait d'une petite boîte en métal abîmée, bosselée, presque rouillée, mais toujours précieusement gardée contre son cœur. Johnny se tenait quant à lui devant des cartes accrochées à des tableaux de liège. Les courbes du paysage, les rivières, les forêts et les routes disparaissaient sous des cible, des cercles, des photos, des flèches et des punaises.

Makarov... voilà le premier nom qui vint à l'esprit du troisième capitaine. Makarov, celui qui travaillait main dans la main avec Hassan et Shepherd. Celui qui avait fait se réunir toutes les armées de l'Occident, et les groupes de mercenaires, de la 141 au KorTac, et tous préparaient le prochain assaut. Il devait avoir lieu sur une ville qui se trouvait à l'ouest, plongée dans le noir, Price y avait envoyé une équipe en repérage, deux jours durant, ils l'avaient s'éclairer sous le feu des balles et des tirs de mortiers. Depuis quarante heures, toute communication était coupée, tous ici-bas ignoraient le sort de ces malheureux et il sentait grimper en lui, une angoisse sourde et incontrôlable, le genre qui provoque de soudains frissons le long de l'échine.

Alliés et amis se levèrent, échangèrent un regard inquiet mais empreint d'une amitié franche et sincère, puis quittèrent silencieusement ce qui leur servait de salle de réunion, une tasse de café chaud et amer à la main. Ils retrouvèrent, dans cet enfer blanc, les perfides attaques du vent glacé et le déchainement des flocons de neige contre leur uniforme. Tous portaient le même uniforme, une veste grise en laine, un pantalon rembourré grisâtre, surtout fait pour rester des heures couchés dans la neige, les lourdes bottes grises l'étaient elles aussi. Il n'y avait de différent, que leur visage, la couleur de leurs yeux, cachés sous une espèce cagoule quand le froid se faisait trop mordant, l'ossature de leur squelette, la force de leur caractère et de leur corps. Au-dessus, un gilet pare-balle noir où ils avaient accroché ou rangé leurs équipements, couteaux, cordes, bâtonnets lumineux, gourdes. Et puis, surtout, des gants, blancs, presque gris, ils en avaient accroché une paire supplémentaire à leur ceinture. Quand le café venait à manquer, ces soldats serraient contre eux, leur fusil, pour qu'il ne s'enraille pas, mais surtout parce qu'ils y trouvaient là, leur seule source de chaleur et de réconfort maintenant que toute leur base de fortune devait être plongée presque totalement dans le noir ou contrainte au silence. Simon posa un pied dehors, l'air froid qu'il inspira longtemps lui brûla le nez. Sous la lumière rouge qu'ils s'accordaient à allumer une fois toutes les heures, il se prit à observer plus longtemps les visages des hommes qui se dépêchaient de rejoindre leur tente ou bien leur poste de garde. Il y avait quelque chose chez eux, leur jeunesse, non, leur insouciance qui lui serrait le cœur à chaque fois que ses yeux se posaient sur eux. Il poussa un long soupir en observant les camions en cercle, leur toile verte qui s'élevait sous le vent, les hommes et les femmes, avec leur fusil dans leur dos ou qui pendait le long de leur jambe qui s'affairaient. Certains fumaient contre les arbres, d'autres déchargeaient les boîtes de métal pleines de nourriture, d'armes ou encore de munitions. Un mécanicien s'impatientait, isolé, à faire redémarrer un véhicule. Celui-ci toussait un peu mais s'obstinait à ne pas lui obéir.

Gloria Victis [FR]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant