7- Chris

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Cela faisait maintenant trois bonnes semaines que j'étais officiellement reine des Terres Purifiées, et trois semaines que je partageais ma vie avec une Fenrir un peu ronchon loin d'être désagréable mais oh combien repliée sur elle-même. J'essayais de la dérider un peu, surtout parce que j'affectionnais particulièrement de la voir sourire, mais j'y arrivais rarement.

Nous avions aussi des façons différentes de gouverner. En effet, si les matins nous avions des obligations dues à notre rang, comme les réunions du conseil par exemple, nos après-midi étaient relativement légères. Et, alors que je les occupais souvent par des promenades, Luna, elle, restait enfermée dans le module a lire, lire et relire les comptes rendus de réunion, les rapports des espions ou encore les fameuses doléances qu'elle avait demandé. Je ne comprenais pas l'intérêt d'y passer autant de temps. Ça ne devait pas me prendre plus d'une heure par jour maximum, et encore, pas tous les jours. Je n'avais pas pour autant l'impression d'être dépassée.

Enfin, si elle voulait jouer les élèves studieuses, grand bien lui fasse, moi, je préférais profiter du peu de soleil de la région.

C'était d'ailleurs mon activité de l'instant. Indis m'accompagnait sur un chemin de randonnée alors que Tempête courait dans les prés adjacents. C'était assez amusant à voir, je savais qu'il vérifiait le périmètre mais il prenait également beaucoup de plaisir à courir autour de nous.

– Le printemps arrive ! me réjouis-je. Regarde, le soleil brille, la neige a fondu et bientôt les arbres bourgeonneront.

– J'ai bien peur qu'il faille attendre encore un ou deux mois ma reine, répondit Indis. Celà fait deux ans que je suis dans la capitale et lorsqu'un redoux tel que celui là arrive, il n'est pas rare qu'il soit suivi d'un blizzard de plusieurs jours.

Elle venait de me casser le moral...

– Il faudrait lui donner un nom, déclarais-je.

Mon garde du corps fronça les sourcils.

– Au blizzard ?

– Non, à la capitale. Normalement, la capitale d'un pays a un nom.

Elle haussa les épaules, elle n'en avait clairement rien à carrer.

J'aimais beaucoup Indis, essentiellement parce qu'en dehors de ma femme mutique et de ma belle soeur que je voyais trop peu souvant à mon goùt, elle était ma seule compagnie. Mais pour moi qui adorait parler, faire la conversation toute seule devenait lassant.

C'est alors que Tempête revint avec une branche dans la bouche qu'il déposa à mes pieds. Il n'était pas sérieux ? Je n'allais pas lui jeter le bâton pour qu'il le rapporte, ce n'était pas un chien. Pourtant, lorsqu'il inclina la tête sur le côté avec ses petits yeux tristes, je ne pus lui résister. J'envoyai donc le bâton alors que le petit Fenrir courait à sa poursuite.

Le cas de Tempête me préoccupait beaucoup. Ce n'était pas normal pour un Fenrir de rester constamment sous sa forme animale et de refuser toute conversation orale.

– Tu communiques avec lui ? demandai-je à sa collègue.

– D'une certaine manière.

Le loup brun revint avec son bâton, remuant la queue pour exprimer sa joie, je renouvelai donc l'opération.

– Tu utilises la télépathie ?

– Ce n'est pas un pouvoir que je possède, répondit-elle. Je maîtrise la télékinésie.

Elle m'en fit la démonstration en éloignant la branche de la gueule de Tempête juste au moment où il la referma. Le bout de bois vola quelques mètres plus loin ce qui sembla beaucoup amuser le jeune loup.

Mariage arrangé loin d'EmmersonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant