17- Chris

288 27 1
                                    


Je me réveillai en sursaut à l'entente de mon prénom hurlé par ma femme. Je me précipitai hors du lit pour la trouver suffocante sur le canapé, le buste relevé, les yeux encore perdus dans le cauchemar dont elle venait de s'éveiller.

Sans attendre une seconde, je fonçai pour la rejoindre, grimpant sur ses jambes pour me mettre face à elle et emprisonner son visage dans mes mains.

— Luna, calme toi, tout va bien, je suis là.

Elle était totalement paniquée, je tentai de maintenir son visage en face du mien en espérant qu'elle trouverait du réconfort dans mes yeux.

Ce fut comme si elle se réveillait. Le voile devant ses yeux s'ota d'un clignement de paupière. C'est alors qu'à ma grande surprise, elle me serra dans ses bras. Elle entoura ma taille avec force et nicha sa tête au creux de mon cou. Ses épaules étaient secouées de spasmes alors que tout son corps tremblait, agité par ses pleurs. Je ne pensais pas un jour voir Luna aussi vulnérable.

— Il s'en prenait à toi, sanglota-t-elle. Il te faisait du mal et je ne pouvais rien faire...

Sa voix était étouffée par mon propre corps. Je passai doucement une main dans son dos en espérant la calmer.

— Tout va bien, ce n'était qu'un rêve, je vais bien. Il ne me fera plus jamais de mal.

Voyant qu'au bout de quelques minutes, elle ne s'apaisait pas, je tentai un trait d'humour.

— Je n'aurais jamais cru que voir quelqu'un s'en prendre à moi te mettrait dans un état pareil.

Ses pleurs se stoppèrent instantanément.

Elle releva doucement la tête, m'éloigna d'elle de quelques centimètres, laissant ses mains sur mes hanches. Elle fronça les sourcils. J'aurais peut-être dû m'abstenir de faire des blagues.

— C'est vraiment ce que tu crois?

Elle n'avait pas dit ça méchamment, le ton de sa voix était même triste. J'aurais voulu changer de position pour avoir cette conversation. Déjà, j'étais à califourchon sur ses jambes, mais surtout, elle était beaucoup, beaucoup trop proche de moi pour que je puisse réfléchir correctement.

— C'est à dire qu'après ce que tu m'as dit il y a quelques heures à peine, j'avoue, j'aurais plutôt cru que tu profites du spectacle si quelqu'un s'en prenait à moi.

Elle fronça encore plus les sourcils, si c'était possible.

— D'accord, dit-elle comme si elle venait d'apprendre une leçon. Cendres à raison, j'ai vraiment beaucoup de mal à communiquer si tu penses ça.

J'avais envie de lui répondre que non, le "je n'avais peut-être pas envie que tu m'apprécies" avait été très claire. Je m'abstins tout de même, curieuse de la suite. Elle passa une main dans ses longs cheveux blancs et posa son regard sur le plancher pour bien choisir ses mots.

Mariage arrangé loin d'EmmersonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant