8- Luna

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Je regardais, attentive, l'environnement dans lequel je me trouvais. Le sol était... mou. J'étais à peu près certaine quand sautant à pieds joints, je rebondirais de quelques centimètres. Le ciel, lui, était rose et paré d'une multitude de paillettes. Autour de moi, à perte de vue, de la végétation inconnue aux couleurs multiples et aveuglantes. D'ailleurs, à bien y regarder, elle semblait faite de pâte d'amande. Pas de doute, j'étais en train de rêver. Incontestable également, ce rêve n'était pas un souvenir de mon enfance. Quoi que ? Qui d'autre qu'un enfant pourrait imaginer un monde pareil.

Tout à coup, une version dessinée de Chris apparut devant moi. Elle faisait la même taille que dans la vie réelle mais semblait tout droit sortie d'une illustration faite au crayon. Je me penchais en avant pour avoir un autre angle de vue, elle était bien en trois dimensions pourtant. Puis le dessin se mit à bouger. Je poussais un petit cri, surprise, et reculai d'un pas.

Salut, dit la Chris au crayon.

Et ça parlait en plus, c'était assez fidèle au vrai modèle. La nourriture Zarwing devait être plus spéciale que je ne le pensais.

Salut, répondis-je méfiante.

Le croquis de ma femme souriait de toutes ses dents. Vraiment, mon cerveau s'était inspiré sans omettre le moindre détail.

ça te plait ?

Quoi donc.

Ton rêve ? Il te plait ?

Je refis le tour du paysage du regard, appuyai à plusieurs reprises sur le sol et reniflai l'air beaucoup trop sucré.

Il m'inquiète plus qu'autre chose.

Le sourire de la fausse Chris retomba ainsi que ses épaules, elle sembla déçue. Puis, toujours attentif à ressembler au vrai modèle, se ressaisit pour ne disperser que de la joie autour d'elle.

Ce qu'il y a de bien quand on a conscience de rêver, dit-elle pleine d'enthousiasme, c'est qu'on peut faire tout ce qu'on veut. Par exemple, si j'ai envie d'un chiot, il me suffit de le vouloir assez fort et POP !

Un mini Tempête en version chiot se matérialisa entre mes jambes et se mit à courir partout.

A toi ! proposa le dessin de ma femme. De quoi tu as toujours rêvé sans jamais pouvoir l'avoir ?

La première idée qui me vint fut la tête de mon père au bout d'une pic, puis, après avoir une nouvelle fois regardé le décor, je me dis que ça ferait cloche dans le paysage d'un conte pour enfant.

La deuxième concerna Chris. Cela faisait quelque temps maintenant que je me posais une question. Qu'est-ce que cela ferait si je la prenais dans mes bras ? La voir caresser Tempête dans le vaisseau m'avait rappelé qu'en temps que loup solitaire, ce genre d'attention ne m'était jamais accordé, et depuis que Chris était dans ma vie... Disons que malgré l'agitation qu'elle apportait dans mon quotidien, j'avais l'impression que sa présence à mes côtés pouvait m'apaiser, me rendre moins froide au monde extérieur. Peut-être que si je m'ouvrais un peu plus, que j'osais lui demander une simple accolade... Ce n'était pourtant pas envisageable, en tout cas pas dans ce rêve. Ce n'était pas la vraie Chris et la prendre dans mes bras ici reviendrait à jouer un fantasme, ce serait comme profiter d'elle. Je me détournais donc de cette idée.

C'est alors que mon estomac se manifesta. J'avais bien une envie. Je me rappelais d'un souvenir agréable de mon enfance, de la seule fois où nous étions sorties de la forêt Fenrirs ma soeur, ma mère et moi et que nous avions été dans une ville Mendrid. Là bas, dans le marché, une Nymphe de l'eau vendait ce qu'elle appelait de la crème glacée. Un délicieux met à base de fruits et de lait caillé, le tout givré. C'était délicieux. C'était l'un de mes plus beaux souvenirs, sûrement le plus heureux aussi.

Mariage arrangé loin d'EmmersonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant