𝑻𝑰𝑱𝑼𝑨𝑵𝑨

Chapitre 1.

Elena

Au beau milieu de Tijuana, ma famille tient un petit stand de churros sur le rebord d'un trottoir souvent emprunté par les touristes. Nous n'avons pas légalement le droit d'être ici, mais nous avons malgré tout pris le risque de nous installer ici. De cet endroit, ma famille et moi sommes proches de tout ce qui est d'essentiel.

Chaque jour, j'aide ma mère d'une manière quelconque que ce soit le ménage, la cuisine ou bien encore la vente. J'aurais bien aimé pouvoir l'aider à gagner un peu plus d'argent en me trouvant un métier, mais Elias, mon grand frère, refuse catégoriquement que je fasse son «boulot» à sa place.

«Ton boulot c'est de t'occuper du restaurant avec madré, le mien, c'est de faire des sous pour vous en travaillant. Donc pour l'amour du ciel, Elena, fais ce qui t'est déjà attribué et tais-toi.»

Elias est souvent très méchant et rude avec moi, mais il a toujours été comme ça. Je n'ai jamais été d'accord avec ce qu'il me dit. Mais lorsque cela est pour la famille, je fais ce qu'il me dit. Papa n'est plus là pour pouvoir diriger la famille comme avant. C'est pour ça qu'Elias s'est approprié cette place, étant l'aîné de notre fratrie.

Cela doit faire bientôt 8 ans que nous avons un mode de vie comme cela. J'avais 12 ans et Elias 15 à l'époque. Avant tout ça, nous avions une maison, de l'argent et nos parents avaient un travail stable. Malheureusement, mon père à un jour a été atteint d'un cancer du rein et a été longuement hospitalisé.Le prix de l'opération coûtait une fortune pour notre famille. Cela nous a totalement ruinés.

Malheureusement, l'opération a été un échec et mon père y a succombé. Depuis, ma famille et moi devons vivre dans une petite maison délabrée, proche d'où nous vendons des churros. Ma mère travaille très fort pour pouvoir donner à manger. S'occuper de trois enfants dans ces circonstances est très dur.

Mon petit frère, Enrique n'est jamais allé à l'école. Celui-ci n'était qu'un nourrisson lorsque nous avons commencé à vivre dans ce stand. Il a toujours passé ses journées avec moi, à me regarder travailler. Je déteste le voir comme ça à s'ennuyer. Alors, lorsque je le peux, je lui glisse parfois quelques pesos pour qu'il puisse aller s'acheter quelque chose qu'il aimerait.

Elias dit que c'est égoïste de ma part, mais je ne pense pas qu'il a raison. Il me répète sans cesse que je ne pense pas au reste de la famille, en faisant plaisir à mon petit frère. Maman ne m'a jamais réprimandé donc je ne vois pas en quoi ça la dérangerait. Je veux seulement faire plaisir aux membres de ma famille de temps en temps, c'est tout.

Depuis quelque mois, j'ai remarqué Élias arriver avec de gros billets entre ses mains. Il dort toute la journée sans rien faire et part très tard le soir je ne sais où. J'ai essayé plusieurs fois de savoir ce qu'il faisait, mais en vain. Il m'interpelle toujours à ces moments et me raconte une nouvelle excuse .Elias ment comme il respire. Je ne sais pas ce qu'il fait, mais je sais pertinemment qu'il nous cache la vérité pour une quelconque raison.

...

-Ça fera 40 pesos. Je précise à mon client tandis qu'il me tend la monnaie vers ma paume.