Le souvenir le plus marquant d'Améline est celui de sa première chasse à l'âge de neuf ans. Elle était dans une forêt dense et luxuriante à côté de leur village. Elle avait accompagné son père tôt le matin à la recherche d'un lapin pour le déjeuner. Rien ne l'obliger à suivre les traces de son père mais étant leur fille unique, elle mettait un point d'honneur à apprendre les enseignements de l'un et de l'autre pour perpétuer leurs connaissances. L'air était humide et frais, l'atmosphère était plutôt calme seulement perturbée par le chant des oiseaux et le bruit des feuilles craquant sous leurs pas. Ils ont marché pendant des heures à travers les arbres majestueux et les buissons touffus. Améline admirait la diversité de plantes autour d'elle, la richesse de la flore sauvage. Elle pouvait sentir la mousse humide sous ses pieds, les écorces d'arbres rugueuses sous ses doigts et les parfums intenses de la forêt. Elle s'est sentie comme dans un autre monde, loin du village et de ses bruits étouffants. Finalement, après une longue marche ils ont trouvé un endroit parfait pour la chasse. Améline s'était cachée derrière un arbre, armée de son arc et de ses flèches. Elle avait visé et tiré mais avait malheureusement manqué sa cible. Le lapin avait été plus rapide que prévu et avait pris la fuite, effrayé par le bruit de la flèche qui avait sifflé à ses oreilles. Améline avait ressenti un mélange de frustration et de déception en réalisant qu'elle avait manqué sa cible. Elle avait travaillé dur pour améliorer ses compétences en chasse et avait espéré impressionner son père en réussissant sa première tentative. Cependant, elle avait vite compris que la chasse était plus difficile qu'elle ne l'avait imaginé. Elle avait réalisé qu'il fallait de la patience, de la concentration et de la précision pour réussir. Mais une certaine excitation avait apparu dans ses yeux. Améline avait pu observer de près l'animal : il avait des oreilles allongées et douces, un pelage brun clair tacheté de noir et une queue blanche duveteuse. Il avait été si proche d'elle qu'elle avait même pu voir ses yeux noirs remplis de terreur. Malheureusement, le lapin n'avait pas survécu à cette rencontre. Le stress intense de sa fuite avait été trop pour son petit cœur fragile, et il avait succombé à une crise cardiaque quelques instants plus tard. Améline avait ressenti une douleur lancinante et une tristesse intense lorsqu'elle avait réalisé que le lapin était mort à cause de sa chasse. Elle avait compris que la mort était une chose réelle et qu'elle avait un pouvoir étrange qui lui permettait de ressentir la tristesse de la mort. Elle s'était mise à pleurer, hantée par le regard vide et le corps inerte du lapin. Elle avait pris conscience de la gravité de ses actes et de l'impact qu'ils avaient sur la vie des animaux. La forêt avait pris une tout autre dimension à ses yeux. Les odeurs de la nature lui paraissaient plus pures mais les cris des animaux blessés ou morts étaient plus insupportables que jamais. Elle avait réalisé que la chasse était une pratique cruelle et barbare qui ne devait être réservée qu'en cas d'absolue nécessité. Cette expérience avait changé la vie d'Améline. Elle avait décidé de ne plus jamais tuer d'animal à moins que cela ne soit absolument nécessaire pour se nourrir ou se défendre. Elle a compris que la nature devait être respectée et que chaque créature avait sa place dans l'écosystème. Sa première chasse restera gravée dans sa mémoire comme un tournant dans sa vie, un moment où elle a compris la fragilité et la beauté de la vie sauvage. Son père avait été étonné de sa réaction, mais il avait fini par comprendre. Améline avait grandi ce jour-là, et elle ne serait plus jamais la même.
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