dix : 588 jours avant

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Comme chaque matin, la déception envahit Célia quand elle réalisa qu'elle était toute seule dans le lit conjugal

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Comme chaque matin, la déception envahit Célia quand elle réalisa qu'elle était toute seule dans le lit conjugal.

Terminés depuis longtemps, les réveils du confinement avec Charles encore endormi à côté d'elle. Terminées depuis longtemps, les matinées du confinement en famille, à faire des activités avec Thiago et Thalia. De retour, le championnat de Formule 1 2021 que Charles espérait bien gagner. De retour, les longues heures au simulateur qui représentaient fatalement de longues heures d'absence à la maison.

Célia savait que la passion de Charles n'était qu'en pause et qu'elle finirait par reprendre de son plein. Pourtant, elle avait espéré que ce petit bout de vie différent ferait prendre conscience au pilote qu'il pouvait être heureux en levant le pied sur sa passion au détriment de sa famille.

Il semblait à Célia qu'elle avait eu tort.

Passer du temps forcé avec eux ne lui avait pas fait réaliser qu'il y avait toute une vie qui se déroulait en son absence. Au début, elle avait bien vu qu'il ne trouvait pas toujours ses marques dans leur système. Au lieu de l'admettre, il avait observé, et petit à petit, avait pris le pli. À la fin, Célia rêvait que sa vie reste comme ça pour toujours. Elle qui avait toujours eu de l'ambition, l'envie de faire une carrière de sa passion, avait soudainement envie de ne plus jamais travailler de sa vie pour passer tout son temps avec son conjoint et ses enfants. Maintenant, il ne lui restait que les souvenirs d'une période un peu floue qui avait duré plus ou moins longtemps, mais durant laquelle elle avait sans aucun doute été heureuse.

La reprise du championnat 2020 n'avait fait qu'assouvir ses espoirs : Charles ne traînait pas au simulateur ni à l'usine, il rentrait immédiatement après les week-ends de course et partait plus tard dans la semaine. Les Grand Prix n'étaient pas tous maintenus, et ils avaient malgré tout passé de nombreux week-ends dans le jardin, même une fois le confinement levé.

-Je ne vais pas jouer le championnat, cette année, a-t-il fini par lui dire, comme ça, un soir où ils étaient tous les deux affalés sur le canapé à partager un gros pot de glace.

Célia n'avait pas su comment réagir. Elle avait d'abord trouvé ça triste, évidemment. Elle savait que c'était le rêve de Charles de le remporter, ce championnat. Puis, elle avait trouvé ça positif. S'il n'était même pas en lice, alors, peut-être qu'il allait passer plus de temps à la maison avec eux ? Finalement, elle avait compris pourquoi il disait ça. Parce que c'était le contraire.

-Je vais devoir me buter au simu pour l'année prochaine. Et passer du temps sur les plans. Sur la voiture. Je veux participer à la conception. C'est important.

Elle avait simplement acquiescé. Elle ne savait pas ce qu'elle pouvait faire d'autre, de toute façon. Briser son rêve ? Non merci. Critiquer sa passion ? Elle passait son tour.

Alors tout était redevenu comme avant. Le confinement n'avait peut-être même jamais existé, Célia l'avait simplement rêvé. Elle réorganisa son travail en fonction des jumeaux, essayant de profiter un maximum avant leur entrée à l'école. À défaut de remplir son compte en banque, elle passa le plus clair de son temps avec Thiago et Thalia, à sortir se promener et à faire de nouvelles activités. Elle commença un album photo et s'appliquait chaque mois à imprimer des clichés pour pouvoir le remplir.

-Je suis sur aucune photo, se plaignit Charles un jour où il tomba dessus, et Célia haussa les épaules. On prend jamais de photos quand je suis là.

Elle pensait qu'il allait se mettre à en prendre, mais l'album continua de se remplir sans sa présence sur une seule photo. Il ne remit jamais le sujet sur le tapis, et Célia conclut que ça ne l'avait pas plus dérangé que ça de ne pas s'y voir.

Passion » LECLERC ✓Où les histoires vivent. Découvrez maintenant