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trois : 2 630 jours avant

Pendant deux jours, Charles a pensé à la demande de Célia non-stop. Elle voulait venir le voir. Elle voulait venir le voir conduire. Depuis le début, il voyait bien qu'elle n'était pas très intéressée par sa passion, mais ça ne l'avait pas dérangé. Elle l'écoutait toujours attentivement quand il en parlait, mais ça n'allait pas plus loin. Lui, il faisait pareil avec la décoration d'intérieur. La seule chose qui avait changé, c'est qu'il se renseignait sur le nom officiel des couleurs dès qu'il en avait l'occasion. Il aimait bien les ressortir devant Célia pour l'impressionner.

Charles n'avait jamais invité quelqu'un que sa mère ne connaissait pas et il ne savait pas comment aborder le sujet.

-Maman, il y aura Célia qui va venir me voir en course ce week-end.

-Célia ? a-t-elle répété, et Charles se souvenait très bien ne pas avoir su déceler de ton particulier.

-Ouais, c'est une amie d'ici.

-D'accord.

Il avait été surpris de ne pas avoir plus de questions. Avec du recul, il savait que des questions plus poussées de sa mère l'auraient forcé à voir la vérité en face et à accepter que Célia lui plaisait déjà beaucoup à cette époque. Mais sa mère n'avait pas demandé. Alors il n'avait pas admis. Ni à haute voix, ni dans sa tête.

Il avait été heureux de la voir ce week-end là. Il avait imaginé ce que ça ferait de l'avoir avec lui à chaque fois. Il avait bien aimé. Et puis c'était devenu réalité. La semaine, Célia suivait sa formation de décoratrice d'intérieur. Le week-end, elle le suivait. Il ne savait pas comment elle arrivait à maintenir le rythme, et il avait fini par lui demander si elle arrivait à prendre du temps pour faire les choses qu'elle aimait.

-Oui. La semaine j'apprends à être décoratrice d'intérieur et le week-end, je suis avec toi. Je fais tout le temps des choses que j'aime.

Il ne savait plus si c'était après cette réponse qu'ils s'étaient embrassés pour la première fois mais il en était presque sûr. La plupart de ses souvenirs entre eux de cette époque étaient flous pour lui parce qu'il avait l'impression que c'était à des années-lumières à présent. Célia avait une meilleure mémoire. Elle se souvenait de tout, à la date près. Mais il ne pouvait plus compter sur ses souvenirs depuis qu'il avait priorisé sa passion.

Il avait oublié beaucoup de choses, mais pour une raison qui lui restait inconnue, il se souvenait du jour où il avait annoncé à son grand frère qu'il se passait quelque chose entre Célia et lui. Il n'avait pas demandé-Lorenzo n'était pas du genre à se mêler de ce genre de choses. Pourtant, Charles lui avait lâché, pendant un moment de silence :

-Tu sais, je crois qu'il se passe un truc avec Célia.

Lorenzo avait haussé un sourcil.

-Sans blague.

Charles se souvenait de s'être offusqué à l'entente de cette réponse.

-Comment ça ?

-Elle est toujours assise devant la maison avec toi ou bien sur les courses avec toi. Je me doute bien que tu joues pas juste aux cartes avec elle.

-Lorenzo !

-Quoi ?

-Mais je te parle pas de coucher avec elle, là ! Je te parle d'un vrai truc, de sentiments, quoi.

Lorenzo sourit.

-Je sais. Je parlais pas de coucher avec elle non plus. Je veux dire, vous êtes toujours ensemble, je me doute qu'il y a des sentiments entre vous.

-Tu l'aimes bien, toi ?

-Tu veux savoir si j'aime bien ta copine ?

Charles haussa les épaules.

-Bah, oui. C'est important. Vous êtes ma famille, je veux votre avis.

-T'es mignon. Elle est cool. Elle est bien pour toi. T'es un peu rêveur, elle a l'air d'être plus terre-à-terre.

-T'as quel âge pour utiliser ce mot ?

Lorenzo lui mit une tape sur l'épaule.

-Casse pas mon corps, j'en ai besoin.

-Tu ferais quoi si tu devais choisir entre elle et le sport auto ?

Charles rit.

-Ça n'arrivera jamais. Je peux faire les deux.