1er rouge : Sang

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La première fois que Gakushuu Asano vit ce que son rival se faisait à lui-même, il ne fut pas aussi surpris qu'il aurait pu l'être. Après la médiatisation de ce qui était arrivé à la classe 3-E et la démission du proviseur, la vie des élèves n'avait pas été très facile. De plus, la mort de la créature qui leur servait de professeur avait dû être très choquante. L'entièreté de leur année avait dû être traumatisante, en fait. Etre chargé de tuer un être non-identifié qui menaçait de détruire le monde n'était pas une tâche à poser sur les épaules de simples collégiens. Signer une clause de secret gouvernemental n'était certainement pas bon pour le psychologique de simples adolescents.

Gakushuu comprenait pourquoi les 3-E de cette année-là avaient l'air si différents de d'habitude, maintenant que tout avait été rendu public. Il comprenait aussi pourquoi Akabane grattait ses cicatrices jusqu'à ce qu'elles s'ouvrent à nouveau. L'orangé ne put empêcher d'attarder son regard sur le liquide carmin qui tachait le parterre de fleurs récemment installé par le club de botanique. L'accès était pourtant interdit aux élèves, mais le délégué ne fut pas réellement étonné que le sadique aie trouvé un moyen d'entrer quand même. C'était Akabane, après tout.

Il ne posa pas de question, il ne fit aucune remarque, il ne laissa transparaitre aucune émotion par rapport à la scène sous ses yeux. De toute façon, le concerné ne se savait même pas observé, il devait avoir spécifiquement choisi ce lieu à l'abris des curieux pour répondre à ses pulsions destructrices. Ce qu'il ne savait pas, c'était que l'une des fenêtres du bureau des élèves donnait directement sur l'arrière cour du lycée. Heureusement pour lui, mêmes les membres du BDE se posaient rarement à cet endroit précis. A part, évidemment, Asano, qui prenait comme toujours très au sérieux son rôle au sein de l'établissement. C'était après avoir trié dans l'ordre alphabétique des dossiers auxquels personne ne s'intéressait qu'il avait laissé glissé son regard par la fenêtre d'une salle d'archive que personne n'utilisait.

Plus tard dans la journée, le délégué se rendit à l'infirmerie pour emprunter des bandages, des compresses et du désinfectant qu'il emballa dans un petit sac plastique avant de déposer le tout dans le casier à chaussures du rouge. Il y avait également glissé un mot contenant simplement "Nettoie correctement pour éviter les infections" et rien de plus. Il retourna à ses occupation immédiatement après, ne voulant pas éveiller les soupçons en restant trop longtemps devant le casier du rouge.

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La première fois que Akabane Karma découvrit le cadeau anonyme dans son casier, il paniqua tellement qu'il ne prit même pas le temps de s'énerver contre l'idée de s'être fait espionner. Le rouge de ses poignets était censé être un secret, mais visiblement, quelqu'un savait. Il n'avait aucune idée de comment ni d'où, puisque le mot ne contenait ni mot, ni indice. Il savait simplement que c'était un élève. Un professeur n'aurait jamais cherché à être si discret. Mais quelles étaient les intentions de cet inconnu, dans ce cas ? Et surtout, qui était-il ?

Cette semaine-là, le lycéen se rendit scrupuleusement à chaque cours et resta attentif à chaque personne qui lui adressait la parole -ce qui revenait à assez peu, en réalité- afin de trouver l'espion. Le problème étant que sans indice, tout élève était suspect. Et puisqu'il ne savait pas quand et comment il avait été découvert, il ne pouvait pas commencer à éliminer qui que ce soit.

En parallèle, il s'attela à mettre deux fois plus d'efforts pour camoufler ses cicatrices. Bien qu'il savait que cela ne servait à rien, puisque le mystérieux individu savait déjà ce qu'il en était. Est-ce qu'il risquait d'en parler à d'autres gens ? Ou bien garderait-il le secret ? Comptait-il lui faire du chantage ? Cherchait-il la reconnaissance et la gratitude du sadique par ce don généreux ? L'esprit du garçon était tourmenté par des doutes et des craintes nourries, et l'absence totale d'indices ne l'aidait pas.

Cependant, après plusieurs jours d'analyse et d'observation, il reconnut qu'aucune rumeur n'avait été lancée à son sujet, et qu'aucun élève ne semblait se comporter différemment à son égard. Il conclut donc que l'inconnu n'avait pas répandu sa découverte.
Et Karma ne savait pas s'il devait être soulagé de cela ou non.

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