5e rouge : Rubis

102 13 0
                                    

La cinquième fois que Asano Gakushuu chercha à supporter son rival, il fut surpris de trouver sa propre veste soigneusement pliée dans le casier de ce dernier. Par-dessus le vêtement, une petite feuille de papier était scotchée, avec inscrit dessus les mots "Lavée et Repassée." Heureusement pour lui, aucun élève n'était présent dans le hall d'entrée. L'orangé était arrivé extrêmement tôt au lycée afin de préparer une importante réunion qui devait avoir lieu dans la matinée. Il eut donc le loisir d'être surpris et touché par l'acte, et de récupérer la tenue afin de la ranger dans son sac. Même si l'été s'éloignait chaque jour un peu plus, les températures de début d'automne restaient assez hautes pour qu'il n'aie pas besoin de la porter. C'est pourquoi il s'était permit de la laisser à Akabane en premier lieu.

Il déposa donc en échange un sac en plastique blanc, comme à son habitude, bien que cette fois le contenu était plus original. Il se doutait que le rouge n'avait pas encore épuisé sa réserve de pansements, et il le soupçonnait également d'avoir ralenti sur ses mutilations, alors le délégué conclut qu'il ne serait pas nécessaire de lui offrir du matériel médical. Il opta donc ce jour-là pour une briquette de lait à la fraise, un croissant acheté le sur le chemin et une balle anti-stress qu'il avait gagné l'année passé durant un festival. Et, évidemment, une note manuscrite.

Après avoir fait son petit rituel d'ange gardien, il se rendit dans la salle du bureau des élèves afin de préparer sa réunion. Le reste de la journée se déroula normalement. Au détour d'un couloir, pendant qu'il conversait avec l'un de ses senpai, Asano aperçut une chevelure flamboyante qui attira son regard. L'adolescent qui la portait fièrement regardait par la fenêtre tandis qu'il grignotait avec gourmandise. Un autre élève, qui passait par là, lui demanda d'où la nourriture venait et s'il aimait les viennoiseries françaises.

- C'est apparu dans mes affaires ce matin, répliqua le rouge. Probablement empoisonné.

Gakushuu sourit.

◾◽◾

La cinquième fois que Akabane Karma se saisit du sac qui trônait dans son casier, un sourire se dessina sur son visage. L'inconnu avait donc récupéré la veste, c'était donc bel et bien la sienne. Il ouvrit le paquet et fut surpris d'y trouver non pas des bandages, mais de la nourriture -et une balle ?? Il ne comprenait pas vraiment, mais ne s'en plaignit pas non plus.

"T'avais l'air pâle, prend des forces (j'espère que tu aimes les croissants). PS : merci pour la veste, j'espère que tu te sens mieux."

Deux phrases ! Il était gâté, dites-donc. Un mot aussi court n'aurait pas du provoquer un tel boost de joie en lui, mais vraisemblablement, son manque d'attention avait décidé d'en faire qu'à sa tête. Il avait passé la journée sous un nuage de bonne humeur, au point que lorsqu'un figurant vint lui poser des question sur le croissant qu'il dégustait, il lui répondit simplement la vérité. Enfin, il n'avait pas pu s'empêcher d'ajouter une touche de sarcasme, on ne change pas sa nature après tout.

En fin de journée, il croisa celui qu'il s'amusait à surnommer "Numéro 2" dans les couloirs. Les cours avaient fini depuis plusieurs dizaines de minutes, mais le rouge avait trainé un peu. Ils n'avaient pas parlé depuis la veille, lorsqu'ils avaient eu cette conversation près du local de rangement.

- Hey, lança Akabane sans avoir pensé à la suite.

- Salut, répondit Asano après un temps d'hésitation.

Ils se fixèrent un instant, immobiles à l'intérieur de l'immense établissement. Asano avait encore des choses à régler, c'est pourquoi il n'était pas encore rentré. Il était rare qu'il s'en aille immédiatement après la fin des cours.

- Et, ton problème, comment ça avance ?

Il ne fallait pas être un génie pour savoir que l'orangé reprenait leur conversation sur le fameux stalkeur. Karma afficha un léger sourire.

- Je pense que je gère assez bien.

- Tant mieux dans ce cas.

Ils se séparèrent ainsi, leur interaction se perdant dans les méandres des couloirs vides. Le lendemain, leur vie d'adolescent continua. Et aucun des élèves ni enseignant du lycée ne se doutait du petit rituel qui se jouait régulièrement en ces murs.

REDOù les histoires vivent. Découvrez maintenant