𝗶𝗹 𝗲𝘀𝘁 𝗽𝗮𝗿𝘁𝗶

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Cette nuit-là, alors que la silhouette de claude s'élevait devant ses iris, Bryce avait été obsédé par une toute autre personne, à l'entente de cette chanson.

Young and Beautiful, par Lana Del Rey.

Dès les premières notes, Bryce se paralysa instantanément : il aurait cru se noyer dans du béton, chacun de ses organes, de ses os et de ses atomes qui avait été écrasé dans l'ère du temps.

Ses yeux embrassaient le ciel et pourtant, c'était encore son visage qui couvrait le monde. Ou du moins, son monde.

Après tout, c'était vrai : il avait toujours été son point de repère, son phare, sa lumière. Il avait été celui qui l'avait intrigué par sa manière d'exister, celui qui l'avait poussé à devenir quelqu'un d'autre, celui qui voulait tout dire.

Leur rencontre ? Bryce s'en souvenait comme si c'était hier.

C'était la soirée du premier concert des Camel, dans un café non loin de Kyoto. À vrai, c'était plutôt pittoresque, comme endroit. Les murs étaient étroits, ce qui laissait alors peu de place aux consommateurs, ou plutôt, les spectateurs.

La pièce était étriquée, mais peu important au final : une scène restait une scène, tout comme un public restait un public.

Mais par malheur, le groupe était arrivé en retard : en effet, le créneau horaire de leur concert tombait juste après celui de leurs rattrapages d'examens, ou du moins, pour tous les membres excepté Caelum.

Sans compter après la galère pour prendre les transports en communs, leurs instruments, etc. C'était un véritable sketch. Ce qui faisait qu'au final, une fois arrivés au café, ils purent constater qu'un autre artiste avait pris l'itiniative d'occuper le public.

Et ce fut à cet instant, à cet instant précis que leurs yeux se rencontrèrent pour la toute première fois.

Que son âme ne noya dans le sienne, sans même déchiffrer le sens de sa lumière.

— C'est la chanson, c'est ça...

À ses côtés, Claude était affalé sur le divan du karaoké, bras fermement croisés : il posait la question, mais Bryce savait qu'il en connaissait déjà très bien la réponse.

— C'est con, parce qu'elle est vraiment jolie pourtant, soupira Bryce.

— Tout ce qu'on trouve joli nous détruit souvent, c'est ça qui est con.

La salle baignait de couleurs bleutées et violacées, prenant naissance sur les cellules des projecteurs. Une musique style lo-fi passait en fond, tandis que les échos de voix plus ou moins lointaines se frottaient aux murs noirs opaques. Enfin, sur le divan écru, les deux inconnus pas si inconnus.

Claude et Bryce étaient déjà venus ici, plusieurs fois même. Pour être honnête, c'était surtout Bryce qui aimait cet endroit, où il pouvait dire tout ce qu'il avait sur le cœur. Oui, c'était un endroit à cœurs ouverts, pour lui.

Au contraire, Claude portait en horreur ce genre d'endroits, les karaoké là. Pourquoi ? Il détestait chanter, une raison toute simple et valable. Malgré tout, il venait régulièrement accompagner Bryce ici, parce que cela le rendait heureux et que Claude aimait quand il était heureux. Enfin, ça, il ne l'avouerait sûrement pas. Ou du moins, il espérait que Bryce le savait déjà.

C'était la seule chose qu'il pouvait faire après tout, non ? Espérer.

— Ouais, mais ce qui est encore plus con c'est de toujours penser à lui. C'est comme si il ne m'avait jamais quitté, au final.

𝐋𝐔𝐌𝐈𝐄𝐑𝐄𝐒 𝐏𝐋𝐀𝐒𝐓𝐈𝐐𝐔𝐄𝐒 || nagusuzuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant