𝘂𝗻 𝗳𝗮𝗻𝘁𝗼𝗺𝗲 𝗾𝘂𝗶 𝗿𝗲𝘃𝗶𝗲𝗻𝘁 𝗮 𝘁𝗼𝗸𝘆𝗼

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17h24, Tokyo, Harajuku, chambre 524 du 5ème étage :

Bryce s'écrasa au beau milieu de son matelas, complètement exténué. À dire vrai, toutes ces heures enfermé dans le train avaient puisé dans l'entierté de sa jauge d'énergie, ou autrement dit, il en avait eut assez d'avoir le cul agglutiné sur son siège sans rien faire. Du moins, il en avait eut marre au moment où la batterie de son casque l'avait lâché, et qu'il s'était rendu compte que son chargeur avait été oublié dans son ancienne chambre d'hôtel, très sûrement.

En bref, il ne désirait plus que cette fichue journée se termine, désormais. Était-ce trop demandé ?

- Hé, Bryce ! Tu viens avec nous checker le bar dans lequel on va jouer ? Il a l'air trop cool !

Comme si cela lui demandait toute la force de l'univers, Bryce se souleva de son lit avec lenteur.

Il s'agissait ici de Karenn, soit une des membres de son groupe de musique, en marche depuis 2 ou 3 années désormais.

Les deux amis s'étaient rencontrés au lycée, rien de plus banal et cliché ; à l'époque, Bryce passait la plus part de son temps dans la classe de musique, qui, le plus souvent, demeurait complètement vide. Le bénéfice était tout pris, pour un introverti comme lui.

Toutes ses heures de libre se voyaient dépensées au sein de cette salle, que cela soit pour dormir, manger, ou jouer de la basse. Au moins, ici, tout était plus calme - pas comme dans la verrière du lycée, toujours bondée, ou même chez sa famille d'accueil, une famille dont aurait dite, très très remplie.

La basse était d'ailleurs un cadeau de son tuteur, un gars super cool qui, durant sa jeunesse, avait très probablement été ce rebel ne jurant que par le rock indé, avec comme hymne phare "Don't Look Back In Anger" par Oasis... En bref, probablement un gars un peu trop cool pour lui.

- Bof, allez-y sans moi, soupira-t-il. Je t'avoue que je suis totalement éclaté, j'ai d'autre chose à penser que visiter le bar.

Ainsi, à l'origine, Bryce avait commencé la basse dans l'unique but de faire plaisir à son tuteur. Il n'en attendait pas grand chose, rien du tout même, mais au fur et à mesure, l'adolescent avait terminé par y trouver un certain apaisement au travers. Une sérénité qu'il ne lui avait jamais été vraiment donnée, auparavant.

Parce qu'avec le football, ce n'était pas pareil : quand Bryce frappait dans le ballon, il se sentait immensément libre, et inatteignable. Quand il brûlait sur le terrain, c'était l'envie de se battre, de continuer à exister qui lui arrachait les tripes et tout le reste de ses organes. Quand il jouait au football, il devenait quelqu'un d'autre.

Mais quand il jouait de la basse, c'était sa propre bulle qui se gonflait autour de lui. C'était son univers tout entier qui prenait vie, sans qu'il n'ait à se soucier de se dépasser, lui et les autres, encore et encore.

- Ooooh alleeeeez Bryceeee, feinta Karenn. C'est juste pour voir à quoi ça ressemble ! C'est là où on va se produire après tout, nan ?

- Mais on pourra toujours y aller plus tard, on vient à peine d'arriver...

C'était durant une journée parfaitement banale, où comme à son habitude, Bryce s'était confiné dans la classe de musique, toujours aussi déserte : le garçon s'était joué solo un petit morceau de basse, vraiment pas grand chose, seulement quelques notes qui lui venaient en tête. Et c'était au même moment que Karenn, ayant justement oublié sa trousse dans cette salle durant la matinée, s'était demenée à la retrouver.

𝐋𝐔𝐌𝐈𝐄𝐑𝐄𝐒 𝐏𝐋𝐀𝐒𝐓𝐈𝐐𝐔𝐄𝐒 || nagusuzuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant